C'est Microsoft qui met le feu aux poudres en annonçant la première console de la ronde des futures produits, les fameuses Next-Gen. Annoncée pour la fin de l'année 2005 dans une sortie mondiale, Sony se devait de répondre correctement.
Pourtant, ses ingénieurs travaillent déjà sur la relève depuis un sacré bout de temps. Déjà en janvier 2001, Ken Kutaragi annonçait au magazine Scientific American qu'ils travaillaient dores et déjà sur une machine techniquement ultra puissante et ancrée dans le jeu online. Tout cela juste après la sortie de la PS2...
En 2002, Sony déclare que le futur processeur de la PS3 sera développé en collaboration avec IBM et Motorla. Une date hypothétique est fixée pour 2005. De rumeurs en fausses annonces (on parle à un moment d'une sortie éclair fin 2003), la vie de la PS3 va rester hypothétique.

En Mai 2005, l'E3, Grand Messe des amateurs de jeux vidéo, est très attendu. Comme prévu, les trois géants du monde des jeux vidéo que sont Microsoft, Nintendo et Sony en disent un peu plus sur leurs prochains poulains.
Il y a eu pas mal de fuites du côté de la firme de Redmond, et du coup leur présentation n'a pas vraiment apporté de nouveauté. Nintendo semble sur la touche, avec quelques effets d'annonce mais rien de bien tangible. Comme à l'accoutumée, BigN reste observateur pour se lancer bon dernier dans la course. C'est finalement Sony qui va faire fureur. Les infos sur la Playstation 3 pleuvent, appuyées par des vidéos d'une qualité à tomber par terre. Bien entendu, ces dernières sont à prendre avec des pincettes puisqu'elles ne présentent que des cinématiques en temps réel et non ce que donneront les jeux à proprement parler. Il n'en reste pas moins que Killzone NextGen est attendu de pied ferme ! Outre Killzone, on trouve aussi les classiques de la PS2, avec en vrac Tekken, Devil May Cry ou Gran Turismo Vision. Chacun y allant de sa claque visuelle, bien plus impressionnante que ce qui est présenté sur XboX 360.

La Playstation 3 de Sony.
La Playstation 3 de Sony.

Ken Kutaragi, affirme à qui veut l'entendre que la PS3 n'est pas seulement une console de jeu mais un ordinateur de loisirs. Il en veut comme témoin la présence du disque dur, tandis que Sony tente même de faire enregistrer sa machine en tant qu'ordinateur et non de console.
Derrière ces termes grandiloquents se cache un discours marketing assez grossier. Kutaragi annonce également que la PS3 est la consoles qu'ils désiraient sortir depuis leur entrée dans le monde du jeu vidéo, et qu'il ne faut pas se cantonner à cela mais s'ouvrir au grand public. De jolis propos mais, au final, la PS3 sera une console de jeu, point barre. Qu'ils arrêtent un peu de nous bassiner avec tous ces termes savants à chaque sortie de console.

Côté technique, c'est impressionnant. Le coeur de la machine est architecturé autour d'un processeur fabriqué par IBM, Toshiba et Sony, appelé Cell. Il est épaulé par un processeur graphique développé en collaboration avec nVidia, nommé RSX (il représente à lui seul 1 500 années homme de développement), fort de ses trois-cent millions de transistors. La bête affiche fièrement une puissance de calcul de deux teraflops, soit deux fois plus que la XboX 360 en puissance brute !
Côté stockage, on reprend ce qui avait en partie fait le succès de la PS2, et expliqué son prix élevé. Il n'est bien entendu plus question de DVD, mais de son successeur, le Blue Ray. Enfin, de son hypothétique successeur. Deux camps se font face : d'un côté Sony qui tente d'imposer son Blue Ray, et de l'autre le HD-DVD. Elle est bien entendu capable de lire les CD et autres DVD. Un point en plus pour la PS3 face à la XboX 360 qui ne sait lire que les DVD (elle proposera par la suite un lecteur HD-DVD externe en option).

La boîte de la console.
La boîte de la console.

