L’auteur d’Orléans remet le couvert avec un thème beaucoup plus original. Ben oui, sur la boîte, il y a un alpaga. Trop la classe, parce qu’un alpaga, c’est tout doux, un peu comme un lama, sauf que ça ne crache pas.

Orléans, mais avec des poils


Quand Reiner Stockhausen, l’auteur d’Orléans, prend la mécanique principale de son jeu phare pour la tordre un peu dans tous les sens, ça donne Altiplano.

Déjà, en termes de visuels et de sujet, ça n’a plus grand chose à voir. Exit la ville fan de Jeanne d’Arc, place à la Cordillère des Andes et l’Amérique du Sud !

La boîte d’Altiplano est bien remplie. Elle est d’un format proche de celle d’Agricola, et pèse quasiment aussi lourd.

Le tout déborde de carton dans tous les sens, de quoi réjouir tout amateur de jeu de gestion qui se respecte. Et visuellement, pour un jeu allemand, c’est carrément pas mal du tout !

Le plateau de jeu, modulable.
Le plateau de jeu, modulable.

Pourtant, parmis les illustrateurs d’Altiplano, on note Klemens Franz, bien connu pour son travail sur Agricola notamment (oui, encore lui). Un style clairement maîtrisé, mais auquel on pourrait reprocher d’être un poil vieillot. Pourtant, Altiplano sait proposer une version aux traits classiques, avec une touche de modernité bien appréciable.

Il n’y a qu’à voir l’Alpaga et sa bouille avenante sur la couverture de la boîte pour s’en convaincre… Moi ça m’a fait envie en tout cas. De plus, il n’y a pas de texte sur le matériel, tout est signifié par des pictos très clairs. Et ce n’est pas du luxe, vu la tonne d’actions qu’il y a.

Un jeu de bag building


On avait eu le deck building, avec Dominion, où il fallait construire son jeu de cartes. On avait également du dice building avec Quarriors ou même du dice crafting avec Dice Forge. Orléans a posé les bases d’une nouvelle façon de construire son jeu : le bag building.

Comprenez par là qu’à votre tour, vous allez récupérer des ressources, et que ces ressources, vous allez les foutre dans un sac, pour les tirer au hasard par la suite. Simple et malin, il fallait tout simplement y penser !

Et ces jetons de ressources correspondent à tout un tas de choses : poisson, cacao, tissus, poils, minerai, etc. La spécificité, c’est que certains servent pour en produire de nouveaux : les alpagas permettent de produire de la laine, qui servira à son tour à produire du tissu, etc. Et forcément, le tissus, ça rapporte plus de points.

Des upgrades bien pratiques pour la suite de la partie...
Des upgrades bien pratiques pour la suite de la partie...

Les phases de jeu


Chaque manche se décompose en quatre étapes :

Pioche
On commence par faire sa main en tirant un certain nombre de jetons de son sac, puis on les places au bas de son plateau personnel. Mais attention, le nombre de cases disponibles est fortement limité, mais vous pourrez l’augmenter au gré de la partie.

Planification
On doit ensuite, toujours via sur son plateau personnel, planifier les actions que l’on va effectuer par la suite. Cette phase se joue tous ensemble.

Actions
Chacun son tour, chaque joueur va jouer l’une des actions qu’il a planifié. Attention alors à bien prendre en compte celles des autres joueurs, qui peuvent venir foutre la merde dans votre planification si bien peaufinée ! Bon, les interactions restent tout de même très limitées.

Les actions permettent de produire, et ainsi récupérer des pions. Altiplano a cette particularité qu’ont tous les jeux de [quelquechose] building : les ressources ne sont pas perdues, mais juste défaussées jusqu’à ce qu’on les pioche à nouveau.

La piste qui vous permet d'augmenter le nombre de vos actions.
La piste qui vous permet d'augmenter le nombre de vos actions.

Mais vous pouvez également acheter des éléments qui vous faciliteront la vie, des capacités spéciales en quelque sortes.

Vous devrez aussi stocker vos marchandises, car c’est au final elles qui vous rapportent des points en fin de partie. Vous pouvez également récupérer des cartes qui vous permettent de remporter encore plus de points en fonction des matières que vous aurez dans votre inventaire.

Enfin, vous pouvez également livrer des marchandises via des cartes de commande. Et là, les points gagnés sont généralement très juteux !

Du coup, des actions possibles, il y en a. Plein même. Ce qui va vous manque, c’est le nombre d’actions que vous pourrez planifier. A la manière d’un Agricola, vous allez donc devoir faire des choix souvent cornéliens.

Ajustements
On bidouille deux ou trois trucs histoire de pouvoir préparer le tour suivant, notamment en changeant le premier joueur (qui récupère alors le superbe Alpaga en carton trop mignon tout plein).

Vos espace personnel : c'est là que vous allez pouvoir anticiper toutes vos actions.
Vos espace personnel : c'est là que vous allez pouvoir anticiper toutes vos actions.

Un chouette renouvellement dans les parties


En début de partie, on récupère une tuile qui va vous donner des compétences exclusives. Cette tuile influe énormément sur votre stratégie, et comme elle change à chaque partie, cela vous force à changer votre fusil d’épaule.

De plus, le plateau central est modulable, si bien que les différents sites de production / achat / optimisation changent à chaque fois…. Car pour pouvoir faire une action, il faut que votre personnage s’y trouve. Et s’il ne s’y trouve pas, il faudra s’y déplacer… Mais encore faut-il l’avoir planifié !

Les parties durent entre une et deux heures en fonction du nombre de joueurs, mais dans tous les cas, on ne trouve pas vraiment le temps long puisque plusieurs phases se jouent tous en même temps, seule la phase d’action se fait tour à tour, et comme elle est déjà planifiée, elle ne prend pas trop longtemps.

Optimiser des ressources


Finalement, sous ses airs de gros jeu, Altiplano n’est pas si complexe que ça à comprendre. Une fois en jeu, il y a un sacré paquet de stratégies à adopter, d’autant que la configuration de base change à chaque partie, et que les ressources que vous tirez de votre sac sont forcément fortement impactées par le hasard.

Il vous faudra donc faire ce que vous pouvez pour optimiser vos pioches. Pour cela, l’idée c’est de ne pas avoir trop de ressources dans votre sac. Et là, on se fait des nœuds au cerveau quand on sait que ce sont ces mêmes ressources qui nous rapportent des points en fin de partie.

L’idée sera donc de les stocker dans votre entrepôt, mais réfléchissez bien avant de les stocker, car vous n’y aurez plus accès… Et les ressources sont loins d’être infinies !

Au final, le jeu ressemble à une évolution d’Orléans. Si vous avez beaucoup joué à ce dernier, Altiplano ne sera pas forcément pour vous, à par si vous êtes ultra fan de bag building. Mais pour les autres, son thème plus original et ses mécaniques un peu plus poussées font d’Altiplano un jeu parfaitement recommandable.


Altiplano, un jeu pour 2-5 joueurs de Reiner Stockhausen, illustré par Klemens Franz, Andrea Kattnig et Jeff Oglesby, édité par Dlp Games pour des parties d'environ 60-120 min.
Age conseillé : 12+.
Excellent !

Altiplano

Altiplano se base sur les règles d’Orléans, pour proposer un thème plus original et un jeu à la fois simple à expliquer (pour un jeu de gestion, entendons-nous bien), mais complexe à maîtriser. Une bonne pioche !

La note : 5/6 (Excellent !)