Reykholt

Chroniqué par Nicolas Gilles

Dans Reykholt, vous allez partir pour un voyage en Islande, où vous allez devoir cultiver des légumes. Et en fait, la culture de légumes, c’est super calculatoire, vous allez voir.

Uwe Rosenberg, décidément très productif

Bien connu pour Agricola ou encore Patchwork, Uwe Rosenberg est un vieux briscard du jeu de société. On lui doit un sacré paquet de jeux, environ un par an. Reykholt est le millésime 2018.

On dénombre pas mal de jeux marquants dans la ludothèque de l’auteur, chacun posant des bases de gameplay qu’il va décliner par la suite dans de nombreux autres jeux.

On peut donc placer Reylholt dans la catégorie des Agricola. Mais si certains de ces jeux sont très très proches, ici les deux sont tout de même très différents, même si on a ici de la pose d’ouvrier avec blocage des autres joueurs.

Légumes islandais

Reykholt est un jeu à l’allemande. Cela veut donc dire que le thème, bah on l’oublie au bout d’environ trois minutes trente. Voir un peu plus tôt.


Pourtant, on peut saluer l’effort du thème, que Rosenberg a été chercher loin, et plus exactement en Islande.

Reykholt n’est pas un jeu de mot sur “récolte”, mais un village islandais, situé à environ 100km au nord de Reykjavik… Soit à peu près au bout du monde. Mais même au bout du monde, il y a des touristes, et votre but est de les nourrir.

Chaque joueur doit donc nourrir un maximum de touristes. Le système de points se fait en nombre d’assiettes (et donc de cases sur l’aire de jeu). Le joueur qui aura nourri le plus de touristes au bout des septs tours de jeu sera le meilleur producteur de l’année.

Un chouette matos

On est peut être en présence d’un jeu allemand aux mécaniques très calculatoires, mais le matériel n’a plus grand chose à voir avec les cubes en bois d’antan. Ici, chaque légume est en bois, avec sa forme et sa couleur. Le tout est dans de jolies petites caisses en carton, qui permettent également de facilement les ranger.

Le plateau de jeu reprend le style graphique du visuel du jeu. C’est vraiment très joli et ça donne carrément envie de jouer !

La passion du légume

Encore un jeu qui traite de l’agriculture. Visiblement une passion chez Rosenberg. Votre but est donc de nourrir des touristes, mais avant tout, il vous faudra produire des légumes.

Il y en a cinq types : Carottes, Tomates, Salades, Choux et Champignons.

Chaque joueur dispose de trois ouvriers. A tour de rôle, les joueurs vont poser leurs ouvriers (sous forme de pions) sur le plateau de jeu pour réaliser une action. Comme on est dans un jeu de pose d’ouvriers avec blocage, c’est premier arrivé premier servi : une case ne peut être occupée que par un et un seul ouvrier.

Chaque case donne donc une action. Il y en a quatre types, chacune se décomposant en plusieurs sous actions, plus ou moins intéressantes :
- Exploitation : vous permet d’agrandir vos serres (représentées par des cartes devant vous) pour pouvoir produire plus de légumes
- Culture : vous permet de planter et de récolter des légumes sur vos serres
- Marché : vous permet de récolter vos légumes
- Hôtel de ville : des actions spéciales, souvent pour accélérer les choses et vous faciliter la vie

Un tour de jeu se déroule en trois phases :


Le temps des récoltes
C’est simple : chaque serre de légumes permet d’en récolter un. Attention toutefois, les légumes qui restent dans les serres ne pourront pas être servis aux touristes pour ce tour.

Le temps du tourisme
C’est là que vous nourrissez vos touristes. Mais pas n’importe comment : il faut choisir une assiette sur la case en face de votre pion et dépenser les légumes afin de nourrir les touristes. Vous pouvez remplir plusieurs assiettes pour progresser de plusieurs cases. C’est même toute l’idée du jeu : comboter, ce qui le rend très calculatoire, surtout durant les derniers tours.
Vous devez également choisir une assiette et récupérer les légumes qui la composent dans la réserve principale. Côté thème, c’est totalement illogique, mais côté jeu, cela permet d’avancer d’au moins une case à chaque tour.

Le temps du repos.
Maintenant que tout le monde à bien mangé, on va passer une bonne nuit. On récupère nos ouvriers et on passe au tour suivant. Et ça pendant sept tours.

Des noeuds au cerveau

Les premiers tours de Reykholt sont plutôt simples, tout comme les règles qui s’expliquent facilement. Toutefois, après quelques tours, l’ensemble devient très tendu et calculatoire.

Et comme il y a fort à parier que les autres joueurs vont prendre des emplacements d’action que vous convoitez, il faudra vous adapter. Le jeu est donc modulable en fonction du nombre de joueurs, afin de rester toujours tendu, que l’on joue à deux, à trois ou à quatre. Et ça fonctionne bien !


Seulement voilà, on est face à un jeu très très calculatoire. Du coup, cela le réserve à un public particulier. Car les règles sont simples, mais on a vite fait de se vriller le cerveau afin de réussir ses combos et remplir les assiettes.

C’est agréable à jouer, mais à mes yeux ce n’est clairement pas un jeu qui restera dans les mémoires. Il est trop proche d’un Agricola, et surtout beaucoup moins riche et varié.







Reykholt, un jeu pour 1-4 joueurs de Uwe Rosenberg, illustré par Lukas Siegmon, édité par Renegade Game Studios pour des parties d'environ 60min.
Age conseillé : 12+.