Sony a annoncé la sortie de sa PSP, surnommée Playstation Portable… Nintendo se doit alors de réagir, et le fait comme à son habitude, c'est-à-dire à demi mot. C’est lors d’une conférence en décembre 2003 qu’est évoqué le développement non pas d’une nouvelle console portable, mais d’un produit d’un concept nouveau, qui sera annoncé au printemps 2004. De quoi mettre l’eau à la bouche de nombreux fans de jeux vidéo ! La machine est sensée arriver en plus de la Game Cube et de la GBA, mais on ne saura rien de plus avant le 20 janvier 2004 où Nintendo présentera son projet soit disant révolutionnaire, qui se révèle être une simple console portable.
Une simple console portable ? Pas exactement, l’originalité venant du fait qu’elle propose deux écrans. L’image des Game & Watch Double Screen vient immédiatement en tête. Et cela n’est pas étonnant, puisque l’idée vient de l’ancien président de Nintendo, Hiroshi Yamauchi, qui reste très actif dans la société. Ce dernier annoncera d’ailleurs officiellement que « si la console se plante, je ne me mêlerais plus des affaires de Nintendo ». Il faut dire qu’il est l’instigateur des Game & Watch Double Screen, et qu’il était l’une des seules personnes à suivre l’inventeur de ses petits jeux, le défunt Gunpei Yokoi.
La boîte de la Nintendo DS.
Le projet est nommé DS, pour Dual Screen, mais ce nom est annoncé comme temporaire. Les possibilités annoncées sont ainsi très intéressantes, et l’image du jeu de foot où l’on peut voir l’action de près et l’ensemble du terrain sur l’autre écran est avancée. Reste que les journalistes présents sont quelque peu déçus et s’attendaient à une réelle révolution, comme il avait été annoncé a peine un mois plus tôt. Les railleries vont bon train, avec une console Game & Watch Hi-Tech. Dans tous les cas, suite à cette annonce, l’action de Nintendo fait un bon de 10% en bourse.
Ensuite, c’est le calme plat, Nintendo ne veut plus rien annoncer… Tout le monde reste sur sa faim et le net aidant, beaucoup d’idées plus saugrenues les unes que les autres voient le jour. C’est en mars qu’un grand bond en avant est fait, avec une fuite venant d’un éditeur tiers. Un simple bout de papier scanné fait fureur sur le net : il donne toutes les informations techniques détaillées sur la prochaine machine de Nintendo. Elle sera Wifi, un peu plus puissante qu’une Nintendo 64, proposera un micro intégré et un des deux écrans sera tactile ! Voilà déjà des avancées technologiques bien plus intéressantes qu’une simple console à deux écrans ! Le nom de code de la machine est lui aussi dévoilé, c’est Nintendo Nitro.
On pense en apprendre plus lors de l’E3 du mois de Mai, mais il n’en sera rien. Du moins au début. Aucune console n’est présente sur le stand, et seuls quelques noms de jeux sont annoncés. C’est le 11 mai à 20 heures qu’une conférence de presse présente officiellement la console. Le design déçoit énormément, face à l’aspect classieux d’une PSP, la DS fait toc et jouet pour gamin. Sortie nonchalamment de la poche du nouveau responsable de la communication de Nintendo, Reggie Fils Aime, la console donne tout de même envie. Malgré un look plutôt mauvais, que tout le monde espère temporaire, les avis sont unanimes : la portable va tout arracher sur son passage.
Le design définitif est présenté en août, et ne diffère malheureusement que très peu de celui du prototype. Il reste alors deux gros points d’interrogation qui seront bien vite expliqués par Nintendo. Tout d’abord le prix, il sera de 15 000 yens au Japon et 150 dollars aux Etats-Unis. Sony de son côté, ne fait que repousser l’annonce de prix et de date de sortie de sa console…
Un jeu avec son packaging.
Chose assez étonnante, la console sort aux Etats-Unis un peu avant le Japon, où elle voit le jour sur les étals le 2 décembre 2004. Les queues se font devant les magasins, toutes plus longues les unes que les autres. La campagne de publicité au Japon porte bien ses fruits. La chanteuse pop Utada Hikaru n’y est certainement pas étrangère, distillant son image pétillante dans des publicités très stylées. Parallèlement, un World Tour DS est mis en place, présentant dans différentes villes la nouvelle portable. Le succès ne se fait pas attendre et les pré commandes explosent les chiffres prévisionnels.
Nintendo doit livrer 300 000 consoles, finalement ce seront 500 000. Les vendeurs afficheront la rupture de stock à peine quatre jours plus tard. Trois semaines plus tard, ce ne sont pas moins de 1.5 millions de consoles qui auront été vendues (700 000 aux Etats-Unis et 800 000 au Japon).
Le lancement a parfaitement bien réussi et Monsieur Yamauchi peut rester à s’occuper des affaires de Nintendo.
La famille des jeux Game Boy.
Pour la France, il faut largement patienter jusqu’au 11 mars 2005 où la console sort pour 149 euros. Un prix très raisonnable, d’autant qu’elle propose en plus la démo de Metroid, dans une belle boite avec notice et cartouche, comme pour un jeu original. La boîte passe du blanc au noir, sans trop changer le design. 650 000 consoles sont présentes pour la sortie, et s’écouleront bien vite.
