Chroniqué par Nicolas Gilles
Trip artistique autobiographique ou jeu mis en avant par des critiques en mal de reconnaissance pour leur média fétiche (le jeu vidéo) ? A vous de voir.Papo & Yo, c'est l'histoire d'un petit garçon qui joue dans le monde morne de ses favelas, ces bidons-villes que l'on trouve à la bordure des villes d'Amérique du Sud. On se retrouve donc vite face à un onirisme visiblement là pour combattre la grisaille du monde réel.
Sous la forme d'un puzzle game, notre personnage active des rouages fantasmés et joue avec l'architecture locale, déplaçant des maisons pour en faire un pont qui lui permettra de continuer son aventure... Jusqu'à ce que l'on rencontre Monstre. Le jeu n'est pas bavard, mais on comprend bien vite que notre Montre a des soucis : il n'arrête pas de bouffer des fruits et, lorsqu'il s'empiffre une grenouille, il devient rouge de colère, au point qu'il va vous en mettre plein la figure.
Papo & Yo sur Playstation 3.
Et c'est là le point central du jeu : derrière un petit jeu de réflexion à la direction artistiques franchement pas folichonne se cache un jeu autobiographique. Oui, l'auteur, Vander Caballero, se base sur son enfance d'enfant battu par un père alcoolique pour raconter l'histoire de Papo & Yo.
Il faut avouer que mettre ses tripes comme ça dans un jeu, ce n'est vraiment pas banal. Mais de là à crier au génie et au courage comme certains l'ont fait, il ne faudrait pas non plus exagérer, d'autant qu'une idée, aussi sincère soit-elle, n'est pas forcément ultime, surtout quand elle est traitée de façon hasardeuse.
Le jeu ne prend que quelques heures (quatre environ) pour en voir le dénouement. Il n'y a donc pas vraiment à se prendre la tête. Les mécaniques de jeu se renouvellement peu, mais la lassitude ne s'installe jamais vraiment. Simplement, en ce qui me concerne, j'étais loin de jubiler à l'idée de continuer ma partie. Il faut croire que le monde à la fois coloré et gris des favelas m'avait foutu le moral à zéro.
Le jeu est sensé jouer sur les émotions... En abordant un sujet aussi tabou que l'alcoolisme et la maltraitance, il y avait de bonnes bases. Le soucis, c'est que l'ensemble est beaucoup trop lourdingue et trop prévisible pour faire ressentir quoi que ce soit. Si le jeu s'inspire souvent d'un Ico, les auteurs n'ont certainement pas le talent d'un Ueda.