Chroniqué par Nicolas Gilles
Il y a des jeux qui font peur. Death Stranding en fait partie, surtout pour moi pour qui Kojima tape régulièrement sur les nerfs.Je n'osais pas l'approcher
Très rapidement, Death Stranding s'est bâti une réputation auprès des joueurs.
C'est le nouveau jeu d'Hideo Kojima, et rien que pour ça, il était attendu fermement. Bon ok, mais moi depuis quelques années, Kojima et son égo boursoufflé me les brise sévèrement. Donc si vous cherchez un suce-boule pour vous dire que le jeu est magnifique-dementiel-incroyable vous pouvez aller sur la chaîne Youtube de Julien Chièze.
La mise en scène est plutôt classe.
Il n'y a qu'à voir l'introduction, où le nom de Kojima n'arrête pas d'apparaitre à l'écran : histoire, game design, choix de la musique, choix des acteurs. Vraiment, il s'aime notre Alain Delon japonais.
Tout pour nous faire chier
Death Stranding traîne une légende urbaine comme quoi il faudrait attendre une dizaine d'heures de jeu avant que l'aventure ne se révèle clairement, et il qu'il arrête d'être chiant.
Eh bien c'est faux : le gameplay est chiant de bout en bout. Et même à la fin, on en rajoute un peu histoire de continuer à se faire mal.
Transporter des trucs, se faire chier, mais avec des jolies musiques douces.
Vous incarnez Sam Porter, un porteur qui parcoure le monde ravagé par le Death Stranding, faisant le lien entre le peu qu'il reste de l'humanité en livrant des colis. Je ne préfère par en dire plus, car la découverte fait vraiment partie de l'expérience.
Oui, Death Stranding est une simulation de livraison. Et rien que pour ça, il fallait l'égo démesuré de Kojima pour oser le mettre en place.
Parce que c'est chiant comme la mort. Traverser des étendues totalement désertes en étant chargé comme une mule, devoir sans arrêt faire attention à son équilibre. Et essayer de passer entre ces putains de pierres sans se ramasser, il a de quoi vous rendre fou.
Là, c'est juste ce que vous voudrez éviter à tout prix.
Ah non, pas totalement désertes, il faut ajouter des choses qui vont rendre l'ensemble encore plus chiant : des adversaires, mais surtout ces échoués, des âmes qui n'ont pas encore quitté la terre, qui viennent vous pourrir la vie.
Au gré de l'aventure, on récolte bien des améliorations qui permettent de porter plus et de mieux garder l'équilibre, mais rien de bien folichon. Même les motos butent contre le moindre petit caillou. Argh !
Le syndrome Metal Gear Solid 4
Death Strading est chiant dans son gameplay, mais ce n'est pas la première fois dans un jeu Kojima. Metal Gear Solid 4 était de ceux là : un scénario qui mérite le coup d'oeil, mais un gameplay à la ramasse.
Oui, quand même, certaines scènes sont vraiment esthétiques.
Ici, c'est pareil. Sauf qu'en plus, c'est assumé. Certains voient du génie, de mon côté je ne vois que de la connerie.
Mais ce qui est le plus irritant, c'est que c'est un bon jeu ! On prend petit à petit goût à traîner tout ce bordel. Certes, je n'ai fait aucune quête annexe, que j'ai trouvé totalement inutiles.
Car ce qui m'a intéressé, c'est le scénario. Et de ce côté, c'est vraiment chouette.
Vous êtes une mule en fait.
Un scénario qui tient la route
Je ne vous spoilerait rien, mais le jeu touche pas mal de sujets vraiment intéressants et, surtout, le scénario est assez imprévisible. On se demande ce qui va se passer.
Et c'est assez rare dans un jeu vidéo : découvrir un truc qui n'a pas de genre et où l'on ne sait pas trop où l'on va tomber.
Et rien que pour ça, le jeu vaut le coup d'oeil.
Alors, comme je vais bien pouvoir traverser cette foutue flotte...
Heureusement, Death Stranding propose tout plein de modes de difficulté. J'ai opté pour le plus facile, histoire de passer outre autant que possible le côté masochiste du titre qui à mes yeux n'apporte strictement rien.
J'ai donc pu me concentrer sur l'histoire, et durant les 25 heures de jeu, j'ai certes régulièrement trouvé le temps long à parcours ces étendues aussi mornes qu'une partie de pêche sous la pluie, mais j'ai également pu en apprendre plus sur le Death Stranding, cette catastrophe qui a bien failli éradiquer l'humanité.
Juste pour l'histoire ?
Death Stranding met en scène de vrais acteurs, que vous n'aurez pas manqué de reconnaître, comme notamment Norman Reedus (de la série Walking Dead) ou encore Léa Seydoux et surtout Mads Mikkelsen. C'est vraiment la classe.
Vous pouvez optimiser tout ce que vous porter, pour faciliter votre équilibre.
Et d'autant plus la classe que les doublages sont fait par les doubleurs officiels français. Le jeu d'acteur et les doublages sont donc parfaits, y compris en français. Dans les crédits, j'ai constaté que la traduction française avait été faite en partie par Florent Gorges (l'un des fondateurs de Pix'n Love et tôlier d'Omaké Books), c'est un vrai gage de qualité.
On sent bien que Kojima s'est fait plaisir et à continuer d'aller vers le côté cinématographique.
Une fois de plus, Monsieur Kojima devrait faire du cinéma plutôt que des jeux... Mais on risquerait de se retrouver devant une grosse série Z. Car certaines scènes, totalement surréalistes, font se demander si c'est du génie ou si on ne se fout pas de notre gueule.
Mais quelle classe ce mec !
Donc oui, autant qu'il continue de faire des jeux, il y a tellement de joueurs pour lui lécher l'anus qu'il aurait bien tord de s'en priver.
Qu'apporte Death Stranding Director's Cut ?
J'ai fait le jeu dans sa version Director's Cut, sur Playstation 5. La principale nouveauté, c'est que le jeu est encore plus beau.
Il l'était déjà dans l'édition d'origine, mais on est encore un cran au dessus. Cela souligne une direction artistique souvent magnifique et très classe.
Les temps de chargement sont quasi nuls, seulement quelques toutes petites secondes pour charger une partie, c'est impressionnant.
On trouve quelques petites améliorations dans le gameplay comme une catapulte à marchandise ou des drones de livraison qui peuvent bosser à votre place. C'est bien, cela rend l'aventure un peu moins chiante.