Chroniqué par Nicolas Gilles
Dear Esther est énigmatique. Il faut donc y jouer pour réellement se faire un avis sur cet OVNI vidéoludique.Un mod de Half-Life 2 devenu jeu à part entière
Dear Esther est sorti à l'origine en 2008 en tant que mod de Hal-Life 2, utilisant donc le moteur Source. Il sera copieusement retouché pour sortir en version commerciale (uniquement digitale) en 2012 sur PC.
Le jeu continuera son évolution pour finir avec la Landmark Edition qui nous intéresse ici. Le jeu a été refondu avec un autre moteur, Unity. De plus, l'excellente bande sonore a été remasterisée pour un résultat encore plus immersif. Enfin, les commentaires des développeurs peuvent vous aider a en apprendre plus sur ce "jeu" si énigmatique.
Un monde particulièrement mystérieux.
Une version physique sortira même sur PS4, une fois de plus grâce à Limited Run Games.
Est-ce vraiment un jeu ?
Aucun gameplay, rien à faire, juste à se balader dans un monde très joli, mais également très rigide. Impossible de sauter, de prendre des objets ou autre. On ne peut que se déplacer. La vitesse de déplacement n'est pas énorme. Impossible de courir non plus.
Dans Dear Esther, il faut prendre son temps. D'autant que, le jeu se terminant en deux petites heures, vous pouvez prendre le temps d'aller voir à droite et à gauche, même en vous déplaçant relativement lentement.
Des décors souvent splendides.
Tout le sel de Dear Esther, c'est son histoire. On se retrouve sur une île énigmatique, avec une voix off qui semble être la nôtre. Le truc, c'est que les expressions qu'il utilise sont totalement à l'ouest. Notre personnage ne parle que par énigmes, ou par sortes d'allégories. Mais au gré de l'aventure, vous allez reconstituer les pièces du puzzle.
Une belle aventure
Si on adhère à ce postulat - ce n'est qu'une histoire, et pas vraiment un jeu vidéo - il y a de fortes chances pour que Dear Esther soit une expérience positive pour vous.
Je ne vous ferai pas l'affront de vous raconter l'histoire - ce serait un peu comme vous raconter la fin du film Le Sixième Sens. J'ai très rapidement compris de quoi il s'agissait, dès le premier chapitre. Toutefois, je doutais, et je voulais en apprendre plus. Certes, le jeu vous fait vous poser beaucoup de questions et se gardera bien de répondre à toutes, mais c'est aussi ça la force de Dear Esther : de susciter votre imagination, quelque devenu très rare dans le jeu vidéo moderne.
Les quatre niveaux s'enchaînent vite et vous plongent dans diverses parties de l'île. La direction artistique est assez froide, mais colle bien à l'ambiance du jeu. Et c'est justement cette ambiance qui risque bien de vous emporter assez loin. Le tout épaulé par des musiques à la composition magnifique qui savent parfaitement arriver quand il faut.
Un jeu élitiste Dead Esther ?
Oui, Dear Esther est très certainement un jeu élitiste. Il est clair que la plupart des fans de Fifa ne seront pas touchés par cette aventure si peu banale.
Toutefois, il ne faut pas confondre élitiste et pédant. Dear Esther est sérieux, mais il ne vous prend pas de haut. Au contraire, il se met à votre niveau et se confie à vous pour vous conter son histoire.