Sortie en 1987, la PC-Engine de Nec a marqué sa génération. Proposant toute une catégories de jeux faisant le bonheur des hardcore gamers, cette toute petite console a marqué d'une emprunte indélébile l'histoire des jeux vidéo.
Après quelques années de bons et loyaux services, il est logique que la firme pense à la relève.

Les débuts de ce qui sera la PCFX remontent à 1990, où le projet Tetsujin est lancé (ce nom est en réalité le nom de projet du processeur utilisé, le Hu62C320). Comme la fois précédente, c'est Hudson qui s'y colle, sous le regard bienveillant d'un Nec qui se frotte les mains.
L'annonce officielle tombe deux ans plus tard, en 1992, avec force démonstrations du projet FX. Le ton est donné, la console peut afficher des graphismes en 3D, mais c'est surtout sur l'utilisation de la vidéo qu'il est insisté. Le CD-Rom² de la Pc-Engine était déjà capable d'afficher des vidéos, mais ces dernières étaient sommaires et très souvent saccadées. Cette fois, la nouvelle venue est tout à fait apte à ravir les yeux avec des dessins animés en plein écran.

La PCFX, avec son look de PC pas forcément réussi.
La PCFX, avec son look de PC pas forcément réussi.

Rapidement, le processeur Hu62C320 est abandonné au profit du plus véloce Nec V810. Ce besoin de puissance est évident : devant l'arrivée imminente de la concurrence (3DO, Atari Jaguar, mais aussi et les surtout Sega Saturn et Sony Playstation qui se profilent déjà à l'horizon), les ingénieurs de chez Hudson revoient radicalement le hardware de leur bébé pour le rendre bien plus puissant.
Les processeurs Hudson restent tout de même de la partie puisque cinq d'entre eux soutiennent le processeur central. Comme dit plus haut, c'est la vidéo qui devient le fer de lance du projet, et c'est là qu'Hudson va faire la plus monumentale erreur : en pariant sur ce média et non sur les capacités 3D de sa machine, il la pousse irrémédiablement au suicide commercial. A force de vouloir augmenter les capacités de sa machine arrive un choix : il faut faire des concessions. Les capacités 3D, demandant des composants coûteux, sont donc purement et simplement abandonnées !

Si actuellement un tel choix paraît aberrant, à l'époque il en est tout autre. Il ne faut pas jeter trop vite la pierre aux responsables de ce choix, aussi maladroit soit-il. Avec l'arrivée du média CD-Rom, les développeurs ne savent que faire de toute cette place où poser leurs données. Quoi de mieux que d'utiliser la vidéo et le son ? Quelques consoles feront ce choix, avec en tête de liste le CDI et, dans une moindre mesure, la 3DO. On sait maintenant que l'avènement du multimédia était en réalité une mode qui s'est rapidement essoufflée, emmenant avec elle les machines qui avaient voulu surfer sur sa vague.
Deux jeux sont présentés lors du Tokyo Omocha Show de juin 1994. Leur qualité est assez correcte malgré l'absence de possibilité 3D. Le contexte économique de l'époque laisse augurer de la place que prendra la PCFX, qui se positionnera comme la digne héritière de la PC-Engine. En effet, cette dernière n'a jamais été sur le devant de la scène tout en restant d'une excellente qualité. Avec leurs annonces de dizaines d'éditeurs tiers, les machines de Sony et Sega comment déjà à inquiéter un Nec qui ne dispose que de très peu d'éditeurs dans son rang.
Le nom officiel de PCFX est alors dévoilé. PC se rapporte bien entendu à la gamme prestigieuse de micro-ordinateurs Nec, les PC-98, tandis que le FX rappelle sobrement le futur.

La manette de la PCFX fait énormément penser à celle de la PC-Engine Duo-R.
La manette de la PCFX fait énormément penser à celle de la PC-Engine Duo-R.

La console sort sur les étals japonais le 23 décembre 1993 et coûte 49 000 yens. Ce prix est le plus élevé du marché, ce qui donne bien du mal au markéteux de Nec pour faire valoir leur produit. Les 50 000 exemplaires proposés à la vente vont avoir du mal à trouver preneur.
Il faut aussi reconnaître qu'en plus d'un prix élevé, la machine ne dispose pas vraiment de bons jeux. Hudson va alors faire tout ce qui est en son pouvoir pour doter sa console de killer apps. Les japonais étant particulièrement friands de RPG, c'est ce que qui deviendra le principal hôte de la PCFX. Plus précisément, c'est de jeux d'aventure et de drague qu'il s'agit. Un grand problème pour nous autres européens, c'est que ces jeux d'aventure textuels sont intégralement en japonais, ce qui nous les rend totalement inaccessibles.
Ainsi, des jeux un peu olé olé comme la série des Dragon Knight vont voir le jour. Mais le jeu que tout le monde attend, c'est Tengai Makyo III, un RPG qui était déjà attendu sur CD-Rom². Malheureusement, l'attente sera vaine et le jeu ne verra jamais le jour sur PCFX. De même les suites tant attendues de Wings of Thunder et Superstar Soldier – deux shoot légendaires sur PC-Engine – seront elles aussi abandonnées.
Un comble pour une console Nec, on ne trouve qu'un seul et unique shoot. Chojin Heiki Zeroigar est en plus très moyen. Encore un très mauvais point pour cette console qui a décidément bien des problèmes.

Ainsi, cette ludothèque composée de 62 entités est faite de jeux soit médiocres, soit totalement incompréhensibles pour les non japonisants. D'où sa réputation de piètre console absolument pas usurpée.
On peut aussi parler des jeux sexy. La PCFX passe pour avoir des tonnes de jeux de ce genre, ce qui n'est pas tout à fait vrai. Des jeux érotiques, voir pornographiques, la console n'en a connu que sept, et il faut attendre 1995 avec Sexy Idole Mah Jong pour voir le premier. Par contre, les jeux de drague peu avares en socquettes blanches et autres petites culottes – voir dans quelques rares cas de jolis tétons roses - sont légion.

Parallèlement, voyant que sa console se casse lamentablement la gueule, Nec ne daignera même pas lever le petit doigt. Aucun accessoire innovant n'est proposé, pas plus que des offres promotionnelles et d'autres choses qui aurait permis de faire connaître un minimum la console.
Un nouvelle carte graphique à base de Power VR – celle-là même qui équipera quelques temps plus tard la Dreamcast de Sega – va être annoncée. Encore une fois, on n'en verra jamais la couleur. Une autre carte sortira : se mettant dans un PC (uniquement japonais, donc pas compatible par chez nous), elle permet de jouer aux jeux PCFX. Bien entendu, le succès ne sera pas au rendez-vous, l'utilité d'une telle carte étant plus que discutable.
Le dernier jeu sort en 1998 dans l'indifférence générale. D'une légende nommé PC-Engine, Nec et Hudson cassent le mythe en beauté en proposant une console doté de choix techniques douteurs, d'un marketing inexistant et de jeux plus que médiocres. Une machine qui n'a d'intéressant que son illustre ancêtre, mais qui fait revenir un goût amers à tous les joueurs passionnés de l'époque. La PCFX n'a jamais passé les frontières du Japon, et c'est peut-être finalement une chance pour nous.

Nec PCFX côté technique

Microprocesseur : Nec V810 à 21,5 Mhz
Mémoire vive : 2 Mo, plus 1.5 Mo pour la vidéo
Vidéo : 320 x 240 et 640 x 448, couleurs 24 bits
Son : 16 bits stéréo sur deux canaux
Prix d'origine : 49 000 yens