Les manettes proposées sont une version stylisée de la Dual Shock 2. Sans fil, il sera possible d'en brancher jusqu'à sept via Bluetouth. Six ports USB 2.0, un lecteur de Memory Stick (normal et Duo) et de SD Cards ainsi qu'un port ethernet complètent le tableau des connectivités possibles. Comme vous le voyez, le choix est très large. Le Wifi et le Bluetouth sont également de la partie.
Après l'E3, c'est au tour du Tokyo Game Show de faire baver les impatients. Les infos sur la PS3 ne sont pas plus précises, mais on en apprend plus sur l'arrivée de certains jeux, avec plus particulièrement Metal Gear Solid 4, qui donnera beaucoup de points au camp de Sony, le jeu étant annoncé exclusivement sur PS3.

Entre les diverses annonces, les rumeurs vont bon train. Certains clament haut et fort que la console coûtera au moins 700 ou 800 dollars ! Sony, de son côté, n'annonce rien officiellement, mais laisse entendre que la fourchette s'étalonnerait plutôt dans les 400 ou 500 dollars. Il est impossible de prédire le prix puisque, afin de conquérir le marché, les consoles son vendues à perte. C'était le cas de la Xbox 1, et cela l'est plus que jamais avec la 360. Sony va donc aussi perdre de l'argent sur ses consoles. Combien exactement, cela est très difficile à quantifier.
La date de sortie est fixée mondialement à novembre 2006, soit un an après la Xbox 360. Nintendo annonce sa Revolution peu à peu, et tout le monde comprend qu'elle ne joue pas vraiment dans la même cour (moins puissante, mais plus originale). Sony n'en prend donc pas ombrage et recentre le tir sur Microsoft. Il présente d'ailleurs un mix de FPS et de RPG nommé Project Offset qui semble contrer la killer app de la 360, Oblivion. On n'entendra que très peu parler de ce jeu par la suite...

Quelques jeux, avec leurs boitiers typiquement Blue Ray.
Quelques jeux, avec leurs boitiers typiquement Blue Ray.

Peu après l'annonce et le grand bruit que fait Nintendo avec la manette de sa Revolution, Sony présente enfin la version définitive de la manette de la PS3. Et là, c'est le choc : exit le design futuriste des premiers modèles, place à cette bonne vieille Dual Shock. Cette manette est certes un modèle d'ergonomie, mais on aurait tout de même apprécié un peu plus de changement. Ah si ! Le changement, il a visiblement été calqué à la va-vite sur Nintendo puisqu'elle embarque... un capteur de mouvements ! Par contre, plus de vibreur, il paraît que techniquement c'est trop compliqué. Si vous le dites... Une fois de plus, on sent Sony très influencé par ses concurrents, quitte à sortir des projets non aboutis à la va-vite, avec des prétextes qui se foutent ouvertement de l'intelligence des futurs acheteurs.
Autrement la manette fonctionne sans fil, mais avec une batterie qu'il n'est pas possible de changer. Cela inquiète pas les consommateurs, mais il leur est affirmé que les batteries sont faites pour tenir sur la durée et que de toute façon, s'il y a problème, la manette serait remplacée.
Après une première annonce de prix, le TGS de septembre 2006 précise que la version 20 Go comportera bien un port HDMI, tandis que son prix pour la version japonaise est revu à la baisse, avec 49 000 yen au lieu de 62 000 (soit environ 335 euros). Par contre, il est confirmé que cette baisse ne s'applique pas à la sortie américaine, ce qui est jugé comme une grosse erreur de la part des experts en économie.

