Mardi 17 mai 2005. Fabrice sonne en bas de chez moi. Nous prenons la route pour traverser Nevers, nos deux voitures chargées de quelques pièces qui ont fait l'histoire de la micro-informatique et des jeux vidéo. Direction le Collège Adam Billaut où nous attend un professeur de ce collège, qui nous a demandé de préparer cette petite expo. Très rapidement arrivés, nous nous installons bien vite sur les tables qui nous ont été préparées dans le CDI. Nous avons le plaisir de découvrir quelques téléviseurs de bonne taille qui vont nous permettre de proposer une meilleure qualité visuelle aux élèves... et ainsi mieux souligner la taille des pixels gros comme mon pouce.
Les machines sont vites installées et la première classe ne tarde pas à arriver. Nous ne savons pas trop comment nous y prendre. En effet, cette fois, il n'est pas question de collectionneurs ou même de passionnés. Bien au contraire, c'est un public de novices, pas forcément intéressé par la vieille informatique ou les anciens jeux vidéo.
Nous abordons donc le concept par le biais du ludique : peu de machines ne proposent pas de jeu tandis toutes les autres présentent un petit best of de ce qui se fait de mieuxs.
Les enfants étant encore debout, nous commençons par une petite présentation orale de ce cette exposition. Une fois ces grandes lignes passées, quelques coups de coudes permettent à chacun de se faufiler jusqu'à une chaise où, la manette entre les mains et les yeux rivés sur l'écran, chacun attend de pouvoir découvrir ce cours pour le moins incongru. Les machines n'étant pas toutes allumées, c'est un peu la loterie !
A notre grand étonnement, aucun gosse ne tourne clairement le dos aux jeux. Bien au contraire : l'énorme majorité s'intéressent énormément à la chose, si bien que nombre d'entre eux nous demandent combien de temps nous restons et s'ils peuvent revenir entre midi et deux.
Concernant le TI99/4A, c'est TI Invaders et surtout Burger Time qui remportent le plus de succès. Certains apprécient aussi tout particulièrement les échecs. Le Tennis de l'Exltel présent juste à côté aura beaucoup chauffé, ce qui n'étonnera pas les amateurs de la marque.
Lorsqu'il est question de brancher des vieux ordinateurs et consoles, la question de leur état vient bien évidemment à l'esprit. La chance est de notre côté puisque nous n'aurons à déplorer qu'un seul problème technique. C'est l'Apple IIe qui fera des siennes, avec un lecteur de disquettes fatigué. Fort heureusement, Fabrice n'a qu'à jouer quelques minutes du tournevis pour redonner du coeur à l'ouvrage à cet ancêtre. Il est alors possible de goûter aux joies d'un clone de Night Driver avec les contrôleurs si particuliers de la machine, ou encore au classique Frogger.
Concernant ce dernier, on peut d'ailleurs noter que ce qui est pour nous un classiques reste tout aussi exceptionnel pour les gens qui ne connaissent pas encore le jeu. Nos élèves n'étant qu'en sixième, aucun ne connait ce jeu légendaire. Pourtant, aucun ne s'y trompera : c'est une valeure sûre !
L'Apple II GS juste à côté propose quand à lui un jeu de Bowling simpliste mais très efficace. Comme dit précédemment, le Mac 512 se contente de présenter son interface graphique. Cela ne plais que très moyennement aux élèves venus se poser juste en face : s'attendant à trouver un jeu, il est assez difficile de leur faire essayer de voir les différences avec un Windows actuel !
La Coleco propose pas mal de jeux. Zaxxon, avec sa représentation en 3D isométrique, est loin de faire l'unanimité. Venture connaît le même problème, avec son aventure beaucoup trop dépouillée pour intéresser nos bambins. Lady Bug est connu de la plupart des enfants, qui malgré leur jeune âge connaissent bien Pac Man. Le plus utilisé est les Schtroumpfs. Son côté plates-formes simpliste en aura faire rire plus d'un - surtout lorsqu'on leur annonce qu'à sa sortie le jeu a fait fureur de par sa réalisation - mais cela ne les empêche pas de braver les dangers en sautant par dessus les barrières.
L'Amstrad PPC-640 ne propose pas de jeu non plus, mais il est très certainement celui qui a fait s'ouvrir les plus grands yeux. Comment une machine aussi archaique a-t-elle bien pu servir à des gens pour travailler ?!?
L'Amstrad CPC 6128 plus a été fidèle à sa réputation : impossible de lire une seule disquette... Il a fallu se rabattre sur Burning Rubber et Fire & Forget II disponibles en cartouches. Dans l'ensemble, la machine a été très peu appréciée. Il faut avouer que les adaptations présentées sont assez mauvaises.
