Les rumeurs allaient bon train depuis quelques temps, mais le tout était tellement incroyable que personne n’osait vraiment y croire. Pourtant, c’est bien lors du CES (le Consumer Electronic Show, qui deviendra plus tard l’E3) de Las Vegas de janvier 2001 qu’un prototype de ce qui donnera la Xbox sera présenté par Bill Gates lui-même.
La Playstation 2 était déjà sortie depuis quelques temps, le Design de la Game Cube de Nintendo avait lui aussi été présenté, de même que ses manettes. Restait Microsoft qui se faisait attendre.
On peut noter aussi un pavé qui avait été jeté dans la marre de ce petit monde lors de la présentation de la console lors d’un salon : la console était bien entendu énormément mise en avant dans un bloc protégé, sur grand écran… Un journaliste plus malin que les autres a profité de l’inattention des gens de chez Microsoft pour regarder à l’intérieur de ce box, et prendre quelques photos… de stations de travail qui alimentaient une boîte vide ! L’effet est énorme, Microsoft, déjà mal vu, est taxé de menteur, on parle d’impossibilité de faire tenir tout le hardware dans une simple boîte, etc, etc. Des réactions tout simplement idiotes quand on sait que c’est ce qui se passe pour la plupart des consoles : un prototype énorme est sorti, et ensuite seulement on choisi les pièces et on réduit le tout.

Ce qui choque lorsque l’on voit la bête pour la première fois, c’est sa taille : elle est énorme, et beaucoup plus grosse que les consoles concurrentes.
Techniquement, la console est architecturée grosso modo comme un PC, elle dispose même d’un disque dur ! Autant dire que les détracteurs de Microsoft – et ils sont légion – n’y sont pas allé de main morte… Quel est l’intérêt de sortir une console avec une architecture PC ? La question est assez intéressante, mais il faut avouer qu’en y réfléchissant, elle est totalement inutile. En effet, le problème du PC vient de la diversité des matériels que l’on peut trouver, ainsi, il est impossible de réellement optimiser un jeu pour faire cracher ses tripes à un matériel spécifique. DirectX, de Microsoft (encore lui), est là pour pallier à ce problème : il s’occupe d’adapter le code pour toutes les cartes graphiques, son etc. Mais on y perd énormément en optimisation.
La Xbox propose donc une architecture PC, mais identique d’une console à l’autre, ce qui permet cette optimisation impossible pour le monde PC.
Du coup, au niveau connectique, pour les manettes, les quatre ports présents en façade sont d’un format propriétaire, mais la technologie n’est autre que de l’USB ! Ce qui permet pas mal de bidouillages en perspectives. On trouve aussi une prise réseau au format RJ-45 pour permettre de brancher plusieurs consoles en réseau… Les petits malins de pirates s’en sont servi pour brancher la console à un PC échanger des données tranquillement.
Restons au niveau des manettes. Celles d’origine sont à l’image de la console : énormes… et assez peu pratiques, voir même injouables pour certains jeux. Il faut dire que depuis des années nous n’avions pas vu de console de construction américaine, et non japonaise. Ainsi, les japonais ayant des petites mains et beaucoup de joueurs européens et américains se plaignant de la trop petite taille des manettes, Microsoft a fait une petite version, la Type S, pour sa console en version japonaise. Une autre beaucoup plus grosse était proposée pour les versions européenne et américaines.
Les manettes type S étant bien plus ergonomiques que les autres, beaucoup de joueurs se sont mis à importer ces manettes, qui n’étaient disponibles qu’au pays du soleil levant. Devant tant d’enthousiasme, Microsoft a rebroussé chemin en proposant ses Type S aussi en Europe et aux USA.
Cette manette dispose d’un double vibreur intégré (désynchronisé, contrairement à celui des manettes de PS2, ce qui apporte un plus en terme de retour de force), et de deux ports permettant de mettre des cartes mémoire. Ces dernières ne servent que très peu puisque la présence d’un disque dur de 8 Go dans la console permet de sauvegarder directement dessus.
La console utilise comme média pour les jeux le support DVD, classique, mais ne propose pas le lecteur de films DVD en série. Pour ce faire, il faut acheter en plus un bloc qui se branche sur la console et qui propose le logiciel de lecture de DVD ainsi que la télécommande. Une belle arnaque.

