La Gizmondo est une petite console portable commercialisée par la firme éponyme en 2005. Ce nom de société ne vous dit certainement pas grand-chose, mais elle est en fait une sous-branche de Tiger Telematics (une entreprise scandinave assez récente qui fabrique entre autre des GPS) créée pour l’occasion.
La première campagne arrive en octobre 2004 où il est annoncé que la console est sortie. En fait, seuls quelques modèles sont disponibles, et ce sont surtout des réservations qui sont proposées. A Noël 2005, le chiffre de 500 000 réservations est annoncé, ce qui est clairement fantaisiste.

Historique
La machine sort premièrement sur le sol anglais le 19 mars 2005 pour un prix de 140 livres. Les ventes se font principalement par le net sur le site de Gizmondo, mais on peut aussi la trouver dans quelques grands magasins (en ligne ou en live), avec notamment l'échoppe ouverte spécialement pour l'occasion sur Regent Street à Londres. Le 22 octobre 2005, c’est au tour des Etats-Unis de voir arriver la console. Cette fois, c’est quasiment uniquement par le net que l’on peut se la procurer. Il était bien prévu de développer un circuit de distribution plus élargi, mais la mort prématurée de la console n’aura pas laissé le temps aux exécutifs de mettre en place un tel projet.

La Gizmondo et son look si particulier.
La Gizmondo et son look si particulier.

Dès l’annonce de cette console, quelques mois plus tôt, les amateurs de jeu avaient été très dubitatifs. La Zodiac, une autre console lancée par une firme qui n’avait pas l’envergure d’un Nintendo ou d’un Sony, est assez mal en point, et surtout totalement inconnue du public. Beaucoup se disent qu’il s’agit là d’une console morte-née.
Parallèlement à la sortie américaine arrive une publicité dont l’entreprise se serait bien passé. Un journal suédois affirme que Gizmondo est très mal en point financièrement, avec une perte de 200 millions de dollars pour les six derniers mois. De plus, il apparaît – toujours dans ce même article – que les trois dirigeants sont loin d’être honnêtes et trimballent les casseroles d’un passé assez magouilleur. Pas de quoi donner envie aux quelques amateurs de nouvelles technologies d’investir dans cette nouvelle machine.

Du côté de la France, c’est Gizmondo Europe qui doit s’occuper de la commercialisation. Crée en 2002, cela s’appelle d’abord Gametrac Europe Ltd., pour changer de nom en Gizmondo Europe Ltd. Le 16 avril 2004.
Un site internet en français est créé, mais souvent il proposera des informations erronée ou pas à jour, ce qui ajoutera au discrédit de l’aventure. Il finira par être fermé sans jamais avoir vraiment servi.
La fin de l’histoire arrive sans surprise le 23 janvier 2006 où est officiellement annoncée la fermeture de l’entreprise Gizmondo Europe qui croule sous les dettes : entre janvier et septembre 2005, les pertes se sont accumulées à hauteur de 210 millions de dollars. Il n’est pas encore question de fermeture définitive, mais plutôt du licenciement de 50% des employés. Finalement, en allant un peu plus loin, on se rend compte qu’au niveau des dépenses, 9.61 millions d’euros ont été utilisés rien que pour les salaires, auxquels on ajoutera 11 000 euros au profit d’une écurie de chevaux de course, et 2.9 millions d’euros pour l’achat de voitures de luxe.

La boîte de la console.
La boîte de la console.

Cette dernière info est mise à jour lorsque l’ex PDG de Gizmondo Europe, Stefan Eriksson, se prend un poteau électrique à 320 Km/h à bord de sa Ferrari Enzo (qui vaut la bagatelle de 660 000 euros) alors qu’il faisait la course sur une route côtière de Malibu avec une autre voiture. L’homme s’en sort indemne malgré la violence du choc.
Cela donne la puce à l’oreille à quelques journalistes qui vont se renseigner plus à même pour nous présenter cet état de fait plus que risible.
Alors la Gizmondo, une simple escroquerie de quelques hommes d’affaire trop attirés par l’argent ? Certainement, mais en partie seulement.

La console
La machine en elle-même est tout de même de très bonne qualité, et propose de nombreux petits détails qui la démarquent de la concurrence.
Techniquement, elle tient sans problème la comparaison avec la DS de Nintendo et dans une moindre mesure avec la PSP de Sony. Le graphisme ne faisant pas tout, la machine continue sur sa lancée en proposant un écran rétro-éclairé de bonne qualité, le tout épaulé par un design assez sympa et surtout très original avec ses boutons sur le dessus qui font penser à des antennes. Même s’il est original, il n’a pas la classe d’une PSP et fait assez has been.
L’ergonomie est correcte : la croix directionnelle (pas de pad analogique malheureusement) est pratique, et les boutons sont bien placés et répondent bien. Le plastique mat est très confortable aussi. Des boutons sur le dessus permettent d’atteindre les fonctions de base de la console. On regrette tout de même le réglage du son qui se fait au niveau soft, une molette aurait été bien plus pratique.

