Chroniqué par Nicolas Gilles
Il faut sauver le soldat Link ! La princesse à la rescousse !Zelda enfin au premier rang !
Non, ce n'est pas la première fois que Zelda est l'héroïne jouable... mais peut être que si finalement. Question de point de vue. Car elle fait son apparition en personnage jouable sur l'un des très médiocres épisodes sur CDI, l'espèce de truc moisi que Philips avait sorti dans les années 90.
Philips travaillant sur le projet de CD-Rom de la Super Nintendo (qui ne verra jamais le jour), ils auront le droit d'utiliser les grands noms de Nintendo dans des jeux pour leur CDI. Le problème, c'est que ce sont eux qui les développent, et que le résultat tient plus de la bouse que du jeu vidéo digne de ce nom.
La princesse Zelda fait donc sa première apparition en tant que personnage jouable dans un Zelda The Wand of Gamelon de sinistre mémoire, en 1993.
Du coup, est-ce que ça compte vraiment ? A part pour se la péter du genre oui-tu-sais-je-connais-super-bien-l'histoire-du-jeu-vidéo ? Car ces jeux ne font pas partie de la "légende de Zelda", la vraie, puisqu'ils ne sont pas édités par Nintendo.
Mais bon, tout ça on s'en fout hein, on veut juste jouer à Echos of Wisdom, et on essaie d'oublier ces Zelda CDI, c'est trop douloureux.
De même que cette introduction beaucoup trop longue.
Un principe de jeu original
Ce qui devait arriver finit par arriver. Depuis 1986, date de sortie du premier épisode, la princesse se fout dans la merde et c'est ce bon vieux Link qui va la sauver. Sauf que les temps changent. Et les mentalités aussi.
Au gré des épisodes, les apparitions de la princesse se font plus fines, moins manichéennes. Et là, il fallait s'y attendre : Link s'est fait niquer. Le sauveur du monde est grillé ! Alors c'est qui qu'on appelle ? Zeldaaaaaaa (souvenez-vous la pub pour Zelda III sur Super Nintendo) !
Sauf que la donzelle n'a pas les muscles de son pseudo-sauveur, si ses compétences. Mais elle a bien d'autres tours dans son sac, notamment une baguette qui lui permet de répliquer des objets que l'on aurait préalablement enregistrés. On appelle ça des "échos".
Echoes of Wisdom part d'une idée simple : celle d'appliquer à un Zelda en 2D vue du dessus le principe génial de la construction imaginé dans Tears of the Kingdom.
Il faut donc comprendre par là que le jeu ne nous met pas une épée dans la main. On joue pratiquement toujours par intérim puisque la plupart des combats consistent à invoquer des monstres qui vont se battre pour vous.
Cela change radicalement le rythme du jeu, et peut créer un peu de frustration au début. Mais une fois le concept intégré, on a régulièrement ses chouchous que l'on fait combattre. Et à chaque fois que l'on bat un adversaire un peu puissant, on est ravi de récupérer son écho pour voir ce qu'il va donner à notre service !
Si différent et si identique...
Avec un gameplay si différent, on pourrait croire que l'on perd l'ADN de la série.
Bon, je vous passe le "c'est quoi un jeu Zelda" pour laisser le sujet à ceux qui écrivent des bouquins chiants; pour juste garder le principal : on est un peu déstabilisé, mais rapidement, on retrouve ses marques, et on progresse dans ce qui est bel et bien une aventure à la Zelda.
Rapidement, on se retrouve à pouvoir utiliser l'épée de Link... Mais seulement le temps qu'une jauge se vide. Une nouvelle frustration à ajouter au compteur. Frustration dont j'aurai du mal à me défaire jusqu'à la fin du jeu, au point que je ne l'utilisais qu'au minimum.
Un vrai épisode de Zelda
Annoncé en juin 2024, Echos of Wisdom sort le 27 septembre. Presque un shadow drop. Serait-ce parce qu'il s'agit là d'un Zelda de seconde zone ? Certainement pas. D'un petit jeu très court, sorte de puzzle game dans l'univers Zelda ? Non plus.
Il m'a fallu une bonne trentaine d'heures pour en voir le bout, et j'avoue m'être délecté de chaque minute de jeu !
Côté réalisation, c'est visiblement le même moteur que le remake de Zelda Link's Awakening. Au commandes, c'est d'ailleurs toujours Grezzo, le studio a s'est chargé de ce remake Switch, tout comme ils s'étaient déjà occupé des remakes d'Ocarina of Time 3D et Majora's Mask 3D sur 3DS.
C'est donc leur premier Zelda original !
Une simulation d'empilage de lits ?
On pourrait reprocher à Echoes of Wisdom d'être une simulation d'empilage de lits. Le lit est l'un des premiers objets dont on peut enregistrer l'écho. Du coup, on l'utilise à outrance : pour se surélever, pour créer des passages, etc. Je n'ai pas trouvé que le jeu manquait de renouvellement, si bien que j'ai utilisé régulièrement des lits, mais j'ai aussi largement varié les plaisirs.
Et puis ceux qui reprochent à Echos of Wisdom d'être une simulation d'empilement de lits, est-ce qu'ils ne pourraient pas aussi qualifier Tears of the Kingdom de simulation de génération de pont avec des plaques ?
Certes, le gameplay ici en 2D n'a pas l'ampleur de son modèle, mais tout de même, il y a largement de quoi se faire plaisir.