Après Atari, Sega, Bandai ou encore SNK, c’est au tour de Sony de se mesurer à Nintendo et son hégémonique Game Boy. Logiquement nommée PSP – pour PlayStation Portable – la console joue sur le terrain de la puissance.
Ici, pas de principe novateur comme le fait Nintendo avec sa DS qui joue sur la présence de deux écrans dont l’un est tactile. Non, rien de tout cela. Ici, c’est une console pour hardcore gamers, proposant assez de puissance pour pouvoir égaler les jeux de salon en termes de rendu.
Non content de cette annonce, Sony continue en annonçant des possibilités multimédia à sa portable. La console utilise un format propriétaire, l’UMD (pour Universal Media Disc) afin de lire les jeux. Avec ceci, impossible de les copier, enfin, en théorie.
Concernant les sauvegardes, la machine va beaucoup plus loin. Utilisant le format de Sony, le Memory Stick Duo, il est possible de stocker des données de types images, son et même vidéos !
Le visualiseur d’images est rapide et bien fait. Très simple, il affiche des miniatures des images à la suite, et avec la croix directionnelle il suffi de choisir l’image afin de l’agrandir. L’image est alors affichée de façon à pouvoir tenir sur l’écran de la PSP.
Les musiques écoutables sont principalement au format MP3. Il est aussi possible d’utiliser le format propriétaire de Sony, ATRAC. Tout fonctionne assez bien mais les hauts parleurs de la console, s’ils sont de bonne qualité, ne suffisent pas pour en faire un bon walkman. Même si on met des écouteurs, le son est tellement faible que dans le métro par exemple, on risque fort de ne rien entendre du tout. Cela ne reste donc qu’un gadget.
Niveau vidéo, c’est du MP4 qu’il faut. Sony vend à part un logiciel permettant d’encoder ses vidéos. Il est ainsi possible de faire tenir sur une Memory Stick de 512 Mo deux films en qualité correcte.
Pour ceux qui veulent bidouiller directement sur la carte, sachez qu’il faut créer les sous répertoires MUSIC, PHOTO et VIDEO dans le répertoire PSP de la Memory Stick et d’y stocker les fichiers concernés. Par contre, pour le répertoire VIDEO, il semble que seuls certains formats sont lisibles dans ce répertoire, il faut bidouiller autrement pour mettre les films au format MP4 par exemple.
La PSP est son écran d'une qualité incroyable.
Toujours pour rester dans les films, il faut aussi savoir que le format UMD ne propose pas que des jeux. On trouve aussi des films et des concerts.
Vendus aux environs de 20 euros, on peut énormément douter de l’intérêt de la chose. Pourquoi sortir des films sur ce média lorsque l’on sait que l’on ne pourra pas les regarder tranquillement dans son canapé ? Parce que bien entendu, il est impossible de brancher la PSP sur un écran de télévision. Seule la presse le peut pour pouvoir faire elle-même ses captures d’écran. En dehors de ça, point de salut !
Bref, avec tout cela, Sony veut faire de sa PSP le « Walkman du 21ème siècle » selon les dires de certains responsables de la marque.
Certains éditeurs tiers vont même sortir des kits home cinéma pour PSP, le comble de l’inutile qui vaut quand même la bagatelle de 75 euros.
La machine arrive sur le sol japonais le 12 décembre 2004. Dès le premier jour, ce sont environ 200 000 unités qui sont vendues.
Se pose alors la question du marketing. Sony se taille la mauvaise réputation d’avoir acheté le marché lors de la sortie de sa première Playstation, pour la simple et bonne raison qu’en tant que multinationale, elle pouvait se permettre de faire les choses en grand. Il en est exactement de même pour la PSP où les rues de Tokyo sont inondées de publicités pour la nouvelle console environ trois semaines avant sa sortie. Des bornes non jouables mais présentant la console avec des vidéos auront donné l’eau à la bouche à plus d’un passant dans le métro japonais. Impossible non plus de manquer la PSP géante de près de huit mètres situées dans le gare centrale.