Le stand d'à côté oppose les frères ennemis : Atari pipi / Amiga caca ! N'ayant pas connu cette fabuleuse guerre, les enfants n'ont pas spécialement de préférence entre les deux machines. Les plus dégourdis cherchent où peut bien se trouver l'unité centrale qui se raccorde à ces deux claviers... Leur étonnement est bien réel lorsqu'ils apprennent que tout est intégré derrière les touches qu'il t'appottent rageusement.
Après quelques tests, un grand nombre de disquettes sont défecteuses. Quelques jeux restent malgré tout jouables. Rick Dangerous reste bien entendu LE jeu sur ST, tandis que c'est plutôt Turrican II qui remporte la palme sur Amiga. Worms et Shadow Of The Beast III ne sont pas loin derrière.
L'atelier qui remporte tous les suffrages est celui proposant une Saturn et un NeoGeo CD. Nous avions apporté ces deux machines afin d'attirer les enfants, si l'on peut dire. Bien qu'ayant été très prisées, cet appât n'aura pas été nécessaire à faire venir les élèves. Nous en voyons même dans les couloirs qui râlent parcequ'ils n'ont pas été prévenus de cette exposition ! D'un autre côté, des enfants de CM2 en visite dans le collège vont très certainement s'imaginer des choses assez fausses sur leur prochain établissement en découvrant une salle pleine d'ordinateurs et de consoles de jeu...
La Saturn est peut-être une console récente, mais elle propose bon nombre de jeux old school. Bien entendu, Radiant Silvergun a été de la partie et a connu un grand succès. Pratiquement aucun autre jeu n'aura été joué sur la console. Par contre, je n'ai pas réussi à leur faire marquer le petit temps de reccueillement si cher à notre PhilDub de MO5.com avant de se lancer dans une partie.
En alternance avec la 32 bits de Sega, il est possible aussi de jouer à la NeoGeo CD. Les Pads Arcade impressionnent, certains ne savent pas trop comment les prendre. Samurai Shodown, Puzzle Bobble ou encore Mutation Nation, l'oeil est attentif et le mouvement des doigts sur les boutons saccadé. C'est alors que je met Metal Slug... Par la suite, je m'arrangerai toujours pour le mettre en dernier sous peine de recevoir un refus à chaque fois que je proposerai de changer de jeu ! Certains connaissent déjà cette merveilleuse série, et beaucoup d'autres ont bien l'intension d'aller se la procurer pour leur PS2.
Un peu de côté sur une table se tient un Virtual Boy. Beaucoup s'en approchent comme d'une bizarrerie, n'osant pas trop y toucher. Malgré que seul V-Tetris soit jouable, la console ne sera pas éteinte de la matinée tant elle sucitera des cris et de l'engouement. Malheureusement, l'après midi elle se verra retranchée au fond de la salle aux côtés des autres machines en exposition faute de piles.
Ces machines d'expostion servent à présenter quelques autres modèles de micros ou consoles qui n'ont pas vraiment besoin d'être branchés : ZX-81, Oric Atmos, Grundy Newbrain, Alice 32 dans sa belle boîte ou encore le sublissime MO5 Michel Platini dans son sac "non non il n'est pas isotherme". L'Atari Super Pong fait sensation avec son statut de vétéran, mais c'est la Nintendo Famicom qui marque le plus les jeunes. Super Mario Bros 3 revient très souvent dans les conversations autour de la machine.
Les groupes s'enchainent, et l'accueil est toujours aussi bon. Tournant rapidement, chacun peut ainsi découvrir des choses très différentes.
Dans l'ensemble on peut dire que cette manifestation a été très enrichissante. Les jeunes ne peuvent pas être poussés par la nostalgie de machines qu'ils n'ont pas connu. Il n'ont peut être pas encore la maturité pour s'y intéresser de manière historique, dans le seul but de découvrir "comment c'était avant". Non, eux jouent pour se faire plaisir tout simplement. Leurs réactions sont spontanées et généralement assez justes. Il est d'ailleur amusant de voir comment ils utilisent ces machines. Sans pour autant les brutaliser, ils les manient sans trop faire attention, contrairement à nous autres collectionneurs qui prenons grand soin de nos trésors. Et cela n'est finalement pas si mal ! Après tout, ces machines ont été construites solidement, le changement énergique de cartouches sur Colecovision en est un bon exemple. Dans tous les cas, cette promenade de santé à été généralement bénéfique pour les machines présentes. La Coleco avait ses manettes très raides en début de journée. A la fin, elles étaient jouables avec la même finesse relative qu'au début des années 1980... La grand mère avait perdu son artrose.
Je tiens à remercier le Collège Adam Billaut pour nous avoir permi de réaliser cette très sympathique exposition, nous permettant de vivre une expérience dans le retro-gaming qui nous était encore jusque là totalement inconnue.