Lors de sa sortie aux Etats-Unis, le 15 novembre 2001, la console reçoit un bon accueil. Grande file d’attente à Time Square, qui rappelle un peu la sortie de la Playstation 2, le désordre qu’on avait connu au Virgin de Paris en moins. Sur les 300 000 unités proposées le jour du lancement, 250 000 seront vendues le même jour. On est tout de même loin de Sony et de sa pénurie volontaire. Il faut dire aussi que la Game Cube de Nintendo sortait trois jours plus tard… Il fallait alors choisir son camp.
Il en sera de même en Europe (le 14 Mars 2002), mais tout autre au Japon, où la console n’arrivera jamais à vraiment percer, malgré les efforts pour ce faire. Les commerciaux iront jusqu’à engager une star du porno japonaise pour une campagne publicitaire qui fera grand bruit… mais c’est tout.

Néanmoins, il faut préciser que si le prix de la console aux Etats-Unis est relativement correct, avec ses 299 dollars, il en est tout autre en en France où le prix grimpe allègrement à 479 euros ! Une honte, tout simplement. D’autant que les prix des périphériques et jeux sont eux aussi les plus élevés du marché. Durant les premiers mois, ce sera une console de riches. La plus puissante, mais il faut aussi y mettre le prix.
Peu à peu, tout cela va se tasser, les prix vont se calquer sur ceux de la console de Sony, la mettant à égalité, mais sans jamais se vendre autant.

Mais passons (enfin) aux choses sérieuses : les jeux. Lors de la sortie, les titres ne sont pas très nombreux, et souvent de qualité assez moyenne. Seuls quelques titres mettent vraiment une claque, tant graphique que ludique : Dead Or Alive 3, Oddworld l’Odyssée de Munch, et surtout Halo. D’autres jeux très attendus comme Project Gotham Racing se sont avérés de bons petits jeux, mais pas assez cartons pour justifier l’achat de la console. On attendait aussi Malice, le premier jeu dévoilé, qui était une vraie tuerie graphique, comme on en avait encore jamais vue ! Mais le jeu souffrira de retards énormes si bien que lors de sa sortie, le temps aura passé, et ce ne sera qu’un simple jeu de plate-formes noyé dans la masse.
Par la suite, beaucoup de jeux sortiront, de l’excellent au moins bon. Et avec la politique multisupports entamé par beaucoup d’éditeurs (qui consiste à sortir un jeu sur le plus de plates-formes possibles), le joueur pourra profiter de beaucoup de blockbusters. Il faut tout de même savoir que ces adaptations multiples égalisent vers le bas au niveau de la réalisation. La Xbox, légèrement plus puissante que ses consoeurs, en pâtit donc un peu.

Enfin, d’un point de vue purement collectionneur, quelques éditions limitées de la console sont sorties. On ne compte pas les versions japonaises qui sont pléthore. Par contre même en France nous avons eu droit à deux éditions limitées, avec une skeleton verte du plus bel effet, et une crystal, transparente, fournie avec un disque dur de 20 Go et deux manettes de Type S, assez sympathique esthétiquement. Ces versions ne seront pas rééditées, mais elles sont tout de même assez courantes car sorties en grande série.

Microsoft Xbox côté technique

Microprocesseur : Pentium III modifié à 733 MHz
Mémoire vive : 8 Mo
Vidéo : NV2A, custom chip de NVidia et Microsoft, à 250 MHz, résolution maximum de 1920x1080 en 32 Bits
Son : 256 voies dont 64 en 3D
Prix d'origine : 479 euros