Chroniqué par Nicolas Gilles
Quand un grand ancien est exhumé, ça fait toujours un peu peur : que va-t-on trouver ? Ici, un truc plutôt moyen.Un jeu de fans
R-Type Final 2 est issu du financement participatif. Et dans le jeu vidéo, depuis quelques années, ce n'est pas forcément ultra courant tant il y a eu de déconvenues dans le secteur. Pourtant, le développeur Granzella s'il colle.
Mais voilà, reprendre le flambeau d'un mythe comme R-Type, c'est typiquement le projet qui sied parfaitement au crowdfunding. Le financement est donc lancé sur Kickstarter, et il figurera même dans la rubrique "coups de coeur".
Granzella semble sortir de nulle part. Il a bien sorti quelques trucs depuis 2017, mais rien de bien connu. Pourtant, il est composé de quelques anciens membres de chez Irem... le développeur historique de R-Type. De quoi donner confiance, d'autant que l'homme à l'origine de R-Type Final (sorti en 2004 sur Playstation), Kujo Kazuma, fait partie de l'aventure.
8 051 contributeurs répondront présents, et le projet récoltera 98 863 825 ¥ sur les 45 000 000 ¥ demandés. Quand on sait que le seuil de financement pour ce genre de projet est souvent très largement sous évalué (histoire de pouvoir communiquer sur des "150% financés !!!!"), on se dit que c'est loin d'être un succès.
Objectif : le meilleur shoot'em up du monde. On repassera.
"R-Type Final 2, Aiming for a Brand-New, the Best Shmup Ever", c'est ce que proclame fièrement la page Kickstarter. Une fois la manette en mains, on se rend compte que l'on n'a pas vraiment la même notion des choses. Mais c'est le soucis des pages Kickstarter, si on ne fait pas la pute aux clics - et surtout aux financements - on ne récolte pas grand chose.
La promesse, c'était un jeu moderne tout en gardant les marqueurs de la série. Le soucis, c'est que ces marqueurs datent de 1987...
Du coup, la première chose que l'on constate après avoir lancé le jeu, c'est que le vaisseau est particulièrement lent... Mais c'était déjà la marque de fabrique à l'époque.
Derrière sa 3D et ses effets visuels, R-Type Final 2 est donc un grand ancien, rétro, voir rétrograde. Mais c'est totalement assumé.
Reprise du classique
Le gameplay typique du jeu est ici fort heureusement préservé.
On tapote le bouton pour tirer et on charge son tir pour une attaque puissante en restant appuyé.
De même, le fameux module est toujours de la partie : il vous permet de tirer avec votre arme secondaire mais, ce qui est tout particulièrement intéressant, c'est que vous pouvez le lancer. Comme il est invincible, vous pouvez même l'utiliser comme arme à lui tout seul.
Si vous avez déjà joué à R-Type (ce qui est certainement le cas si vous trainez sur ce site), cela ne vous surprendra donc pas.
Ce qui est plus original, c'est que les trois vaisseaux disponibles au début du jeu peuvent être améliorés.
Une réalisation plutôt moyenne
R-Type Final 2 fait ce que tous les classiques du shoot font lorsqu'ils passent à la 3D : le gameplay reste en 2D, mais on ajoute à l'ensemble tout plein d'effet de 3D, de profondeur, etc.
Ici, l'ensemble reste assez lisible, même si techniquement on sent bien que l'on est face à un jeu à petit budget. Mais cela reste tout à fait regardable, bien que très froid et peu inspiré. On a l'impression d'avoir vu ça des milliers de fois.
Même chose pour les musiques : pourquoi tous les shoots récents utilisent une vieille dance / techno / transe pourrie ? On n'est plus dans les années 90 pour devoir subit ça !
Un jeu qui ne pardonne RIEN
Là où R-Type Final 2 s'insère parfaitement dans la série, c'est par sa difficulté, et par le fait qu'il ne pardonne rien au joueur. Une erreur, un tir non évité, et boum ! Retour au check point. Les vies sont très limitées, de même que les continus.
Il y a bien un bouton pour ralentir l'action, mais vu que tout est déjà plutôt lent, cela est en réalité pratiquement inutile.
Il y a bien plusieurs modes de difficulté, mais même en mode entraînement, même si c'est très lent, même si vous vous concentrez, eh bien vous allez perdre. C'est une certitude. C'est en tout cas mon cas, handicapé du pad que je suis.
Du coup, j'ai le même problème avec cet épisode qu'avec tous les R-Type : c'est trop dur pour moi. Trop frustrant.
Le soucis, c'est que la réalisation n'est pas forcément à la hauteur : le hit point est énorme, si bien que l'on se dit régulièrement que c'est abusé. Pourtant, ça ne tire pas dans tous les sens, R-Type c'est un peu le papi du shoot, l'anti manic shooter. Du coup, on finit par baisser les bras et jouer à autre chose. Tant pis pour le grand ancien.