Début septembre 2006, les problèmes d'approvisionnement font que Sony décide de reléguer une nouvelle fois l'Europe au rebut, puisque la PS3 ne verra le jour qu'en mars 2007 alors que la date de novembre 2006 reste la même sur les autres continents.
Peu après le chiffre de 500 000 machines est avancé pour la sortie mondiale, soit 400 000 aux Etats-Unis et 100 000 sur l'archipel nippon. La sortie de la PS2 se rappelle douloureusement dans les souvenir du gamer avide : il va encore falloir se battre pour avoir une console Sony. Ces deux annonces combinées font même sensiblement baisser les actions Sony en bourse.
Cela ne semble pourtant pas alarmer Jack Tretton, vice-président : "je pense que c'est la nature même du marché, nous avons lancé la PS2 avec un demi-million d'unités et en avons vendu 106 millions."
Tout aussi réjouissant, en octobre 2006, une annonce qui va apporter bien de l'eau au moulin des anti-Sony va tomber : après un épisode PSP mouvementé, la PS3 aura eu raison du site d'import Lik-Sang. Vous n'en aviez pas rêvé ? Sony l'a fait quand même ! Les ventes des produits Sony à l'étranger (la PSP en tête) sont jugées illégales. Après on peut entrer dans les méandres du droit pour savoir qui a raison ou qui a tord, le fait est que Sony casse les burnes. A trop vouloir toucher le grand public, il se fout sur le dos la plupart des gros fans de jeu vidéo. Sans import, il est impossible de toucher à certains jeux qui n'arrivent jamais jusqu'à nous, pauvres Européens. Une politique de marché tout bonnement gerberant à mettre sur le dos d'un mondialisme grandissant, mais favorisant le cloisonnement des nationalismes. Or dans les commandes de PSP chez Lik Sang, on voyait régulièrement les noms de grands dirigeants de Sony... Cherchez l'erreur.
Voyant cela, l'autre gros ponte du genre, Play-Asia, se hâte d'arrêter les précommandes de PS3. A noter que cela faisait déjà quelques temps qu'ils avaient arrêté de vendre leurs jeux PSP en dehors des limites imposées par Sony.

La fameuse manette, quasiment identique à celle de la Playstation 1.
La fameuse manette, quasiment identique à celle de la Playstation 1.

La PS3 atteind le sol nippon en premier, le 11 novembre 2006. Seules 80 000 consoles seront disponibles. Les files d'attente commencent à se faire sentir dès la veille, pour énormément s'agrandir. Le lendemain, les magasins ouvrent à 9 heures pour distribuer des tickets et effectuer à 11h le tirage au sort qui va désigner les gagnants. Autant vous dire que la pénurie se fait extrêmement vite sentir.
La sortie américaine se fait une semaine plus tard, soit le 18 novembre. On déplore alors tant de vols de grande envergure que près de la moitié des PS3 prévues – soit 200 000 – seront réellement en vente ! Pour comparaison, la Wii, commercialisée le même week end, est présente à plus d'un million d'exemplaires.
Le 16 novembre la console sort effectivement, et comme de bien entendu, très peu sont ceux qui vont pouvoir s'en procurer une. En fonction des magasins, cela se passera plutôt bien, voir très mal. Un bel exemple est le Walmart situé en Californie du sud, qui a du faire face à une file de quelques centaines de personnes alors qu'ils n'avaient que vingt machines disponibles ! Lorsqu'il leur a été demandé de sortir du magasin, l'émeute n'a pas tardé à se former.
Parallèlement, Phil Harrisson, à la tête de Sony Computer Worldwide Studio, préfère ne pas confirmer la sortie de la PS3 en Europe, assurant que tout ce qui est en leur possible sera fait pour sortir la machine dans les délais. De quoi rassurer les joueurs européens. La division européenne confirmera plus tard la date définitive de mars 2007.

Comme d'habitude, les annonces se succèdent, et il est vite demandé aux joueurs d'attendre fin janvier 2007 pour en savoir plus sur la sortie européenne. On reste sur une annonce officielle de sortie en mars.
Sony et Microsoft continuent leur guerre des licences exclusives, et Oblivion est alors prévu sur Playstation 3 alors qu'il est déjà disponible depuis environ un an sur Xbox 360 et PC.
Comme prévu, c'est le 25 janvier que l'annonce officielle est faite : la Playstation 3 sortira en France le 23 mars uniquement en version 60 Go, pour un prix de 599 euros. A priori un million de consoles seraient prévues, ce qui éviterait la pénurie. 28 jeux sont annoncés comme disponibles, et quelques uns sur le Playstation Networks, qui continue d'être gratuit. Un gros point fort pour Sony face à Microsft qui fait payer son service équivalent.
Parallèlement, au Japon, les packs 20 Go se vendent plutôt mal, et certains vendeurs vont même baisser les prix, et ce malgré l'annonce de Sony qui affirme ne pas le faire avant un bout de temps, pour des raisons de coûts de développement énormes.

