Chroniqué par Nicolas Gilles
Beaucoup de jeux indés jouent sur l'émotion, mais peu y parviennent comme Lost Words.Un jeu Stadia
Vous vous souvenez de Stadia, la plateforme de jeu de Google ? Non ? Pas grave, c'était un flop faute de jeux de qualité. Ou de jeux tout court.
Sauf que Lost Words était une exclusivité temporaire sur Stadia. Il arrive sur PC via Steam assez rapidement après, puis sur PS4, One et Switch. Bref, sur tous les supports quoi.
C'est le premier jeu du studio anglais Sketchbook Games, qui collabore ici avec Rhianna Pratchett, la fille de Terry, l'homme derrière le Disque Monde. Oui, une légende. Et on va voir que sa descendance a du talent aussi, si on n'en était pas encore convaincu.
Un jeu en deux parties
Lost Words Beyond The Page vous met dans la peau de... heu. Dans les peaux de...
D'un côté Izzy, une petite fille qui raconte tout à son journal, notamment son amour profond pour sa grand-mère.
De l'autre, une héroïne, issue de l'imagination d'Izzy. On se rend bien vite compte que les aventure de cette dernière ne sont que le reflet des interrogations d'Izzy.
Classique d'un jeu d'auteur, mais pas facile de traiter cela finement. Et c'est pourtant ce que fait Lost Words sans broncher, via une narration en deux parties.
Une histoire magnifiquement contée
D'un côté, on a Izzy qui s'adresse à son journal intime. La voix, doublée en anglais, est superbe de justesse et de finesse.
On saute d'un mot clé à un autre, on bouge des mots, le tout pour faire évoluer l'écriture du journal. Vu comme ça, cela peut sembler redondant, voir un peu plat. C'est tout le contraire.
On est régulièrement soufflé par le gameplay, certes minimaliste, mais qui colle tellement bien aux sentiments de cette petite fille.
C'est superbement écrit. Et justement, derrière l'écriture, on trouve Rhianna Pratchett, qui a déjà une belle expérience dans le jeu vidéo, avec Heavenly Sword, Mirror's Edge et Tomb Raider. Trois jeux qui marquent par la justesse de l'écriture de leur héroïne.
On suit les pensées de cette jeune fille, de ce qu'elle ressent pour sa grand-mère, c'est touchant, émouvant, simple et profond. Bref, c'est juste beau.
Des phases de gameplay plus classiques
Ensuite, Izzy imagine les aventures de son avatar, parti à la recherche d'un dragon qui a bousillé son village.
Là, c'est plus classique, peut-être un peu trop. On retrouve toujours cette voix off qui nous raconte tout ce qui passe par la tête de notre personnage, le tout étant également écrit un peu partout dans le décor. C'est très réussi, tant graphiquement qu'au niveau de l'interface.
Le jeu ne propose aucune difficulté. Aucune dextérité n'est requise, et les énigmes sont ultra simples. Le but est unique : l'aventure, le voyage.
Ces phases sont un gros cran en dessous de la maestria narrative des phases du journal, mais cela reste très agréable à parcourir.
Il faut entre cinq et six heures pour finir l'aventure, et c'est vraiment un voyage que je vous conseille de vivre !
Lost Words Beyond The Page sur Steam Deck
Lost Words est considéré comme jouable. Je vous conseille de changer la résolution. Aucune ne correspond à la résolution native de la console, mais dans la résolution supérieure on trouve tout de même un meilleur confort visuel. Pour le reste, c'est du tout bon !