Blacksad est à mes yeux l'une des meilleurs séries de bande dessinées de ces dernières années. Mais supportera-t-elle le passage à un autre support ?

Blacksad : 6 volumes de génie


Blacksad, c'est une série espagnole de Juanjo Guarnido (pour les dessins) et Juan Díaz Canales (pour le scénario) éditée en France par Dargaud.

En cinq volumes et quelques à côté, la série à profondément marqué le monde de la BD. Sombre, profond, il sait proposer un superbe polar noir dans une Amérique des années 50 fantasmée et où les différents protagonistes sont des animaux.

Qu'est-il arrivé à Joe Dunn ?
Qu'est-il arrivé à Joe Dunn ?

Vu comme ça, cela semble assez difficile de se projeter. Mais essayez, vous ne serez pas déçu.

Les sujets sont régulièrement complexes : le racisme, la ségrégation notamment. Dans cette optique, l'utilisation de protagonistes sous forme d'animaux prend tout son sens.

Microïds et l'adaptation en jeu vidéo de Blacksad


Mine de rien, Microïd, éditeur légendaire des années 80, prend petit à petit sa place dans le monde ludique actuel. Ici, pas de AAA et de blockbusters, mais des licences savamment choisies soit par leur qualité d'origine (comme c'est le cas pour le Blacksad qui nous intéresse), soit pour le côté nostalgie (comme par exemple pour la remise au goût du jour de Nord et Sud).

Gameplay dépassé, mais belle mise en scène.
Gameplay dépassé, mais belle mise en scène.

Pour cette adaptation, l'éditeur a mis deux studios sur le coup : Ys Interactive, un studio français fondé par Didier Quentin et Luc Verdier en 2015 et dont Blacksad Under the Skin est le premier jeu grand public. Jusque là, le studio avait surtout fait des applications ludiques comme pour le musée des Beaux-Arts de Valenciennes en 2018 par exemple.

Microïds a également fait appel à Pendulo studio, un studio espagnol bien connu pour ses jeux d'aventure, notamment la série Runaway.

Une réalisation honteuse


Bon, commençons pas les choses qui fâchent : la réalisation de Blacksad est juste honteuse. Cela valait bien le coup de mettre deux studios sur le coup pour rendre une copie aussi blindée de bugs et d'approximations graphiques.

Imaginez une voix off désabusée et une musique de jazz...
Imaginez une voix off désabusée et une musique de jazz...

En plus de la réalisation pourrie, le gameplay est d'un autre âge : votre personnage est très lourd à déplacer, les éléments réactifs peinent à apparaitre, bref, c'est lourdingue, sans toutefois être vraiment handicapant.

C'est un jeu d'aventure, cela permet donc de limiter la casse, mais les textures inexistantes, les temps de chargement trèèèèèès longs et même les plantages à répétition (ma Switch a planté à peu près une fois par heure durant mes cessions de jeu) vont vous faire régulièrement pester.

Visiblement, tout le budget a été mis dans le scénario et les doublages. Et finalement, c'était peut être la meilleure chose à faire.

Le bureau de John Blacksad.
Le bureau de John Blacksad.

Un histoire et une ambiance qui font honneur à la série


Difficile à dire, mais à priori Ys Interactive s'est chargé du développement tandis que Pendulo s'est chargé du côté scénario. Mais cela reste à confirmer.

Le scénario, on le doit aux madrilènes de Pendulo, Ramón Hernáez et Josué Monchán, sous la direction des auteurs d'origine de Blacksad.

Car nous avons ici une toute nouvelle aventure du chat détective. On le retrouve toujours aussi fauché, avec une peine de coeur et cette aura toujours aussi tourmentée.

Vous devrez faire des choix.
Vous devrez faire des choix.

Il doit alors enquêter pour le compte de Sonia Dunn, la fille de Joe Dunn qui vient de se suicider dans sa salle de sport. Joe était entraîneur de boxe. Le but de John Blacksad est alors de retrouver Bobby Vale, un boxeur qui a mystérieusement disparu alors qu'il doit disputer un match très important quelques jours plus tard.

Une aventure narrative, avec des (petits) embranchements


Blacksad Under the Skin n'est pas un point'n click, mais plutôt un jeu d'aventure. La difficulté est très basse. Ici pas la peine de galérer pendant trop longtemps, le jeu nous prend par la main.

L'intérêt, c'est surtout de suivre l'histoire et le déroulement de l'enquête qui nous plonge au coeur du monde du sport, avec ses pots de vins, son dopage et ses pratiques douteuses. C'est du polar noir, bien noir, avec ses zones sombres et sa musique jazz qui nous enveloppe.

Vous devrez utiliser vos sens pour découvrir des indices.
Vous devrez utiliser vos sens pour découvrir des indices.

Et c'est là que le jeu est parfaitement réussi. Certes, les embranchements sont très limités : on est loin d'un jeu Telltales ou Quantic Dream, mais cela permet un scénario très solide qui se suit avec plaisir.

Et c'est notamment grâce aux doublages français de très belle qualité : la voix de John Blacksad est parfaite notamment.

La mise en scène est également très bonne : les angles, les points de vue, tout est très bien pensé. Mais bordel de merde, quelle réalisation à chier !

Il n'y aurait pas un problème de textures là ?
Il n'y aurait pas un problème de textures là ?

Côté durée de vie, c'est également très bon : comptez une grosse dizaine d'heures de jeu pour savoir ce qui est arrivé à Joe Dunn.


Non non, c'est comme ça, ce n'est pas en train de charger.
Non non, c'est comme ça, ce n'est pas en train de charger.



Sympathique

Blacksad Under the Skin

Blacksad Under the Skin est un très bon jeu, avec une super belle ambiance qui rend hommage à la BD d'origine. Quel dommage qu'il soit autant salopé par une réalisation aussi mauvaise !

La note : 3/6 (Sympathique)