La boite de l'une des nombreuses offres promotionnelles proposées par Sony.
La boite de l'une des nombreuses offres promotionnelles proposées par Sony.

Vient alors la période de la claque dans la gueule de Sony. 100 000 unités sont disponibles en France. La firme a vu les choses en grand et a invité près de 200 journalistes, prévu des files d'attente longues comme un chargement de playstation 1, bref, n'ont pas vraiment lésiné sur les moyens. Le tout sur une péniche amarrée en plein centre de Paris.
Pourtant, on dénombrera qu'une petite cinquantaine de consoles vendues dans la soirée... Visiblement les gens ne se sont clairement pas déplacé. On est alors bien loin de la folie du Virgin pour la sortie de la Playstation 2 !
Les petits malins de Microsoft ont même loué un bateau affichant fièrement une banderole « Xbox 360 loves you ! », on appréciera le clin d'oeil. Cela amusera toutefois les journalistes qui commencent à bien s'embêter, d'autant qu'il ne fait pas très chaud.
La réaction de Sony est toujours la même : prendre les gens pour des abrutis. Jamais ils ne reconnaîtront leur erreur ou joueront franc-jeu. Ici tout s'est passé comme il fallait. Cherchez l'erreur.

Alors que tout le monde annonce la mort commerciale de la console, il ne faut pourtant pas se méprendre. Cet échec est médiatique, et non commercial. A force de se foutre ouvertement de la gueule des gamers, ces derniers n'ont pas fait le déplacement, logique non ? Reste que le grand public lui, frétille toujours dès que l'on prononce le nom de « pléstachionne ». La console ne dispose pas encore de jeux de folie. Resistance est très correct, mais ne fera pas débourser 600 euros au joueur moyen pour pouvoir s'y adonner.
Au Royaume Unis, c'est plutôt l'effet inverse : les ventes ont bien monté les premiers jours pour retomber peu de temps après.

Fin mai, on apprend que la PS3 sort en version 80 Go pour le marché corréen. On apprendra peu de temps après que les versions 20 Go et 80 Go ne sont absolument pas prévues sur le marché européen.
Côté ventes, en juillet le million d'exemplaires sur le sol nippon est passé... Mais face à la déferlante Wii ce chiffre plutôt bon passe inaperçu. Imaginez, Nintendo y a déjà vendu plus de trois millions de Wii...
Les évolutions continuent, avec une fois de plus Kaz Hirai, le responsable de Sony US qui confirme le développement d'un nouveau modèle de manette. Il sortira un peu plus tard sous le nom de Dual Shock 3 et intègre le vibreur en plus du détecteur du mouvements. Il paraît que ce n'était pas possible ? Mais si, ils sont trop forts ces mecs. Pour le reste, RIEN de nouveau pour cette manette.

Le 5 octobre, c'est officiel : la PS3 baisse de prix en France et sera disponible pour 399 euros le 10 de ce même mois. Plus qu'une baisse, c'est surtout un changement de console qui s'opère ici. Exit la version 60 Go, place à la 40 Go. Outre le disque dur plus petit, on y perd en finition, avec un capteur Wifi de moins bonne qualité et surtout une rétrocompatibilité PS2 et PS1 qui est supprimée. Une fois de plus, l'argument nous prend pour des cons puisque cela serait pour des raisons de stabilité des jeux sur la console. Mais bien sûr...
En tout cas, la console commence à baisser, et c'est une bonne chose, permettant à plusieurs personnes d'en acquérir une. Les packs 60 Go sont alors bradées, et seront très recherchées par la suite sur le marché de l'occasion.

Sony Playstation 3 côté technique

Microprocesseur : Cell, à 3,2 Ghz (composé d'un noyeau PowerPC avec 512 Ko de cache, de sept co-processeurs dotés de 2
Mémoire vive : 256 Mb XDR, 256 Mb de mémoire vidéo
Mémoire morte : Lecteur Blue Ray (54 Go), disque dur 2,5 pouces, 20 ou 60 Go
Vidéo : nVidia RSX à 550 Mhz, 256 Mo de mémoire vidéo GDDR3 à 700 Mhz
Prix d'origine : 599 euros