Chroniqué par Nicolas Gilles
Gamins, on a tous joué aux samuraï. Adultes, on ne peux plus sous peine de passer pour un débile. Alors du coup, on joue à Ghost of Tsushima, parce que c’est quand même vachement bien.Sucker Punch au mieu de sa forme
J’avoue ne jamais avoir été très amateur des productions Sucker Punch : principalement les séries Sly et Infamous. Des jeux qui me semblent peu inspirés et qui ne font qu’aller choper des idées à droite et à gauche dans les jeux des copains qui fonctionnent et font du chiffre.
Il faut dire aussi que le monde mis en place avec Ghost of Tsushima - le japon médiéval - est beaucoup plus alléchant que les relents américains des autres productions du studio. En tout cas, cela me parle beaucoup plus.
Tout commence par une bataille.
Repousser l’envahisseur Mongol
Ghost of Tsushima se déroule en 1274 au Japon (durant l’époque Kamakura), sur l’Île de Tsushima, un archipel qui se situe aux avant-postes du Japon, et qui va donc devoir faire face à l’envahisseur Mongol avant tout le reste du pays.
Tout commence au moment où l’armée de Khotun Khan déferle sur Tsushima, où Jito Shimura et votre personnage, son neveu Jin Sakai, affrontez l’envahisseur aux côtés de 80 autres samouraïs.
Seulement voilà, les samouraïs, ça a un code d’honneur. Ils sont donc très prévisibles et Khotun Khan le sait bien. Il se sert de ce code d’honneur pour n’en faire qu’une bouchée. Résultat : tous les samouraïs restent sur le carreau et Jito Shimura est fait prisonnier. Jin Sakai, lui, de son côté, est bien mal en point mais pas totalement mort. Il est sauvé par Yuna, une voleuse, qui va le soigner.
L'esthétisme en fait des tonnes, mais c'est tellement beau !
Une fois à nouveau capable de combattre, Jin n’aura qu’un seul objectif : sauver son oncle et bouter ces fumiers de Mongols hors de son île. Mais pour cela, il va devoir revenir sur sa façon d’envisager la vie, remettant en cause ses préceptes de samuraï.
Fan Service au pays du Japon Médiéval
Si vous aimez le Japon médiéval, vous allez être servi ! Et pas qu’un peu. C’est bien simple, le jeu en fait des tonnes.
Les cerisiers en fleurs avec leur feuilles qui volent partout (et votre PS4 Pro qui crache ses tripes et fait tourner ses ventilos à fond), les effets de soleil, ces jeux d’ombre et de lumières qui préfigurent un duel, tout est fait pour que l’on se sente au beau milieu d’un film de genre (en dehors des ventilos de votre console).
Oui, vous pouvez aller partout, jusqu'à perte de vue.
Est-ce que c’est trop ? Certains pourront le regretter, mais pas moi. C’est au contraire ce côté too much qui m’a beaucoup plu, ce côté “je suis un putain de samurai, craignez mon sabre !” qui m’a fait tripper tout au long de la partie.
Il y a même un filtre Kurosawa - le mythique réalisateur du tout aussi mythique film Les Sept Samuraïs, qui a inspiré le western Les Sept Mercenaires. Ce filtre donne un côté “pellicule bousillée” et applique un noir et blanc du plus bel effet. Seulement voilà, c’est finalement très peu jouable, le jeu utilisant énormément de couleurs pour envoyer des signaux au joueurs.
Oui, parce que son interface n’est finalement pas banale, et que le mode graphique classique du jeu vous en fout plein les mirettes.
Un interface originale
S’il est très classique dans ses mécaniques, Ghost of Tsushima innove dans son interface et de la façon dont il envoie les signaux au joueur.
Cela commence par le principe des directections. Plutôt que de mettre un point ou une route à suivre, ici il suffit de suivre le vent. Une trouvaille assez déstabilisante au début, mais qui devient rapidement une habitude. Et surtout, cela colle parfaitement au thème du jeu.
De plus, l’île de Tsushima est très bien rendue, et on peut ainsi se guider à la fumée afin de trouver les camps adverses et les réduire au silence.
Vous allez pouvoir customiser votre personnage : la classe non ? Ou pas.
