Chroniqué par Nicolas Gilles
Code rouge, Code rouge ! C'est quoi un code rouge ? Heu je sais pas, je n'ai encore jamais joué à Vampire La Mascarade.Une adaptation du jeu de rôle éponyme
Là, normalement, vous prenez votre air le plus hautain du genre "ben oui je connais le jeu de rôles Vampire la Mascarade, sinon je ne serais pas entre de lire ton article à la con".
De mon côté, je savais que c'était un jeu de rôle, mais je n'en savais pas plus. Ce n'est pas forcément nécessaire, mais entrer dans l'aventure Swansong sans connaitre tout l'univers du Monde des Ténèbres qui s'est étoffé depuis 1991 demande tout de même un peu de motivation de la part du joueur.
Les premiers pas dans le jeu sont un peu violents, dans le sens où l'on arrive dans un monde qui a un lore bien profond et où l'on arrive un peu comme un cheveu sur la soupe.
Rassurons-nous, c'est voulu.
Un monde bien profond
A Boston, le Code Rouge a été lancé. Et ça semble super important. Tous les vampires sont dans leurs petits souliers.
On découvre alors qu'il existe plusieurs factions chez les buveurs de sang, qui ne s'entendent pas forcément bien. On découvre peu à peu le background immense de Vampire la Mascarade. Et si les explications dans le codex font des pages et des pages, on arrive à comprendre peu à peu en suivant les très très très nombreux dialogues.
Car ici, pas de baston. Mais on continue de jeter des dés. Les combats sont verbaux, l'épée et le flingue restent au fond du coffre de votre chambre. On remplace l'attaque par la Persuasion, la défense par l'Intimidation, etc.
Attention donc, Vampire the Masquerade Swansong est avant tout un jeu de dialogue. Le rythme est lent, très lent, et cela ne plaira pas à tout le monde. Mais ce n'est pas tout.
Une réalisation à chier
La réalisation est également super discutable. Non pas que le jeu soit moche.
Certes, les décors sont fixes et les personnages ont un beau balai dans le cul. Toutefois, rien de rédhibitoire, d'autant que les jeux de lumière sont bien foutus et esthétiques à souhait. Le doublage (uniquement en anglais), tient également plutôt bien la route.
Non, ce qui ne va pas, c'est la réalisation en elle-même : mais bordel de merde, comment on peut encore rester bloqué sur un putain de caillou en 2022 ! Hein ? Et ce ne m'est pas arrivé qu'une seule fois, loin de là, alors que j'ai joué au jeu en 2024, presque deux ans après sa sortie d'origine.
Même chose pour les quelques phases de puzzle, qui sont juste lourdes et peu inspirées.
C'est d'autant plus dommage qu'une fois encore, le point fort du jeu de rôle est ici préservé : la profondeur du monde mis en place et la caractérisation des trois protagonistes que l'on suit dans Swansong.
Jeu de rôle vs jeu vidéo ?
Là où le jeu se plante, à mon goût, c'est qu'il ne suffit pas d'appliquer des règles de jeu de rôle à un jeu vidéo pour en faire une bonne adaptation vidéoludique. J'ai lu ça et là que yep, c'est cool, ils appliquent bien les règles de la version papier.
Vampire the Masquerade Swansong est basé sur un jeu de rôles sur table, mais il est également une aventure scénaristique touffue sous forme d'enquête.
Certes, le jeu de rôle originel marque par son côté scénaristique. Mais ce qui me gêne ici, c'est que lorsque l'on plante un jet de dé lors d'une discussion, on passe potentiellement à côté d'éléments très importants. Des éléments qui peuvent nous amener à laisser des preuves au monde des mortels, et de faire monter le niveau de suspicion.
Ce niveau de suspicion n'est autre que le niveau de difficulté du jeu. En gros, plus on rate, plus on va rater par la suite parce que ça sera plus difficile !
En cela, le jeu nous encourage à recommencer les différents niveaux, afin de pouvoir tester différentes combinaisons et tenter de mettre la chance de notre côté en connaissant déjà une partie de ce qui va se passer... et c'est juste chiant.
On peut passer les dialogues, mais où est le côté roleplay dans ce cas ?
D'autant qu'un chapitre ne dure pas dix minutes, mais entre une heure trente et deux heures ! Autant dire qu'il faut être motivé.
Au total, il faut une bonne quinzaine d'heures pour voir le bout de l'aventure, mais ça frotte d'un peu partout.