Chroniqué par Nicolas Gilles
Le RPG japonais est en crise, c'est un fait. En plus d'être de qualité souvent en dessous de ce à quoi on était habitués, les sorties de l'époque Playstation 3, Xbox 360 et Wii se font très rares. Alors autant dire que Xenoblade Chronicles était attendu comme le messie.Déjà, il faut revenir sur la personne à l'origine de Xenoblade Chronicles, qui n'est autre que le papa de Xenogears et Xenosaga... Autant dire des jeux particulièrement marquants.
Les RPG de la vague 2007-2010 ne m'ont pratiquement pas fait rêver. En dehors de Eternal Sonata et Resonance of Fate, peu ont retenu mon attention. Pire, certains, comme Star Ocean The Last Hope ou Final Fantasy XIII m'ont donné une belle impression de se froutre de moi tant c'était naze et gnan gnan.
Xenoblade Chronicles sur Wii.
Ce qui m'intéresse le plus dans un RPG, c'est son scénario. Si celui de Xenoblade Chronicles commence de façon très classique, avec le jeune blondinet passionné et un peu con con qui va se retrouver dans des aventures de folie, la progression de l'histoire laisse vite de côté le manchéisme inhérent à la plupart des productions japonaises du genre. Ici, les adversaires ont partent de postulats qui, s'ils ne sont pas forcément acceptables, n'en restent pas moins expliqués et plausibles. Je n'en dirais pas plus sur le scénario, vous laissant le plaisir de le découvrir tant il vaut le coup.
Encore une fois, le principal point faible de Xenoblade Chronicles, c'est son support : la Wii n'est pas une console HD, et cela se ressent dans la réalisation. La console de Nintendo a beau cracher ses tripes, on a un aspect clairement dépassé dans la tête lorsque l'on joue pendant les premières heures. Cela passe vite, et la direction artistique splendide rattrape le tout, mais c'est tout de même assez dommage : le meilleur RPG du passage à la HD... n'est pas en HD. On peut également parler des musiques, immersives, tantôt discrètes, tantôt grandioses, qui viennent si bien parfaire l'expérience de jeu que l'on a envie de s'acheter le CD de la bande originale.
La durée de vie est dantesque. L'aventure principale est déjà vraiment longue, mais en plus les quêtes annexes sont variées et extrêmement variées. Certaines se font même de façon totalement transparent pour qui explorera un peu les environs. Et le tout est tellement magnifique que l'on ne manquera pas de le faire.
De plus, cela est facilité par les fines modifications apportées au gameplay. Lorsque l'on se déplace, on voit les monstres et, lorsque l'on a un niveau suffisamment élevés, les "petits" monstres ne viennent plus vous chercher des noises. Ca n'a l'air de rien, mais cela facilite grandement l'exploration.
Ainsi, le jeu fourmille de ces petites innovations qui facilitent la vie du joueur sans pour autant le rendre totalement assisté. Les univers traversés sont variés et relativement ouverts, on est loin des couloirs auxquels nous ont habitués les contemporains de Xenoblade Chronicles. Il est même possible
Même le système de combat sait mêler classissisme et modernité, le tout saupoudré d'un dynamisme rarement rencontré jusque là. Même pour les monstes faiblards, vous devrez vous concentrer. Il est loin le temps où le leveling se faisait à grand coup de bouton d'action en lisant un bouquin à côté Dragon Quest style, génial, mais très différent). On se déplace, on choisi ses actions qui se rechargent petit à petit, le tout en temps réel. C'est assez compliqué au départ, mais cela devient très vite limpide. Mieux que ça, le jeu vous propose des finesses alors que vous avez déjà dix ou vingts heures de jeu au compteur.
En revanche, je regrette une fin de jeu assez abrupte au niveau de la difficulté. Après avoir passé plus de soixante heures sur le jeu, les derniers passages ont été une vraie calamité pour moi : leveling à outrance alors qu'il était jusque là assez discret pour ne pas me pomper l'air, le tout via une difficulté beaucoup trop revue à la hausse. C'est dommage, car après toutes ces heures s'était installé en moi une certaine lassitude : j'en avais marre de courir après les monstres et voulait enfin avoir le dénouement de l'histoire. Cela m'a profondément plombé le plaisir, si bien que j'ai longuement hésité avant de lui mettre la note maximale.