Parce que si l’interface propose sa (petite) dose d’originalité, le jeu et son gameplay sont ultra classiques, tout en restant parfaitement efficaces et cohérents.
Assassin’s Creed chez les Samurai ?
Beaucoup attendent un Assassin’s Creed dans le Japon du passé. Eh bien avec Ghost of Tsushima, ils l’ont… mais pas par Ubisoft.
Dans son déroulement, tout dans le jeu de Sucker Punch rappelle la grande série d’Ubisoft. Vous évoluez sur la carte avec des missions principales clairement mentionnées, et pouvez débloquer des missions secondaires via le scénario principal ou en discutant avec les gens dans les villes ou les villages.
Bien que l'on soit sur une île, les environnements sont très variés.
Le monde est ouvert, assez grand, mais finalement pas trop pour éviter le côté écoeurant du gigantisme d’un Assassin’s Creed Odyssey par exemple. L’île est découpée en trois parties qui correspondent aux trois chapitres principaux de l’aventure. Vous allez pouvoir ainsi découvrir les lieux, notamment via des zones marquées par des points d'interrogation, comme dans The Witcher 3. On dénombre plusieurs styles de lieux : les sources chaudes qui vous permettent d’augmenter votre vie ; les entraînement au bambou qui vous permettent d’augmenter votre concentration (et vous péter les doigts sur la manette) ; des lieux pour écrire des haïkus, ces petits poèmes en trois lignes si jolis, etc.
Et comme dans Assassin’s Creed, vous allez devoir libérer le pays de l’envahisseur, et donc flinguer à tout va en faisant le ménage dans les camps adverses.
A chaque mission accomplie, vous gagnez de l’expérience, et débloquez alors des points qui vous permettent de faire monter vos compétences. Ici, pas question d’orienter selon vos goûts : à la fin du jeu, vous êtes boosté à fond. Votre personnage ne sera donc pas vraiment différent de ceux des autres joueurs.
Là où vous pouvez en revanche personnaliser votre personnage, c’est dans son apparence, mais surtout dans sa tenue, qui définit votre style de jeu : armure de samurai ou tenue de ronin privilégiant la discrétion ? A vous de voir, et d’en changer en fonction des missions !
Je suis un PUTAIN de samurai ! Ou pas. Enfin, plus vraiment.
Tout l’intérêt du scénario de Ghost of Tsushima tient dans ce rapport au samuraï. Un samouraï est lié à un code d’honneur, jusqu’à sa mort. Sauf que pour survivre, Jin Sakai va devoir faire évoluer son style, et devenir le fantôme.
Le jeu propose donc plusieurs types de gameplay : le bourrin rentre dedans du samouraï, mais également une bonne dose d’infiltration qui préfigure ce que seront plus tard les ninjas.
Sauf qu’aux yeux de votre oncle, le dernier samurai de l’île encore en vie en dehors de vous, cela ne va peut être pas vraiment le faire de flinguer des gens comme ça, dans le dos, sans même s’annoncer.
Les combats sont vraiment bien foutus. Au gré de votre progression, vous allez apprendre des postures qui sont efficaces contre certains types d’adversaires : épées, armes lourds, lances, il vous faudra donc sans arrêt changer de posture pour rester efficace. Et cela fonctionne carrément super bien.
Ce n’est pas un jeu Ubisoft : il y a un scénario
Un combat entre la vieille et la nouvelle école ? Le scénario est plutôt simple, mais on se prend au jeu avec plaisir. Et cela grâce à des personnages que l’on apprend à connaître via des missions secondaires très agréables à jouer.
Certes, cela n’a rien à voir avec la profondeur d’un Witcher - d’ailleurs ici, on ne fait pas de choix - mais tout de même, il est intéressant d’apprendre à connaître ces personnages, auxquels on finit par s’attacher.
Et puis cette ambiance bordel ! Le vent qui souffle, les feuilles qui volent, les doigts qui évoluent lentement sur la poignée du katana, et cette musique épique. C’est grisant ! Si bien que j’ai terminé le jeu en intégralité, dans tous les sens. L’aventure est riche, mais pas non plus trop redondante et gavante.