La boîte, tout aussi classieuse et toute petite.
Comme à chaque fois pour la sortie d’un jeu vidéo très attendu, les japonais font la queue devant les magasins des heures avant leur ouverture. Il faut alors avoir réservé sa console au préalable car la disette guette. Les consoles sont très rapidement toutes écoulées, et le marché noir fait alors rage malgré les précautions prises par Sony : une seule console par personne et par magasin !
La machine est disponible sous deux versions : la console seule, et un value pack, vendu 50 euros plus cher. Il contient des accessoires en plus tels qu’une Memory Stick de 32 Mo (largement suffisante pour les sauvegardes des jeux mais absolument pas assez pour des activités multimédia), une housse sympa mais pas assez solide et des écouteurs de qualité moyenne.
Le quotidien économique américain Bloomberg annonce le lendemain que 171 963 PSP ont été vendues la veille, soit 85% des consoles disponibles qui ont été déjà trouvé acquéreur. Ainsi, le 13 au soir, il est impossible de trouver une PSP neuve en magasin. Ebay accueillera donc des PSP vendues à prix d’or. On frôle alors le grand n’importe quoi lorsque l’on voit certains exemplaires partir à environ 1 500 euros…
Les jeux présents à la sortie ne sont pas légion, mais ils apportent tout de même une bonne qualité. Comme à l’accoutumée avec Namco, c’est principalement Ridge Racers, une compilation des meilleurs circuits de la série qui tient le haut du pavé. Le premier opus ayant étrenné la Playstation tandis que Ridge Racer V inaugurait la Playstaion 2, il n’était pas étonnant de voir arriver cette compilation. La réalisation est hallucinante pour une console portable, et le fun est bel et bien présent.
Les autres jeux sympas présents à la sortie sont :
- Lumines, un jeu de réflexion génialissime que l’on doit au créateur de REZ.
- Everybody’s Golf, un classique du genre, avec un gameplay très axé arcade. Il peut ainsi convenir à tous les joueurs.
- Vampire Chronicles (qui deviendra Darkstalkers chez nous), un jeu de baston en 2D très bon, mais uniquement si on prend la peine de le ramener en 4/3, l’écran de la PSP s’y prêtant très peu.
D’autres jeux comme un Mah Jong ou un Armored Core demandant de comprendre le japonais sont eux aussi présents.
Les boîtes de jeux reprennent le format DVD mais en les faisant un peu moins large.
Rapidement, d’autres jeux arrivent, avec principalement Metal Gear Ac!d. Très attendu par les fans de la série, il va énormément décevoir… tout simplement car si c’est bien Snake que l’on retrouve, c’est dans un Tactical RPG très bon, mais aux antipodes du principe d’un MGS classique ! Il n’en reste pas moins que le jeu, sans être inoubliable, constitue un très bon investissement.
Des classiques comme Puyo Puyo Fever ou Puzzle Bobble Pocket permettront de se défouler en attendant mieux.
Avec l’Internet, il est possible de suivre à l’heure près ce qui se passe. Et malgré le manque de consoles disponibles, difficilement réapprovisionnées par Sony, beaucoup envisagent de se tourner vers le marché de l’import, d’autant que cette dernière n’est pas zonée et permet de passer les jeux de tout pays sans modification.
Comme souvent sur le net, les rumeurs vont bon train. La PSP est fabriquée en grande série par Sony. Les écrans Sharp sont d’une qualité hallucinante mais le tout est vendu à un prix juste un peu plus élevé que celui de la Nintendo DS. La finition est plutôt bonne, mais la machine parait fragile. Parmi les plus grands défauts, on trouve :
- Les gâchettes du dessus qui se cassent : honnêtement, il faut vraiment y aller fort pour les fracasser.
- Le bouton carré qui a du mal à remonter. Il sera corrigé pour la version européenne, et seulement peu de consoles connaîtront le problème.
- L’écran. Cet écran si beau et lumineux va faire couler beaucoup d’encre à cause de ses pixels défectueux. Il est à lui seul le principal frein à l’import de la console par des particuliers. Cela ravira très certainement Sony qui va finir par attaquer le site de vente par correspondance Lik-Sang pour vendre à l’étranger des jeux réservés aux marchés américains et européens.
