Chroniqué par Nicolas Gilles
Adapter un jeu VR sur la Nintendo Switch, qui ne dispose pas de casque, n'est pas évident. La preuve avec EqqO. Mais il faut passer au dessus pour découvrir une petite perle cachée.EqqO, à la base, c'est un jeu VR made in France
Derrière Eqqo, on trouve Parallel Studio, un studio français où l'on retrouve des gens issus de studios prestigieux comme Ubisoft, Quantic Dreams ou encore DontNod.
Ils ont fait leurs armes sur White Night en 2015, un jeu d'aventures et d'horreur visuellement pas banal puisqu'il est uniquement en noir et en blanc.
Ils passent ensuite à la VR avec Dark Days, qui sera suivi du EqqO qui nous intéresse ici, et qui est d'abord développé pour la VR en 2018, les casques de réalité virtuelle, pour être ensuite adapté sur mobiles et sur Switch en 2020.
Il faut passer au dessus de l'adaptation VR
Comme je l'ai dit plus haut, EqqO est conçu spécifiquement pour les casques de réalité virtuelle. Le voir adapté sur Switch permet de le mettre entre les mains du plus grand nombre, mais cela impose quelques sacrifices.
Et quand on est habitué au casque, c'est assez douloureux. Les accéléromètres de la Switch ne suffisent absolument pas à compenser l'immersion. Il faut donc un temps d'adaptation pour oublier ce que l'on aurait pu vivre avec un casque sur les yeux et les oreilles.
Il en résulte une maniabilité assez déstabilisante au départ, mais où l'on retrouve une partie de cette sensation de liberté que l'on rencontre dans les jeux VR.
Donc même si elle est très imparfaite, cette adaptation d'EqqO fait du mieux qu'elle peut. Le problème ne vient pas des développeurs mais du support en lui-même. Donc bravo aux équipes pour le boulot, parce que cela reste tout à fait jouable.
Une aventure narrative et poétique
Avec un titre pareil, on pense tout de suite "jeu d'auteur", voir à certains grands noms comme Journey. Sauf que des jeux de ce calibre, il y en a presque autant que de boutons sur la manette de la NES.
EqqO n'a pas vraiment la prétention de battre des records, mais avant tout de raconter une histoire.
Une histoire qui se base sur les légendes éthiopiennes. Une mère raconte l'aventure de son enfant, aveugle, et comment elle l'a guidé au gré de son aventure en jetant des cailloux sur son chemin afin de lui indiquer la direction à suivre.
Tout cela est parfaitement intégré à l'aventure : c'est à vous de cliquer sur le sol pour indiquer à l'enfant où se déplacer.
Pour passer d'un tableau à l'autre, il faut souvent résoudre des énigmes. Ces dernières se basent sur l'appréhension de l'environnement et l'angle de vue, avec quelques éléments limités dans le temps (putain, mais quand est-ce que cette saleté de pratique issue des années 80 se finira ?).
Triste et dépressif
Pourquoi les jeux d'auteur doivent-ils toujours être tristes et graves ? Pourquoi, dans le milieu de la littérature, les prix Goncourt sont-ils toujours des drames ?
Toujours la même chose : un ton léger ou l'humour ne sont jamais pris au sérieux. Avec EqqO, vous ne risquez pas de vous gondoler, la voix off de la narratrice - la mère d'EqqO - nous raconte une histoire dont on appréhende la fin tant le ton est nostalgique. C'est très bien raconte, avec un doublage français de belle qualité.
L'ambiance est parfaitement bien rendue, il est d'ailleurs fortement conseillé d'y jouer au casque (le jeu est obligatoirement à jouer en version portable de la console).
L'aventure prend environ 5 heures, ce n'est pas très long, mais les mécaniques de puzzle ne se renouvellent pas assez pour proposer quelque chose de plus long. C'est bien calibré, ça tourne bien et, surtout, on a envie de connaître le fin mot de l'histoire.