Road 96 propose une narration originale. Essayez-le, vous n'en décrocherez pas !

Un studio talentueux


DigixArt est un studio basé à Montpellier fondé en 2015 par Yoan Fanise, un ancien de chez Ubisoft qui avait fait parler de lui avec Soldats Inconnus.

J'avais également beaucoup aimé 11-11: Memories Retold que le studio a sorti en 2018. Depuis, je n'avais pas suivi le parcours de ce studio prometteur...


Des prix, plein de prix...


... mais à une seule manifestation. C'est assez bizarre, mais la première fois que j'ai entendu parler de Road 96 - comme certainement pas mal de gens - c'est lors des Pégases 2022, cette manifestation qui récompense les productions jeux vidéo made in France.

Le jeu rafle pas moins de cinq prix lors de cette édition : Meilleur jeu indépendant, Meilleur univers sonore, Excellence narrative, Meilleure accessibilité et Prix spécial de l'Académie : Au-delà du jeu vidéo.

Heu, oui, ça fait peut-être un peu beaucoup. Mais surtout, cela donne carrément envie de jouer à Road 96.


Alors, on prend la route ?

Un road trip procédural ?


Road 96 est présenté comme un road trip procédural. Bon, pour le côté procédural, je n'ai pas tout saisi. C'est que "procédural", ça fait vendre. En fait, le jeu joue plutôt sur un ordre aléatoire de ses séquences plutôt qu'une réelle génération procédurale. Sinon, on aurait une histoire à la con, ce qui est loin d'être le cas ici.

L'action se déroule en 1996, dans un pays qui fait énormément penser aux États-Unis, mais qui se nomme Petria. Le pays est devenu une autocratie et les jeunes tentent de quitter le pays en rejoignant la fameuse Road 96 qui donne son nom au jeu.


Le pays a été profondément marqué par un atentat dix ans plus tôt, en 1986.

Vous allez incarner quelques uns de ces adolescents qui tentent de fuir cette dictature. Mais tous n'arriveront pas de l'autre côté de la frontière, loin de là. Ce n'est pourtant pas un réel problème, car l'intérêt de Road 96, ce n'est pas sa difficulté quasi inexistante, mais le fait de comprendre son intrigue.

Une narration extra


Road 96 prend le risque de proposer une narration pas banale. On incarne des jeunes qui vont tenter d'aller jusqu'à la route 96 pour passer la frontière. Mais jamais on ne les voit (le jeu est en vue subjective). Ils n'ont pas non plus de nom.

Chaque chapitre porte le nom d'une chanson.
Chaque chapitre porte le nom d'une chanson.

Comme l'aventure est procédurale, les scènes s'enchainent au hasard, vous plongeant dans un bain auquel on commence par ne rien comprendre. Puis, petit à petit, les pièces du puzzle s'emboitent... mais jamais dans le même sens, et c'est en cela que Road 96 est un sacré coup de maître.

Cette narration se fait uniquement via les échanges avec les sept personnages non joueurs (PNJ) que vous allez croiser d'une scènette à l'autre. Des personnages souvent hauts en couleurs : une jeune qui est sur la route comme vous, une présentatrice TV totalement décérébrée, deux braqueurs complètement cons, une fliquette, un chauffeur de taxi, un génie de l'informatique et un conducteur de camion.

Cette façon de conter l'aventure est juste extraordinaire, on plonge dans le monde de Petria à pieds joints et on découvre peu à peu la personnalité, le passé et les aspirations de chacun... Et à la fin, c'est l'avenir de Petria qui va se jouer : une révolution ? une nouvelle démocratie ? Vos actions et vos choix vont largement influencer le résultat.


De plus, un côté plus classique consiste à débloquer quelques capacités spéciales qui vont vous faciliter la vie : intelligence, crochetage, etc. Cela donne encore plus envie de continuer l'aventure.

Une réalisation aux petits oignons


Que serait Road 96 sans son ambiance géniale ! Graphiquement, on se prend à admirer les paysages en appréciant les jeux de lumière, tout en se délectant de la BO électro vraiment bien choisie, même pour moi qui ne suis pas particulièrement fan du genre.

On prend plaisir à récupérer les cassettes cachées un peu partout pour pouvoir les jouer dans les différents postes qui trainent un peu partout.


L'ambiance fait un peu penser à du Life is Strange, mais Road 96 a son identité propre.

L'aventure dure une grosse dizaine d'heures, et c'est pile-poil la bonne longueur, ça ne traîne jamais.

Road 96 sur Steam Deck


Le jeu est parfaitement compatible avec la Steam Deck. Le tout fonctionne parfaitement.


J'ai également le jeu sur Switch, et après avoir terminé la version Steam Deck, je l'ai lancé sur les deux consoles en même temps. Et là, le constat est sans appel : le portage Switch y a perdu des plumes. On a ce côté un peu flou que l'on retrouve trop souvent dans les productions de la console hybride de Nintendo. Les jeux de lumière si chouettes en prennent un coup.

C'est un peu dommage, mais ce n'est pas non plus un souci pour y jouer sur Switch. À noter qu'en revanche, le rendu de l'écran Oled de la Switch est un bon cran au-dessus de celui de la Steam Deck.

Toutefois, je trouve que quitte à choisir, il n'y a pas photo : c'est la version Steam Deck qui a nettement ma préférence.





Excellent !

Road 96

Road 96, avec sa narration ambitieuse, est excellent. Il vaut vraiment le coup d'oeil.

La note : 5/6 (Excellent !)