Non content d'avoir sorti la première console portable couleur de l'histoire et une des consoles qui ont le plus marqué les jeux vidéos, j'ai nommé la VCS2600, Atari sort la première console 64 bits, 100 fois plus puissante qu'une Super Nintendo ! Au départ, Atari travaillait sur un projet de console 32 bits, la Panther, mais finalement ce projet fut abandonné et la firme s'est fixée sur la Jaguar, annoncée en 1991 mais qui mit quelques années à arriver à majorité.
La première chose qui choque quand on voit la console, c'est l'allure des manettes, on dirait des téléphones ! C'est un peu comme celle du Falcon, un micro de la même marque. En effet, il y a plein de touches qui servent dans certains jeux, et on donne même parfois un plastique à appliquer dessus pour voir directement à quoi correspond telle ou telle touche. On peut noter aussi l'absence de capot protégeant le lecteur de cartouches (bonjour la poussière !), on peut supposer que c'est pour mieux mettre le CD-Rom, qui est un des nombreux accessoires de la consoles. Ce dernier peut lire les CD audio, les CD+G, les CD-Photo et bien entendu les CD Jaguar. Dans les nombreux accessoires on compte aussi un casque virtuel et un modem, ou encore une cartouche permettant, si l'on dispose du lecteur CD Jaguar, de lire les CD au format MPEG2.
La fabrication de la machine fut confiée à IBM, ce qui est un gage de qualité. La Jaguar est architecturée autour de deux processeur faits maison : Tom & Jerry (cool comme nom ! ). Tom est un processeur 64 bits dédié au calcul principal et à la vidéo, c'est en fait un ensemble de quatre puces : un processeur objet, un GPU (Graphic Processing Unit), un "blitter" (accélérateur graphique) et un contrôleur mémoire. Jerry est quand à lui un processeur 32 bits réservé au traitement des signaux numériques et plus particulièrement au son. Son principal constituant est un DSP (Digital Signal Processing). Sinon on a un 68000 classique (16 bits, donc), épaulé par les 2 MO de RAM.
Ca cartonnait pas mal aussi du point de vue graphique : la résolution pouvait atteindre 768 x 576 pixels en Full Overscan (l'image tient tout l'écran) en 16 millions de couleurs sans conflits de proximité (c'est le True Color 24 bits). Mais ça va encore plus loin : le codage des couleurs se fait en 32 bits : 24 bits pour la couleur et 8 bits pour l'Alpha Channel (ce sont les effet spéciaux attribués à chaque pixel). Le processeur RISC 64 bits permettait des animations parfaitement fluides ! En théorie, la vitesse d'animation était de 850 millions de pixels par seconde (soit environ 1900 images par seconde !). Mais bon, calmos, ce n'est que de la théorie. De plus tout ceci est épaulé par de effets spéciaux : scrollings hardware, sprites hardware sans limite de taille ni de nombre, zooms, rotations et déformations, et même un custom hardware pour le calcul des objets en 3D.
La 3D commençait à pointer le bout de son nez, on a donc ajouté à la Jaguar de quoi les exploiter, la console est capable de gérer en temps réel un univers 3D avec Gouraud Shading et Mapping de textures.
Quand au son, la console pouvait sortir 12 voies stéréo de synthèse en qualité CD (soit 16 bits stéréo en 44 kHz), on pouvait même aller jusqu'à 250 kHz !
La console n'a pas eu le succès attendu, d'une part à cause des moyens limités d'Atari, qui avait nettement perdu la forme depuis le début des années 90', et surtout, ce qui est lié, au manque d'enthousiasme des développeurs envers la machine qui paraissait avoir un avenir assez incertain. Résultat : peu de bons jeux, ce qui est vraiment dommage car la console promettait vraiment lors de sa sortie... Dans l'ensemble, même si quelques jeux sont assez impressionnants (ils l'étaient largement à l'époque), tels que Cybermorph pour la 3D ou Crescent Galaxy pour la 2D, on trouve des jeux d'une qualité un peu meilleure que les 16bits mais tout juste... Les jeux 3D sont en général non texturés, ce qui les rend moches à souhait. Mais que dire d'une partie de Tempest 2000 sinon que ce sont des heures passées sur un énorme jeu !