Chroniqué par Nicolas Gilles
Chouette, un survival horror ! Et de nos jours, en 2019, c'est un genre de plus en plus rare... Sauf que les meilleures intentions ne suffisent malheureusement pas.Un amour passionnel du survial horror
Derrière Remothered: Tormented Fathers, il y a une belle histoire.
Et derrière cette histoire, il y a Chris Darril qui, en 2007, du haut de ses 18 ans, compte créer un jeu qui rendra hommage aux survivals horrors de la grande époque, et notamment Clock Tower, dans sa version Super Famicom.
Les visages ne sont pas très réussis.
Le studio Darril Arts verra ainsi le jour et s'associera au studio Stormind Games, qui permettront au jeu de pouvoir se faire. Remothered: Tormented Fathers verra ainsi le jour en version anticipée en 2017 et en version finale en 2018. Il arrive sur Switch en 2019.
Seulement voilà, les bonnes intentions, c'est bien beau, mais une fois la manette en mains, cela ne suffit pas.
Plongée au fond de l'horreur
Lorsque l'on lance le jeu, on découvre une cinématique où les personnages manquent cruellement d'expression. Il y est question d'essais pour régénérer les cellules humaines.
Un petit air de Jodie Foster atteinte de diarrhées.
Et là, paf, flashback - ou pas, je n'ai pas tout compris - et on se retrouve dans une ville pourrie sous un ciel pluvieux. On incarne alors Rosemary Reed, une enquêtrice partie sur les traces d'une petite fille nommée Céleste. Le jeu nous lâche un peu n'importe où n'importe comment : on ne sait pas bien qui l'on est ni ce que l'on doit faire. C'est voulu, et ce n'est pas désagréable.
Puis on arrive dans le manoir qui va servir de lieu principal au jeu. Certainement un hommage à Résident Evil. Et là, on se découvre que le vieux qui nous accueille n'est pas blanc blanc... en témoigne sa femme en train de sécher sur son lit, depuis un bon bout de temps déjà, vu le nombre de blattes qui se baladent dedans.
C'est là que commence réellement l'aventure.
Oui, le méchant est un vieux avec le cul à l'air...
Mais, c'est ultra moche ?
Force est de constater que l'on est face à un jeu à (tout) petit budget. Cela ne pose pas de soucis, on connait plusieurs exemples de jeux à la réalisation calamiteuse mais qui se sont avérés êtres de véritables pépites (Vandal Hearts sur Playstation ou encore Deadly Premonition sur Xbox 360).
Sauf qu'ici, même le gameplay ne fonctionne pas et vient fusiller le plaisir de jeu. C'est totalement rigide, irritant et mal foutu, si bien que l'on finit même par se foutre de la gueule des protagonistes.
Seule l'ambiance est là, malgré les graphismes qui nous ramènent à l'époque de la Playstation 2.
Un hommage raté à Clock Tower
Remothered: Tormented Fathers se veut être un hommage à la série Clock Tower, sortie à l'origine en 1995 sur Super Famicom - et donc uniquement en japonais. Il est donc beaucoup plus connu sous nos latitudes par sa version Playstation, sortie en 1997.
Et ici, on retrouve la même chose : dans une ambiance bien glauque, on passe son temps à échapper à un fou furieux.
Et il faut savoir passer au dessus du ridicule : dans Clock Tower, on se fait courser par un psychopathe avec des ciseaux géants. Et je me souviens l'avoir beaucoup apprécié à l'époque, malgré son côté rigide.
Dans Remothered: Tormented Fathers, on se fait courser par un vieux le cul à l'air armé d'une faucille. Autant dire qu'à sa première apparition, j'ai plutôt éclaté de rire plutôt que de flipper ma race.
Il faut alors courir - et la maniabilité nous rappelle très douloureusement qu'en talons, on n'a que peu de chances d'échapper à son agresseur, même grabataire. Et il faut surtout se cacher. Le truc, c'est que le vieux va tôt ou tard vous découvrir. Il faut alors effectuer une manipulation à la manette. Et comme la maniabilité est mauvaise, on la rate souvent. Et hop, c'est reparti pour une séance à la Benny Hill ! Une raison de plus de pester contre le jeu...
Pourtant, l'ambiance est très bonne : c'est oppressant à souhait. Mais au bout du compte, on passe son temps à tâcher d'échapper au vieux con (qui, en plus, sort généralement de nulle part), ce qui tue le plaisir de l'exploration que l'on trouve dans les premiers épisodes d'un Resident Evil par exemple.
Et cela m'a totalement gâché l'expérience, si bien que je n'ai pas pu en voir le bout.