La console utilise un format propriétaire, l'UMD, capable d'embarquer jusqu'à 1.8 Go de données.
Beaucoup de consoles ont donc des pixels de morts, et la politique de Sony sur le sujet est extrêmement floue. Là où Nintendo change sa DS pour un pixel de mort, le géant de la Playstation fait beaucoup plus la sourde oreille.
C’est ainsi que dès sa sortie, la portable se traine un énorme boulet de belle console, mais mal fabriquée. Et lorsque l’on voit la qualité des premières séries de Playstation (1 comme 2), on n’est pas étonné que les joueurs soient réticents.
Il ne faut tout de même pas exagérer, beaucoup de consoles disposent d’un ou deux pixels morts, mais rien de plus. La matrice est tellement fine qu’il faut vraiment écarquiller les yeux pour les voir en pleine partie de Ridge Racer par exemple. Il n’en reste pas moins que pour une console de ce prix et de cette qualité technique, cela vient gravement entacher le tableau et confirmer Sony dans son image de firme à console jetable.
De même, les rumeurs annonçaient une console à près de 500 dollars et d’une autonomie d’une heure… Comme quoi, il ne faut pas apporter de crédit à ces racontars. La console est chère, son autonomie est réduite (de 2 à 6 heures de jeu en fonction des réglages pour une heure et demi de charge), mais tout de même !
La PSP arrive aux Etats-Unis le 24 mars 2005. Comme pour le Japon, les deux sortes de packs sont disponibles. Le value pack est vendu pour 249 dollars. Un million d’exemplaires sont alors prévus sur les deux premières semaines de lancement. 24 jeux sont alors disponibles, reprenant pas mal de hits déjà présents sur le marché japonais, mais aussi nombre de jeux de sport, marché américain oblige.
Concernant l’Europe, il faut attendre encore plus longtemps. C’est le premier septembre que la console arrive tout de même sur le sol Français.
Sony a commencé le battage depuis le mois de Juin où tous les possesseurs de consoles enregistrées chez Sony ont reçu une lettre portant la mention PSP : Les Premiers Seront les Premiers… Il fallait la trouver celle là quand même… Un petit bouquin de la console grandeur nature permet de donner l’eau à la bouche et de la réserver.
A partir du mois de juillet, ce sont ceux qui ne sont pas enregistrés chez Sony qui peuvent à leur tour précommander la bête. L’attente se fait anxieuse : on sait que Sony a du mal à sortir assez de PSP pour tout le monde, y en aura-t-il assez même pour les précommandes ?
Ridge Racer : LE jeu qui a marqué la sortie de la console.
Tout comme pour la Playstation 2, Sony lance en grandes pompes sa PSP le premier septembre à minuit, au Virgin des Champs Elysées. Cette fois, ce ne sera pas la baston que l’on appréhendait. Seulement mille consoles seront vendues, et on trouvera pratiquement autant de gens venus pour se faire voir que de joueurs venus acheter la console. La PSP est un objet à la mode, et cette soirée ne fait que corroborer cette thèse.
En réalité, 150 000 consoles sont prévues pour le marché français. On compte 50 000 précommandes. Elles se vendent alors très bien, mais il en faut plus pour tomber en manque de matière première.
La console n’est vendue qu’en Value Pack, au prix de 249 euros… A croire que les gens de chez Sony ne sont pas au courant que le prix du dollar n’est plus celui de l’euro depuis quelques années déjà. Il en va de même pour les jeux, vendus 49 euros. Pas étonnant que bon nombre de joueurs se tournent alors vers le marché de l’import, on y gagne presque 10 euros par jeu ! Cela est bien entendu totalement déconseillé par Sony qui ne le voit pas de cet œil.
