Not for Broadcast

Chroniqué par Nicolas Gilles

Pas facile de parler de Not for Broadcast, tant le résultat est original et déstabilisant.

Tout est une question d'angle de vue

En fonction de l'angle de vue, et surtout, de ce que l'on filme, l'impact du journal télévisé sur la population peut être radicalement différent.

C'est le point de départ de Not for Broadcast, développé par le studio NotGames et ses deux têtes pensantes, Alex Paterson et Denis Sewell.


Le résultat ? Un mix improbable d'humour anglais et d'un bordel monstre sur lequel plane l'ombre de l'autoritarisme politique.

Oui, un sacré mix, et il n'y a qu'une seule façon de se faire une idée sur le jeu : c'est en y jouant. Mais je vais tout de même tenter de vous donner mon ressenti.

Le jeu est sorti sous forme épisodique en accès anticipé en 2020. La version complète est sortie en 2022.

FMV et années 80

Pour ajouter un côté insolite supplémentaire, Not for Broadcast est tourné en FMV. Enfin, pas totalement, mais juste ce qui se passe sur vos écrans. Oui, VOS écrans.

Car vous incarnez un régisseur TV. L'action se déroule dans les années 1980, dans un pays fictif rappelant furieusement une Angleterre singée dans tous les sens, avec souvent beaucoup de finesse, mais avec également un côté what the fuck qui rappelle les sketchs des Monthy Python.

Une aventure non linéaire

Mais attention, si au départ Not for Broadcast semble être juste un jeu où il faut jouer le poulpe en faisant plein d'actions successives tout en gardant un œil sur les quatre écrans de télévision qui composent votre pupitre, on comprend vite que ce n'est pas le sujet central.


Déjà, vous pouvez ajuster la difficulté pour vous concentrer sur l'action plutôt que sur l'audience, qui réagit face à vos angles de caméras et au rythme que vous donnez à l'émission.

Entre les scènes de journal tv se déroule un scénario qui conte votre vie de tous les jours. Vous faites alors des choix... des choix qui auront de l'importance. Mais genre vraiment.

Si bien que l'aventure peut changer radicalement d'une partie à l'autre. Le jeu nous incite donc à recommencer l'aventure pour tester plusieurs choses. L'arbre scénaristique semble très large.


Toutefois, l'aventure durant huit à six heures, il faut avoir le courage de recommencer, ce qui n'a pas été mon cas. Même si j'ai passé un excellent moment en compagnie du jeu.

L'ombre de l'autocratie

Les émissions singent ce que l'on pouvait trouver dans les années 80... et ce que l'on retrouve maintenant. La fameuse "télé poubelle" que l'on vomi depuis des dizaines d'années.

C'est l'occasion de scènes aussi débiles que gênantes, tant les intervenants font n'importe quoi : chansons de merde, collections débiles, stars idiotes, bref, c'est festival.


Mais pas seulement.

Car un journal télévisé sert également la politique. Et justement, dans Not for Broadcast, il y a des changements radicaux dans la politique, notamment avec l'arrivée d'Advance, un mouvement politique qui promet l'égalité des peuples. Allez-vous les soutenir, ou au contraire les combattre ? Quelles seront les répercussions sur vous et votre famille... et sur le reste du monde ?

Not for Broadcast souffle le chaud et le froid, nous faisant passer d'un humour anglais totalement crétin à des scènes d'une gravité glaçante. Magistral.

Not for Broadcast sur Steam Deck

Le jeu est mentionné comme compatible. De mon côté, je n'ai eu aucun souci, tout fonctionne parfaitement avec une configuration émulant la manette.
Et pourtant, j'avais un peu peur au début : faire autant de choses avec la manette, passer d'un écran à un autre, finalement, tout cela devient très rapidement naturel.