Chroniqué par Nicolas Gilles
Un jeu qui aborde les troubles psychotiques, ce n'est pas banal. Car certes, il y a des vikings et plein de légendes nordiques dans Hellblade, mais il y a surtout cette héroïne à la fois si forte et si touchante : Senua.Un retour qui réduit la voilure... ou pas
Le studio à l'origine de Hellblade, Ninja Theory, a déjà trois bons jeux à son actif : Heavenly Sword, Enslaved : Odyssey to the West et DmC : Devil May Cry.
Trois jeux à gros budget qui ont plutôt marqué leur époque. Ou qui en tout cas m'ont bien marqué, moi.
Pourtant, il faut attendre un peu avant de voir pointer ce Hellblade Senua's Sacrifice... qui plus est en version dématérialisée et au tarif réduit de 30 euros.
Pour autant, il ne faut pas y voir un jeu au rabais. On plonge ici dans une grande aventure, toutefois beaucoup moins abordable que pour les précédents jeux du studio. C'est sûr qu'après Disney Infinity, Hellblade sort des sentiers battus.
Au cœur de la maladie mentale
Si vous avez regardé quelques vidéos du jeu, vous vous apercevrez rapidement qu'il propose un rendu qui peut paraître assez bordélique, tant dans le rendu visuel de certaines scènes que dans son ambiance sonore, puisque Senua entend des voix. Tout le temps.
Cela donne d'ailleurs un sound design vraiment étonnant et marquant, et contribue clairement à ne pas sortir indemne de cette aventure.
Car Senua, l'héroïne de Hellblade, est atteinte de troubles psychotiques qui font qu'elle entend des voix et qu'elle a du mal à différencier la réalité de son imagination.
Un action / puzzle au gameplay plutôt classique
En dehors de cela, le jeu est très classique dans son gameplay. Et finalement, ce propos si fort demande quelques explications, car finalement, les hallucinations, dans le jeu vidéo, on en a vu une paire de fois.
Cela dessert finalement un peu le propos puisqu'on peut très bien prendre le jeu pour un simple jeu vidéo, en omettant les troubles de son héroïne. Cela serait toutefois bien dommage, car c'est là tout le sel du jeu : le monde viking mis en place est certes très beau, mais les combats sont un peu redondants et tirent régulièrement en longueur, quand les phases de puzzle demandant de retrouver des formes dans le décor finissent par manquer de variété.
Non, ce qui marque dans Hellblade, c'est justement le personnage de Senua. Elle est balèze une épée à la main, mais elle passe également son temps par terre à gémir tant elle prend cher de partout... pour se relever à chaque fois.
C'est cette faiblesse qui rend le personnage si profond et le jeu si attachant et finalement à part.
Dommage seulement que l'histoire ne soit pas très claire. On sent bien que c'est volontaire, mais il m'a manqué des pièces pour reconstituer le puzzle scénaristique de cette histoire d'amour tragique.
La bonne blague du permadeath de Hellblade
Attention, Hellblade n'a rien à voir avec un truc lorgnant vers Dark Souls ou autre soul-like. Pourtant, au début de l'aventure, on nous prévient que si on meurt trop souvent, le jeu va supprimer notre sauvegarde.
Certes, il ne faut qu'une petite douzaine d'heures pour voir le terme de l'histoire, mais on flippe notre race tout de même dès que l'on perd. Et on perd souvent.
Finalement - attention, petit spoil - c'est juste un coup de bluff des développeurs, histoire de nous mettre la pression. Et visiblement, ça a super bien marché tant on en a parlé à l'époque de la sortie du jeu !
Hellblade Senua's Sacrifice sur Steam Deck
Les graphismes magnifiques de Hellblade en prennent tout de même un petit coup sur Steam Deck. On a des effets pas forcément aussi bons que sur un PC classique au niveau des textures parfois un peu floues. Mais je chipote, car l'ensemble tourne très bien.
Il est vraiment conseillé de joueur au casque : même si la gestion de la stéréo de la Steam Deck est bien meilleure que sur une Nintendo Switch par exemple, le sound design de Hellblade mérite bien un casque pour plonger dans l'esprit complexe de Senua.