Chroniqué par Nicolas Gilles
Sous une couche de gameplay des plus classiques se cache un jeu pas banal qui vous balancera des choses que vous n'allez pas forcément super apprécier. Mais c'est ça qui est cool.Une putain d'attente
En 2012, on avait pris une tarte dans la gueule. Et une belle.
Naughty Dog avait depuis longtemps laissé de côté sa boule de poils Crash Bandicoot pour nous balancer le cabotinage de Nathan Drake et ses aventures totalement dépaysantes de Uncharted.
Visuellement, ça envoie du pâté.
Sauf que là, un jeu avec des Zombies et un propos hyper dur (vous vous souvenez de l'intro carrément traumatisante ?) nous a fauché comme un tractopelle devant le Virgin le soir de la sortie de la PS2.
Alors autant dire que lorsque le deuxième épisode a (enfin) été annoncé, j'ai trépigné sévère.
Et je n'ai pas été déçu.
Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
La suite, la suite !
Dans The Last of Us Part 2, on joue principalement Ellie. La fameuse gamine du premier épisode a grandi. Elle est maintenant une jeune adulte.
Mais une jeune adulte née après l'avènement des zombies et la relative fin de l'humanité qui va avec. Et bien entendu toutes les aventures du premier épisode, dont personne n'aurait pu sortir indemne. Même pas elle.
Autant dire que tout cela a laissé des traces que l'on va découvrir peu à peu.
Mais qu'est-ce que c'est ?!?
Un gameplay classique
Pourtant, ce n'est pas au niveau gameplay que l'on va s'extasier. Certes, c'est bien foutu, bien pensé, et très accessible. Au global, c'est même plutôt plus facile que le premier.
Grosso modo, le jeu vous propose de l'action mâtinée d'infiltration, vous incitant clairement à opter pour la seconde solution.
Au gré de vos pérégrinations, vous allez pouvoir améliorer vos capacités. La recette est quasiment la même que dans le premier épisode.
La violence reste omniprésente.
Vous trouverez régulièrement des pilules qui vous permettront d'augmenter vos capacités (vie, confection, etc) et vous donneront des nouvelles aptitudes.
Vous trouverez également des pièces détachées qui vous permettront d'améliorer vos armes. Enfin, vous aurez tout un tas de matos à récupérer pour pouvoir confectionner tout un tas de choses.
Cela incite à fouiller un peu partout, et sur ce point, les développeurs se sont pas mal lâchés.
Plus grand, plus vaste, plus profond
The Last of Us premier du nom proposait un level design assez dirigiste. Moi qui adore fouiller partout, j'ai été un poil déçu sur ce point.
Votre petit coeur risque de régulièrement s'emballer.
Ce deuxième épisode corrige largement le tir. Il reste dirigiste dans son level design et le déroulement de son histoire, mais l'ensemble est beaucoup plus ouvert, et on se prend à observer les fenêtres pour savoir celles que l'on peut péter afin de pouvoir aller visiter telle ou telle maison.
Autant dire que passer à côté de cela, c'est passer à côté de l'un des points forts du jeu.
Cela se traduit donc clairement au niveau de la durée de vie. J'avais passé environ 17 heures sur le premier volet, j'en ai passé plus de 35 sur ce deuxième.
Un petit clin d'oeil à d'anciennes générations...
Un jeu qui vous met face à vos responsabilités
A une époque où les jeux nous proposent tous des fins multiples en fonction de vos actes, The Last of Us Part 2 prend le total contrepied de la mode en vous imposant son scénario... et pas seulement, il va même beaucoup plus loin.
Il vous impose également ses personnages, puisque, sans vous en révéler plus, vous n'allez pas jouer uniquement Ellie.
Et c'est cette dichotomie de points de vue qui va potentiellement vous rebuter, mais dans tous les cas vous forcer à voir les choses sous différents angles, voir même à déplacer votre empathie et votre parti-pris.
Ellie est homosexuelle, ça vous pose un problème ?
En ce sens, le jeu est l'opposé d'un Assassin's Creed qui vous déresponsabilise totalement : vous pouvez tuer tout le monde, vous n'en avez rien à foutre, vous êtes un mercenaire (c'est surtout vrai dans Assassin's Creed Odyssey) !
Non, ici, vous allez devoir faire des choses, avec votre manette, qui vont certainement vous faire sortir du personnage que vous incarnez et de l'empathie que vous éprouviez (peut-être) pour lui.
Et ça, c'est carrément couillu, parce que cela ne sera certainement pas du goût de tout le monde. Mais cela vous force à réfléchir, et à voir les choses en face. Et cela, très peu de jeux l'ont fait. Ok, on a bien des jeux comme Papers Please, mais chez un blockbuster je ne l'avais jamais constaté.
Une prise de risque calculée ?
Ce qui n'a pas été du goût de tous, c'est le fait d'afficher clairement Ellie comme homosexuelle.
Quand j'ai lu les news à ce propos je me suis juste dit "et alors ?". Le soucis, c'est que visiblement ce n'est pas l'état d'esprit de pas mal d'obscurantistes qui ont traduit leur homophobie en descendant le jeu via des centaines de critiques ça et là aux quatre coins du net.
Ce que je prenais au départ comme une sorte de fausse bravoure histoire de s'inscrire dans l'air du temps de Naughty Dog s'est finalement révélé comme une vraie prise de risque, et un réel effort pour faire évoluer les esprits.
Le jeu à la guitare est super bien foutu.
Non, il existe toujours des gens qui ne supportent pas la différence. Et s'ils n'en sont pas capables et qu'ils sont passés à côté de ce grand jeu à cause de cela, eh bien c'est bien fait pour leur tronche. Picétou.
Une putain de bombe
Malgré sa durée de vie doublée par rapport au premier épisode, j'ai tout fait pour reculer la minute fatidique où je verrai le générique de fin de The Last of Us Part 2.
Un sentiment que j'éprouve à chaque fois que je joue à un grand jeu, de ceux que je ne suis pas prêt d'oublier.
Ouais, il y a même des dinosaures !