Chroniqué par Nicolas Gilles
Si comme moi vous êtes sujet au vertige, il vaudrait mieux prévoir une ceinture pour vous attacher à votre canapé tant Mirror's Edge joue avec le vide.Après Dead Space, Mirror's Edge est l'autre nouvelle licence lancée par Electronic Arts. Dans un monde dominé par les licences et autres suites à rallonge - et dont l'éditeur ne se prive pas pour autant - on ne peut que saluer l'effort. D'autant que non content de proposer un nouvel univers, le titre tâche d'apporter une bonne goulée d'air frais aux joueurs.
Le scénario est très bateau, et pioche allègrement dans tous les films et romans d'anticipation connus. Dans un avenir pas si lointain, la vie des hommes est totalement régulée. Il n'y a presque plus de crimes tant les gens sont formatés. Seule une poignée continuent de tâcher de penser par eux-même. Dans cet univers où toutes les communications sont surveillées, ils utilisent des messagers, qui se baladent d'immeuble en immeuble afin de faire passer des informations au sein de cette mégalopole. Vous êtes l'un - ou plutôt l'une, Faith - d'entre eux.
Mirror's Edge apporte un peu de fraicheur et d'innovation de gameplay.
Vous serez impliquée malgré vous dans un imbroglio politique autour d'un meurtre dont votre soeur - une flic - est accusée.
Tout au long du jeu, on n'arrive que difficilement à rentrer dans l'histoire, malgré des cut scène très sylées qui rappellent la patte visuelle de Killer 7. Seule la fin fait preuve d'un peu de piment. Rappelons-nous toutefois que cet épisode est le premier d'une trilogie, qui prendra certainement son envol scénaristique dans les deux suivants.
Mais ce n'est finalement pas si grave si le contexte est peu étoffé. Ce qui prime dans Mirror's Edge, c'est le jeu en lui-même, et c'est bien là le principal. En vue subjective, vous devrez vous trimbaler en sautant d'immeuble en immeuble. Tout se passe généralement très haut, et l'effet de vertige et particulièrement bien rendu.
La représentation graphique est splendide : tout est stylisé et lissé, un peu comme la vie de vos concitoyens. Lors de vos déplacement, le focus changera, rendant certains éléments flous et d'autres pas. De même, lorsque vous sortez à l'extérieur, il faudra un petit temps d'adaptation pour apréhender ce qui vous entoure. Très réaliste, immersif, et ne nuisant pas au gameplay, bien au contraire !
Le sens urbain vous permet de définir les éléments qui pourront vous servir à vous déplacer, telle une planche, un tuyau, etc. La musique sait se faire discrète, pour intégrer parfaitement l'action. A l'image de Dead Space, c'est vraiment du grand art.
La maniabilité est assez particulière. On pourrait s'imaginer jouer à un FPS, mais une fois la manette en main, on se retrouve avec un jeu d'acrobaties en vue subjective, un peu comme si on voyait l'action des yeux du prince de Prince of Persia ou d'Altaïr dans Assassin's Creed. On ressent la même facilité à évoluer parmi le décor, avec ce même côté grisant et un peu plus renforcé puisqu'en vue subjective.
Ainsi, vous sentez vraiment que vous êtes à pied. Par exemple, pour prendre de la vitesse, il faut simplement prendre de l'élan.
Le jeu est particulièrement stylisé.
Malheureusement, le jeu souffre du syndrome Tomb Raider, ou Rick Dangerous, comme vous préférez. A savoir que vous devrez recommencer un sacré paquet de fois certains passages. La maniabilité n'est pourtant pas mauvaise, mais le fait de courir vous fait parfois vous décaler et rater la fameuse corniche en face, imposant dans certains cas un petit côté chance particulièrement désagréable.
Et on touche ici au gros point faible du jeu : il est aussi jubilatoire et grisant qu'énervant. On passe son temps à pester contre ces foutus développeurs qui ont placé la corniche un poil trop loin.
Il en va de même avec les phases de baston. La règle est simple : même si vous pouvez combattre et désarmer les ennemis et même récupérer leur arme (on passe alors dans une phase de pur FPS, mais avec un chargeur très très limité), la règle d'or est simple : barrez-vous ! Il est donc parfois frustrant de ne pas pouvoir rentrer dans le tas mais plutôt de détaler comme un lapin.
Un dernier mot sur la durée de vie, très limitée. Chacune des neufs missions que compte Mirror's Edge se termine en environ trente à quarante-cinq minutes, ce qui fait très peu.
Ce n'est finalement pas si mal, dans le cas contraire il aurait certainement fallu que je m'achète une nouvelle manette pour remplacer celle qui était passé par la fenêtre.