Le contenu de la boite, assez sympa mais peu pratique.
Le contenu de la boite, assez sympa mais peu pratique.

Parmi les choses sympa, la console intègre un appareil photo numérique dont la qualité est très proche de celle des téléphone portable de la même époque (c'est-à-dire par vraiment pourrie, mais loin d’être top). Le manque de touche de raccourcis pour basculer directement sur le mode caméra gène un peu et empêche de prendre rapidement des photos.
L’autre gadget vraiment sympa est le GPS, la machine intègre un récepteur de type SIRFF II. Dommage qu’il ne soit pas SIRFF III, ce qui force à poser la machine en évidence et oblige à une utilisation uniquement extérieure. Mais bon, ne soyons pas non plus trop durs. Par contre aucun logiciel GPS n’est fourni avec la machine, il faut l’acheter à part, et c’est là que le prix va en décourager plus d’un.
Il faut aussi savoir que la console ne fonctionne pas sans carte SIM. C'est très dommage, d'autant qu'elle ne peut pas servir de téléphone, tout juste à envoyer des SMS. Heureusement, une carte SIM factice est proposée dans la boite.
Logiciellement, la Gizmondo est basée sur un Windows CE customisé (là où la Zodiac était au contraire sous PalmOS). Elle met entre 20 et 40 secondes pour démarrer, ce qui fait bien long pour une console portable. Par contre, on la met beaucoup plus souvent en veille par la suite, ce qui permet d’avoir une machine opérationnelle presque instantanément.

Comme toute machine proposée par une entreprise n’ayant pas les reins très solides, la Gizmondo accuse un coût élevé. La version normale coûte environ 400 dollars !
Il faut aussi savoir que, pour permettre de vendre la console moins cher, les markéteux ont eu une idée originale : ajouter des pubs sur la console. Cette version s'appelle la Smart Ads, et coûte bien moins cher, avec ses 229 dollars. Et c'est même le bon plan pour les quelques kamikazes à avoir pris la Gizmondo puisque les publicités ne seront tout simplement jamais implémentées ! Dommage pour ceux qui ont payé le prix fort.

L'arrière de la console : il y a une place pour la carte Simm en plus de la baterie.
L'arrière de la console : il y a une place pour la carte Simm en plus de la baterie.

Les jeux
Alors là, on va avoir bien vite fait le tour, vu le faible temps que la console à tenu. On trouve environ 14 jeux. Le format des cartouches est standard, puisqu'il s'agit de SD Cards. Bien pratique pour pouvoir utiliser toutes les possibilités de la machine : lecteur MP3, appareil photo et visualisation de films ou d'images.
On trouve entre autre deux adaptations d'Electronic Arts : SSX et Fifa, qui sont en réalité des portages faits à la va-vite de jeux N-Gage.
Pod est un pseudo shoot'em up d'une nullité affligeante tandis que seul Richard Burns Rally arrive à tirer son épingle du jeu. Sans être très bon, il permet tout de même de se faire plaisir.
La killer app devait être Colors, mais finalement le jeu n'est jamais sorti. On en trouve tout de même une démo qui traîne sur le net. Très peu avancée, elle ne permet pas vraiment de se rendre compte de ce qu'aurait pu donner ce jeu. Dans l'état actuel des choses, c'est un simple récépissé de GTA, avec tout de même une différence de taille : il utilise les capacités GPS de la console ! D'autres jeux devaient utiliser cette technique pour proposer une expérience ludique différente, mais encore une fois, le temps a cruellement manqué.

Le constat est donc amer, pour ne pas dire catastrophique. Techniquement la console assure vraiment, mais sa vie aura été tellement courte qu'elle n'aura pas eu le temps de connaître la maturité qui permet aux bons jeux de voir le jour.
Vous l'avez compris, la Gizmondo est un OVNI, et pas seulement lorsqu'on la tient entre les mains. C'est surtout sa commercialisation et son histoire qui sont incroyables. Comment autant d'argent a pu être dépensé, c'est assez phénoménal. Pour un peu on se croirait chez Atari au début des années 1990.


Colors, le fameux jeu.
Colors, le fameux jeu.


La préversion de colors qui tourne sur le net est très limitée.
La préversion de colors qui tourne sur le net est très limitée.


Voici ce que contient la boîte.
Voici ce que contient la boîte.


Pod - point of destruction : une belle daube.
Pod - point of destruction : une belle daube.


Richard Burns Rally, assez décevant.
Richard Burns Rally, assez décevant.


Stun Car Extreme, que l'on retrouve aussi sur Zodiac.
Stun Car Extreme, que l'on retrouve aussi sur Zodiac.


Quelques pubs de l'époque.
Quelques pubs de l'époque.

Tiger Telematics Gizmondo côté technique

Microprocesseur : 64 bits à 400 Mhz
Prix d'origine : $229 pour la Smart Ads, $400 pour l'autre