Chroniqué par Nicolas Gilles
Il y a des jeux comme ça sortent et qui passent sous le radar. C'est malheureux, parce qu'ils sont bons ! C'est le cas de Lost in Random, qui mérite clairement votre attention.Quand Electonic Arts fait de l'indé
Depuis quelques années, on observe un jeu vidéo à deux vitesses. D'un côté les gros jeux des gros labels, qui balancent du lourd mais semblent un peu trop formatés.
D'un autre côté, on a les jeux indés, les fameux indépendants si chers au coeur de true gamers, ces gardiens du temple qui se disent l'élite du petit monde dans lequel ils évoluent en vase clos.
Les deux soeurs : Paire et Impaire.
Bien entendu, tout n'est pas si simple, car avec les années, les éditeurs ont peu à peu mis les pieds dans le milieu indé, avec notamment Ubisoft et son Soldats Inconnus.
Des jeux qui osent plus de choses, tout en proposant un contenu d'envergure moindre. Mais avec beaucoup plus de goût et une prise de risque souvent bien plus grande ! Attention toutefois aux bouses arty qui se prennent la tête et restent bloquée sur leur nombril... ou plutôt sur celui de ses créateurs.
Electronic Arts, avec son label EA Originals, surfe également sur cette vague, et nous a notamment permis de nous régaler d'un It Takes Two particulièrement excellent.
Vous allez trouver la plus belle chose possible : un dé !
Le soucis, c'est que la plupart du temps ces jeux ne bénéficient pas de la puissance marketing de ces grands groupes et passent sous le radard. Ils doivent souvent leur salut au bouche à oreille... et donc à leur qualité pure.
C'est ici le cas de Lost in Random, passé un peu sous le radar, mais qui vaut tout de même le coup d'oeil.
Le nouveau Zoink Games
Lost in Random est développé par le studio Zoink Games, qui n'en est pas à son galop d'essai puisqu'il nous a déjà proposé les très sympathiques Flipping Death et Zombie Vikings notamment.
Vous allez faire des rencontres... originales.
Les deux jeux faisaient la part belle à la 2D, avec une direction artistique très affirmée qui leur donnait une vraie personnalité.
Avec Lost in Random, on passe dans le monde de la 3D.
Du Tim Burton sans Tim Burton
Visuellement, on retrouve une direction artistique très forte, qui n'est pas sans rappeler le monde onirique et sombre de Tim Burton, et plus particulièrement du film Les Noces Funèbres.
Les combats sont en temps réel, mais avec des cartes et des lancés de dé.
C'est assez sombre, les personnages sont assez incroyables visuellement et l'ensemble est passablement malsain. Il faut dire que le monde mis en place est clairement soumis au chaos.
Un chaos apporté par les dés. Enfin, plus exactement par l'absence de dés.
Un jeu vidéo avec des dés : un jeu de plateau numérique ?
Rassurez-vous, Lost in Random n'a rien à voir avec un jeu de société.
Lui, il va vous vendre des cartes : pratique !
L'aventure se déroule au royaume d'Aléa, où les dés étaient omniprésents. Seulement voilà, une méchante reine vint apposer sa tyrannie : elle est dorénavant la seule à posséder un dé. Un dé noir, comme ses aspirations (brrrrr, je me fais peur moi-même. Ou pas).
Le monde est alors découpé en six régions, comme les six faces d'un dé. A l'âge de douze ans, chaque enfant est confronté à Mamie Fortune et au dé de la reine : le résultat l'envoie dans le monde correspondant.
Et forcément, plus on monte en nombre, meilleur est le confort ! Faites un six, et vous irez en Sixtopie vivre auprès de reine dans le meilleur des conforts, c'est le rêve de tous les enfants.
Vous allez pouvoir construire votre jeu de carte et personnaliser votre façon de combattre à votre sauce.
Au contraire, faites un 1 et vous vous retrouverez à Unibourg... Le pire des endroits, là où se trouvent deux soeurs : Paire et Impaire. Cette dernière venant d'avoir douze an fait face au dé noir et fait un six !
Sa petite soeur, Paire, devrait s'en réjouir, pourtant, elle a des doutes : est-ce réellement le bonheur promis ?
Et la jeune fille - et vous, par la même occasion - de braver toutes les loi pour sortir d'Unibourg et partir à l'aventure et retrouver sa soeur adorée.
Vous passerez pas mal de temps à explorer chaque territoire.
Et la première chose que vous trouverez... c'est un dé !
Des combats avec des cartes et un dé... sans oublier l'action
C'est grâce à ce dé que vous allez pouvoir vous démarquer des foules et pouvoir combattre les vilains qui gangrènent le monde de Unibourg à Sixtopie.
Le système de combat est plutôt original : vous commencez avec votre petit lance-pierre de merde. Ce dernier ne fait aucun dégât, mais permet de décrocher des cristaux qui vous permettront de débloquer des cartes de votre deck et de lancer votre dé.
Lancer votre dé stoppe le temps, vous permettant de dépenser les cartes. Leur coût est clairement affiché sur chaque carte, et la monnaie, c'est le chiffre donné par votre dé.
Au départ, votre dé est rachitique : il ne peut faire que des 1 ou des 2, mais peu à peu, vous allez le booster et avoir de plus en plus de points d'action à chaque lancer.
De même que vous allez récupérer de nouvelles cartes pour construire vous-même votre deck (c'est à dire votre paquet de cartes).
De plus, certaines situations vous demandent de lancer le dé afin de déplacer un pion, ancrant Lost in Random un peu plus dans son trip jeu de société. Simplement, cela ne va finalement pas très loin, dommage.
Des combats, mais aussi de l'exploration
Toutefois, on ne passe pas tout son temps à se battre dans Lost in Random.
Egalement, on cherche beaucoup. Les niveaux sont de plus en plus grands, et il va falloir apprendre à vous repérer.
On passe ainsi pas mal de temps à discuter avec les personnages. Les dialogues sont d'ailleurs super bien écrits. Le jeu est en anglais, mais des sous-titres en français sont disponibles.
Et il y a également le narrateur ! En jeux indé, ça fait très "art et essai" de mettre un narrateur. Mais celui-ci déborde d'humour anglais et c'est un vrai plaisir que de l'écouter déblatérer.
3D indépendante
Lost in Random est n'est pas un AAA, ces blockbusters du jeu vidéo au budget qui donne le vertige.
Cela se ressent dans la réalisation. Ne craignez rien : c'est beau et on retrouve cette prise de risque dans la direction artistique que l'on apprécie tout particulièrement chez Zoink.
Simplement, il ne faut pas craindre le côté très rigide du level design du jeu. On peut également regretter que les six mondes traversés soient finalement si proches visuellement.