Les modèles de PSP disponibles pour la sortie européenne disposent non pas d’écrans Sharp, mais de Samsung. On en entend déjà qui hurlent au petits poids de cette trahison. Au niveau du rendu, on ne voit aucune différence. Par contre, la fameuse ombre des pixels morts semble être beaucoup plus présente sur les écrans Samsung que sur le Sharp.
Ces fameux pixels défectueux se déclarent dans les premières minutes de jeu pour leur grande majorité…
On peut aussi parler du firmware de la console, c'est-à-dire le logiciel interne. A l’instar d’un lecteur DVD DivX de salon, il est possible de le mettre à jour. Les consoles pour la sortie européenne sont en 1.52 (un firmware qui ne laisse pas passer les jeux faits maisons, dits homebrew), mais une étiquette écrite en gros caractères rouges impose (oui oui impose) de passer en 2.0 via le disque de démo fourni avec le value pack. L’intérêt est moindre, ce dernier n’apporte que quelques nouveautés comme la présence d’un navigateur web (qui permet de surfer via la fonction Wifi) ou des logiciels internes plus facilement paramétrables. Cette mise à jour présente sur UMD est alors extrêmement fiable et simple a réaliser. Un très bon point pour Sony. Ce qui est moins sympa, c’est que pour contrer le piratage, la firme va sortir régulièrement de nouveaux firmwares dont les derniers jeux auront besoin pour pouvoir tourner.
Tout cela est clairement dommage car le hamebrew ou les émulateurs auraient été un très bon point for pour la console, comme ça a été le cas pour la GP32… C’est même ce qui a sauvé cette dernière d’un naufrage immédiat. Mais Sony n’est pas Game Park, la comparaison s’arrête donc là.
Medievil est sorti en même temps que la console européenne.
Avec 22 jeux pour la sortie, les joueurs français n’ont que l’embarras du choix. Medievil (une adaptation du premier opus initialement paru sur Playstation) est vraiment excellent, de même que Virtua Tennis ou Tony Hawk 2. Mais, mais ? Tous ces jeux sont déjà sortis sur console de salon ?
Eh oui, la PSP ne se contente à ses début que de simples adaptations, encore une pierre à lancer dans la gueule de ces éditeurs pas foutus de risquer quoi que ce soit. D'un autre côté, cela s'explique par la baisse des ventes de jeux vidéo qui sévit depuis les années 2000 et pousse les éditeurs à tâcher de ne pas risquer leur peau à chaque sortie.
Le 20 octobre, Sony annonce la sortie européenne du Giga pack, une nouvelle déclinaison qui propose principalement un câble USB et surtout une Memory Stick Duo de 1 Go. Le tout pour 299 euros, c'est beaucoup moins cher que d'acheter le tout séparément.
Parallèlement, il est annoncé que 10 millions d'unités de PSP ont été écoulées de part le monde, ce qui souligne la bonne vitalité de la nouvelle petite console.
Pour finir, nous ajouterons un petit laïus sur la gueguerre qui a fait rage entre les partisans de la PSP et ceux de la DS.
Cette discussion est aussi stérile qu’inutile. Comment comparer deux consoles qui n’ont ni la même puissance, ni le même type de jeux ?
D’un côté nous avons la DS qui propose des jeux simples (tant graphiquement que techniquement), mais qui reposent sur des principes originaux et extrêmement funs. Ils permettent alors à n’importe qui de jouer et de se faire plaisir, même si c’est la première fois que la personne touche à une console.
On peut par contre reprocher à ces Pac Pix et autres Yoshi d’être trop simplistes et vite lassants, ou même d’être trop gamins pour vraiment intéresser leur monde.
La PSP, quant à elle, propose une puissance jusque là jamais vue. Il est donc possible d’en tirer parti afin d’avoir des jeux beaucoup plus profonds scénaristiquement et au niveau de la mise en scène. Evidemment, certains râleurs trouveront toujours à dire qu’une console de salon, ils préfèrent y jouer dans leur canapé devant une bonne grande télé.
Après, le choix de la console est purement subjectif, et chaque machine a ses points forts et ses points faibles… avec son lot de perles, qui pousseront tout passionné à se prendre les deux, tout simplement.