Chroniqué par Nicolas Gilles
Le jeu de société emblématique des zombies en version film emblématique de zombie, c’est pas un vieux fantasme ça ? Il est maintenant devenu réalité.
Fantasme de joueur
Lorsque j’ai découvert l’existence de Zombicide (je ne te remercierai jamais assez l’ami JPTom), j’ai quasiment immédiatement fantasmé sur l’hypothétique existence d’une version reprenant le très culte film de Georges Romero, La Nuit des Morts Vivants. Le premier film de zombies ever (sorti en 1968), rien que ça.
Et quand JPTom m’a informé qu’il y avait en effet un vague projet de ce genre dans les cartons de CMON (Cool Mini Or Not), l’éditeur, on était tous les deux bien agités autour de nos bières.
Sauf que les années ont passé, et finalement, on ne voyait pas grand chose venir. Jusqu’en décembre 2019 où une campagne Kickstarter annonce enfin le jeu tant attendu.
Zombicide = Kickstarter
Tous les Zombicide ont été lancés via Kickstarter, et Night of the Living Dead suit les traces de ses illustres prédécesseurs.

Le plateau de jeu rappellera bien des choses aux cinéphiles.
Toutefois, on est bien loin des sommets atteint par les épisodes habituels. Là où les épisodes habituels font quelques millions de dollars de recettes, ici, on est sur un petit 430 154 $.
Les joueurs seraient des incultes qui n’aiment pas les zombies, le cinoche et les trucs de geek ? Non, certainement pas. C’est juste que la campagne lancée par CMON est une petite campagne, qui n’a duré que 15 jours, et surtout sans stretch goals.
Enfin si, juste une mini-boite avec quelques cartes et quatre personnages exclusifs. Quand on voit les prix abusifs des frais de port, on comprend pourquoi beaucoup ont laissé tomber ou ont préféré attendre la sortie boutique.
Mais cette campagne marque surtout une grande nouveauté pour nous autres pauvres petits (cons) de français : la campagne propose une version française du jeu, directement !
Cela ne sera malheureusement pas le cas de la grosse sortie suivante, Zombicide Undead or Alive qui place les joueurs dans un monde western. Bref, on reste des pauvres couillons qui n’intéressent pas les gros (cons) ricains.

On retrouve les mécaniques classiques d'un Zombicide.
Dommage, car ce sont toujours les français Raphaël GUITON, Jean-Baptiste LULLIEN et Nicolas RAOULT qui sont les auteurs. Aux pinceaux, c’est Karl KOPINSKI. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est réussi.
On a ici un Zombicide beaucoup plus mature visuellement.
Un Zombicide de seconde zone
Zombicide Night of the Living Dead est clairement présenté, dès sa genèse, comme un spin off de la série. Le matériel est donc beaucoup plus limité.
Par exemple, on ne trouve que 6 tuiles de paysage là où les opus classiques proposent 9 tuiles. Idem pour les jetons qui sont en nombre beaucoup plus limités.
Heureusement, dés en main, cela ne se ressent absolument pas, c’est même plus fluide.

Les figurines sont toujours aussi bien faites.
Côté aventure, on trouve toujours dix missions. Et là où c’est cool, c’est que cela se base sur le scénario du film. Bon, après, ce n’est pas forcément très proche du film en question, puisque dans le film, les protagonistes ont particulièrement du mal à s’entendre et à se faire confiance… Alors qu’ici, c’est un Zombicide, et donc un jeu totalement coopératif.
Les puristes fans de Romero prendront tout de même très certainement leur pied à retrouver tous les petits clins d'œil disséminés un peu partout, et notamment sur les tuiles de jeu ou les personnages en eux-mêmes.
Quelles sont les nouveautés de Zombicide Night of the Living Dead ?
Avant de parler du jeu en lui-même, on va parler de l’éditeur. Car si c’est toujours CMON l’éditeur principal du jeu, notamment pour les Etats-Unis, le jeu n’est pas édité par Edge en France, alors que c’était le cas de l’ensemble de la série jusque là. C’est dorénavant Funforge qui propose le jeu sur les étals français.
Qu’est-ce que ça change ? Bah je n’en sais rien, Funforge étant aussi respectable que Edge. Et quant à savoir pourquoi un tel changement, je ne suis pas dans le secret des dieux.
Pile ou face
Concrètement, dans le jeu, on trouve principalement des héros dont la carte de personnage est recto ou verso : un côté Romero et un côté Zombicide. Forcément, le côté Zombicide est beaucoup plus balèze.

Les plateaux des joueurs ont été adaptés.
Tout au long de la partie, vous allez retourner les cartes et les re-retourner. Car le jeu ajoute un nouveau type d’ennemis : les proches. En plastique rouge pour qu’on les reconnaisse facilement, ils correspondent aux amis tombés au combat, Johnny ou Karen. Ils ne sont que deux, mais bien suffisants tant ils foutent le bordel dans la partie : tant qu’ils sont sur le plateau de jeu, tous les joueurs ont peur et passent donc en mode Romero.
Cela apporte une bonne tension à la partie, car en version Romero, les personnages sont vraiment très limités.
Les autres nouveautés
Les autres nouveautés sont beaucoup plus anecdotiques, mais collent au film. On joue donc beaucoup avec les barricades sur les fenêtres, que l’on peut faire et défaire.
Côté accessoires, on trouve maintenant trois piles de cartes :
- Les rouges pour les armes au corps à corps
- Les vertes pour les armes à distance
- Les marrons pour le reste des accessoires
Et côté gameplay, cela change beaucoup de choses ! Quand on veut piocher, on peut le faire dans l’un des trois paquets, comme on veut… Sauf dans certaines missions où certaines piles ne se trouvent qu’à un endroit précis.
C’est plus simple, plus clair, et plus facile.
Même chose pour le bruit : en général tout le monde s’en foutait, donc ici on n’a carrément plus de gestion du bruit.

Tout rentre parfaitement dans la boite.
Zombicide pour les noobs ?
Un peu oui. Simplement, ce n’est pas un Zombicide comme les autres.
Déjà, les illustrations de Karl KOPINSKI le placent dans un rendu graphique totalement différent et beaucoup plus sérieux. Les autres opus jouent le potache avec des graphismes très typés bande dessinée.
Ici, on sent vraiment le côté survivaliste, et cela permettra très certainement au jeu de toucher un autre public.
Et la difficulté a été revue à la baisse, certainement pour cette même raison. Pourtant, la difficulté dans les Zombicide n’a jamais été très élevée, loin de là.
Et c’est vraiment dommage. Même pour moi qui n’aime pas la difficulté j’ai trouvé Zombicide Night of the Living Dead vraiment beaucoup trop facile, au point d’en devenir frustrant. Terminer une partie en ayant à peine passé le niveau orange est plutôt blasant. On aurait aimé plus de zombies, plus de coups de feu et plus de bordel.

Si la majorité des missions se passent en intérieur, vous allez devoir sortir prendre un peu l'air.
C’est donc beaucoup plus permissif, également plus varié, mais beaucoup trop simple.

La difficulté manque malheureusement de piquant.
Zombicide Night of the Living Dead, un jeu pour 1-6 joueurs de Raphaël Guiton, Jean-Baptiste Lullien et Nicolas Raoult, illustré par Édouard Guiton, Karl Kopinski, Henning Ludvigsen et Eric Nouhaut, édité par Funforge pour des parties d'environ 60min.
Age conseillé : 14+.