Une grande campagne est faite, sur tous les médias possibles. Le net n’est pas en reste et est très largement utilisé, bien plus que par le passé.
Le jeu phare lors de la sortie de la console est sans conteste Super Mario 64 DS. Le jeu original, sorti près de dix ans plus tôt sur Nintendo 64, est intégralement refait, et propose principalement de jouer avec d’autres personnages que Mario, comme Luigi, Wario, et surtout Yoshi. Des minis jeux utilisant l’écran tactile sont aussi présents, et nombreux sont ceux qu’il faut débloquer.
Reste que ce n’est qu’un Remake, et l’autre challenger, Rayman DS n’est qu’une ressaucée du Rayman 2 sortis sur Playstation et Dreamcast… De quoi faire grincer bien des dents. Aussi plaisant à jouer soit-il, Mario DS n’est qu’un jeu que beaucoup ont déjà terminé. Pas très encourageant, et prouvant que Nintendo ne se mouille pas.
On trouve aussi Wario , suite de Wario Ware, qui propose plein de petits jeux idiots utilisant les fonctions tactiles et le micro. De même, Project Rub vous fera draguer les minettes en utilisant ces mêmes fonctions. Aussi marrants soient-ils, ces jeux sont comme les premières démos de la DS : sympathiques, mais assez lassantes dans le temps. Cela pose ainsi un problème : cet écran tactile est-il aussi intéressant que cela ?
Autre gros problème de la console, c’est sa croix directionnelle. La console est maintenant capable de gérer de la 3D, et plutôt bien même, contrairement à beaucoup de rumeurs qui l’annoncent très pixélisée. Les niveaux demandant de la précision dans des jeux de plate forme souffrent alors énormément de l’absence de stick analogique. On peut bien entendu utiliser l’écran tactile, mais cela reste très limité, d’autant que l’ergonomie de la console n’est vraiment pas à la hauteur.
Malgré cela, la sauce prend. Le Wifi permet facilement de jouer à plusieurs. En fonction du jeu, il faut une ou plusieurs cartouches. Et avec jusqu’à 16 joueurs en simultané, les parties s’annoncent démentes ! Un logiciel est ainsi présent dans la console, pour faire des parties de chat, graphiques ou textuelles. Le rayon d’action est très limité. En extérieur on peut aller jusqu’à quelques dizaines de mètres, mais en intérieur, dès que l’on se trouve confronté à un mur la distance chute énormément.
Question autonomie, la machine dispose d’une batterie, et l’adaptateur secteur est le même que pour la GBA SP. L’autonomie est de six à dix heures. C’est assez court, mais reste tout à fait acceptable. A propos de la GBA justement, la console dispose d’un port cartouche spécialement prévu pour jouer aux anciens jeux… Mais uniquement GBA. Les jeux Game Boy ne fonctionnent plus. La finesse de la résolution rend les jeux un poil plus beaux, mais la mauvaise disposition des boutons et l’utilisation logique d’un seul écran fera préférer l’ancienne SP.
La console dispose d’une horloge interne et vous donne donc la date et l’heure, et enregistre vos noms et prénoms et quelques infos personnelles. Un stylet est présent dans un petit réceptacle au dessus de la console, et un second stylet et offert dans le carton. Une bonne initiative. Une sangle permettant de tenir la console permet aussi de se transformer en embout pour le pouce et permettre une utilisation de l’écran tactile bien plus pratique. Indispensable pour jouer à Metroid.
Le temps passe et arrivent des jeux vraiment terribles, permettant à la machine de réellement faire sa place dans le coeur des joueurs. Plutôt que de proposer des jeux à la sauce 3D, beaucoup d'éditeurs ont bien compris le truc. En proposant des jeux réellement originaux utilisant les capacités de la console, nous avons là de quoi satisfaire notre soif de bons jeux.
Another Code est un petit jeu d'aventure classique, mais utilisant a peu près toutes les possiblités de la console : souffler sur une peinture pour en enlever la poussière, utiliser la console comme un tampon ou encore souffler des bougies, il y a de quoi dans ce jeu génial mais bien trop court.
Pac Pix et ses Pac Man à dessins pour qu'ils prennent vie et mangent les fantômes est passé du stade de simple démo technique à un principe aussi efficace d'addictif. Il en va de même pour Yoshi Touch & Go où il faut guider bébé Mario en dessinant des nuages pour amortir sa chute.
Nintendo marque un grand coup durant le mois d'Octobre 2005 où arrive en France Nintendogs en même temps qu'une baisse de prix de la console à 129 euros. Ce jeu inaugure deux nouvelles couleurs de la console : bleues et roses. Cela fait toujours toc, mais ça a le mérite de changer sur gris si monotone.
Le jeu vous propose tout simplement d'élever un chien. Tamagoshi extrèmement puissant, vous pourrez guider votre chien à la voie, et le faire rencontrer d'autres de ses congénères. Certains adorent, d'autres détestent.
::Source principale pour la partie historique : Flo (Game Fan)::