L'Osborne 1 est considéré comme le premier micro-ordinateur portable de l'histoire de l'informatique. Rien que ça. Certains pourront avancer que l'IBM 5100 l'a devancé de quelques années, puisqu'il est sorti en 1975. Pourtant l'Osborne garde sa place de précurseur puisque le public ciblé n'est pas du tout le même : là où IBM recherchait une clientèle de grosses entreprises, Osborne, lui se destinait à un public tout aussi professionnel et surtout nomade, mais issus de structures bien plus modestes, de part un prix de vente bien moindre.

La société Osborne doit son nom à son fondateur, Adam Osborne qui, dès 1939 oeuvre dans la technique en écrivant des documentations. Profitant de la vague montante du microprocesseur inventé par Intel, il va rédiger une partie de la documentation technique du fondeur et de quelques autres sociétés.
Son idée principale est la vulgarisation de l'outil informatique. Pour ce faire, il va même jusqu'à écrire quelques ouvrages simples et accessibles sur le thème des ordinateurs. Ne trouvant pas d'éditeur pour le publier, il décide de le faire lui-même et fonde Osborne & Associates en partie dans ce but.
En une petite dizaine d'années, il va publier une quarantaine de livres, dont certains seront vendus avec le fameux IMSAI. Sa fréquentation assidue des clubs informatique lui permet de tisser des liens qui lui serviront par la suite.

L'Osborne, un très volumineux portable... Mais le premier !
L'Osborne, un très volumineux portable... Mais le premier !

Tous ces ouvrages ne suffisent pas à apaiser la soif d'évangélisation du sieur Osborne. L'idée d'un micro-ordinateur novateur fait très vite son chemin dans la tête de notre homme. Très vite, les grandes lignes du projet sont posées : elle doit être assez compacte pour pouvoir être transportée par avion et déposée sous un siège.
C'est Lee Felstein, créateur de machines comme le SOL-20 (premier micro à intégrer une unité centrale et un terminal), qui va s'occuper de donner vie à ce qui deviendra l'Osborne-1. La machine est présentée sur les salons spécialisés dès avril 1981.
Très vite, les ventes explosent. 125 000 exemplaires sont construits dès 1982. Dès septembre, les ventes dépassent le million de dollars. Alors qu'Adam Osborne prévoit de vendre 10 000 machine en tout, il en vendra jusqu'à 10 000 par mois ! La source de cet immense succès tient bien entendu à son aspect compact (oui oui, arrêtez de rire, c'est le premier, et même s'il pèse un âne mort, il est tout de même bien plus petit qu'un micro de l'époque), mais aussi à sa suite logicielle. Achetés dans le commerce, l'ensemble des softs fournis avec l'Osborne coûte le prix de la machine ! Au menu, on a : CP/M 2.2 et Wordstar (une suite logicielle écrite par Micropro qui comprend Mailmerge, un outil de fusion associé ; Supercalc, un tableur ; CBasic de Kevin Eubanks ; MBasic v5 de Microsoft).
Il sera remplacé en 1983 par l'Excutive, qui corrige le défaut principal de l'écran avec un nouveau cathodique de 7 pouces.

Techniquement, la machine est certes de petite taille, mais propose un poids très élevé (près de 12 Kg). Son écran cathodique intégré de 5 pouces monochrome est minuscule (cela est principalement du à la place que prennent les deux lecteurs de disquettes), mais un écran externe peut heureusement être branché. Concernant ce petit écran, il faut savoir qu'il ne peut afficher que 52 caractères par ligne de texte alors que la machine peut théoriquement en afficher 128. Du coup pour tout voir, il faut utiliser les touches de scroll, ce qui est très vite fastidieux.
Deux lecteurs de disquettes permettent de travailler confortablement.
Le boom des micro-ordinateurs transportables est maintenant lancé. Sentant le filon, des firmes comme Kaypro (qui offrira un portable avec un écran bien plus grand), Morrow ou Cromemco s'engouffrent dans la brèche. Devant son succès inattendu, Osborne ne saura pas gérer cette nouvelle notoriété et déposera le bilan durant l'année 1983. Cet échec est principalement dû à un manque de maturité dans ce domaine ainsi qu'à un management plus qu'approximatif.

L'arrière de la machine, tout est intégré.
L'arrière de la machine, tout est intégré.

Après cette machine, Osborne retourne à ce qu'il sait faire de mieux : l'édition. En commercialisant des logiciels à prix réduit, il recommence à faire rentrer les dollars. Le logiciel le plus connu sera VP Planner, un logiciel de gestion qui finira par faire de l'ombre à Lotus 1-2-3. Après moult procès pour plagiat, raison sera donnée à Lotus et, dès 1990, Osborne se retira des ventes et quittera ses fonctions.
L'entreprise ne laissera pourtant pas tomber le monde du hard immédiatement après l'Osborne-1, malgré les problème générés par cette machine. Le système sera principalement adapté au nouveau standard MS-DOS qui semble devenir la norme professionnelle. Là encore, Obsorne se verra damer le pion par la concurrence avec principalement Compaq qui prendra la place de leader du portable des années 1980.
Tout au long de sa courte incursion dans le monde du hardware micro-informatique, Osborne aura donné vie aux micros suivants :
- Osborne 1 (1981)
- Exécutive (1983), une version plus aboutie intégrant un écran 7 pouces
- Encore (1983), un compatible PC transportable avec modem et écran LCD
- Polo (1984), un 8088 couplé à un bi-Z80
- Osborne 5 (1984), premier desktop de la marque, intégran un 8088
- Vaden (1984), portable intégrant un 8086
- Variant 1 (1985)
- Vixen (1985), dernier portable, à base de Z80 sous CP/M

Osborne Osborne 1 côté technique

Microprocesseur : Z80A à 4 Mhz
Mémoire vive : 64 Ko
Mémoire morte : 4 Ko
Vidéo : 52x24 dans un espace de 128x32, matrice 8x10 ; 32 caractères graphiques ; écran intégré monochrome cathodique de 5 pouces
Son : Buzzer
Prix d'origine : $1795 à sa sortie américaine, 21 000 F à sa sortie française