Le 9820A de Hewlett-Packard fait partie de la série des 9800. Il est donc le 98000 Model 20. Cette machine est la troisième tentative de HP dans le monde des calculatrices. Car oui, malgré son poids énorme (environ 15 Kg !), cette grosse bête est une calculatrice programmable.
Niveau hardware, c’est très proche de HP 9810, le modèle précédent. La grande nouveauté est qu’elle est capable d’effectuer des calculs d’algèbre, avec parenthèses et tout. Cela est visualisé par l’écran à LED capable d’afficher une ligne de 16 caractères, ce qui rend le tout puissant mais finalement peu pratique. Reste qu’en 1972 il n’y avait pas beaucoup d’autres alternatives.
Il est donc possible de saisir une formule, avec des variables, et de l’exécuter via la commande dédiée. On travaille directement avec des registres, dans un langage assez proche de l’assembleur. C’est en fait une version très ancienne de ce qui deviendra le HPL, un langage mathématique maison développé par la marque. Les registres sont nommés A, B, C, X, Y et Z et peuvent chacun stocker un nombre.
Autant dire que son utilisation était réservée aux seuls connaisseurs. Des informaticiens, certes, mais ils sont alors très peu nombreux, et surtout pas sur ces sortes de grosses machines à calculer. Non, c’étaient plutôt les mathématiciens et autres chercheurs qui s’en servaient, et devaient pour cela apprendre les rudiments d’assembleur sous forme de phrases obscures du genre INPUT A et consorts.

Le HP 9820A.
Avant d’utiliser la notation algébrique, les machines de Hewlett-Packard fonctionnaient avec le system RPN (Reverse Polish Notation). Ce système permet des calculs complexes en utilisant une pile de résultats (le stack), reste qu’il est difficile à maitriser face à l’algèbre classique.
Le fonctionnement du 9820A est simple : on entre de l’algèbre, et il le transforme en RPN de façon transparente pour l’utilisateur. Si on a besoin de corriger une ligne, il décompile la ligne en question du RPN vers l’algèbre pour l’afficher à nouveau. Pas bête, même si cette abstraction supplémentaire demande un peu plus de puissance à la machine.
Pour étendre les capacités, on peut insérer jusqu’à trois cartouches de programme. Les trois ports cartouches sont situés juste au dessus de l’écran à LED. Juste en face, on trouve trois blocs de deux rangées de touches chacun, qui peuvent accueillir les touches spécialement assignées par ces cartouches. Il est d’ailleurs possible de mettre un overlay sur ces minis claviers afin de s’y retrouver plus facilement. Ils sont en métal et sont bloqués par des petits loquets, ce qui évite de les perdre.
Ces cartouches valaient très cher, par exemple, la cartouche offrant des fonctions mathématiques supplémentaires coûtait la bagatelle de 485 dollars ! C’était tout de même une bonne idée car, plutôt que de proposer une machine aux capacités larges, HP proposait un outil modifiable permettant de baisser un prix déjà très élevé.

La bête vue de dos.
Afin d’éviter de perdre ses calculs et récupérer le fruit de ses recherches, il est possible de les imprimer via l’imprimante thermique 16 colonnes intégrée ou le lecteur de cartes magnétiques, lui aussi intégré.
Côté accessoires, il est même possible d’enregistrer des programmes via un lecteur optique et un lecteur de mini cassettes.
A peine un an plus tard, HP mettra sur le marché le 9821A, quasiment identique. La principale différence vient du fait qu’il n’intègre plus un lecteur de cartes magnétiques, mais un lecteur de cassettes bien plus pratique et permettant un plus gros stockage.