Alors que la mode est aux jeux faciles d'accès, Tri ace - une fois n'est pas coutume - prend le risque de sortir un jeu réussi mais inaccessible au commun des joueurs. La faute à une difficulté très élevée et à un système de jeu ne laissant aucune place au hasard. Ce Resonance of Fate, fantaisie pour gamers old shool, mérite-t-il que l'on s'y attarde ? Certainement si vous êtes un vieux de la vielle, du genre à mettre du tabasco sur vos coupures pour rigoler sans aucun doute ; dans le cas contraire : fuyez !

Dans un futur proche l'humanité à trouvé refuge dans la tour souterraine de Bazel afin de fuir une terre dévastée par des catastrophes écologiques. Cette grande construction entièrement mécanisée sert d'habitat à la population, tout en oeuvrant à la purification de la planète afin de permettre aux hommes de pouvoir regagner la surface un jour.

Dans cet environnement de rouages branlants et de mécanismes poussifs, le joueur dirige une équipe de trois jeunes gens : Vashyron, Zephyr et Reabell. Nos héros sont des chasseurs de primes essayant de faire leur trou dans une société de castes où une élite religieuse et dirigeante jouit de confort et autres privilèges tandis que la plèbe croupit dans les niveaux inférieurs de la tour… Ainsi, au gré des missions, nous explorerons la tentaculaire tour de Bazel avec comme trame principale un obscur complot orchestré par cette même élite .

Resonance of Fate sur Xbox 360.
Resonance of Fate sur Xbox 360.

Les déplacements sur la carte de ce monde labyrinthique sont très originaux : le sol est une espèce de mosaïque de dalles que le joueur devra décoller pour progresser et atteindre ses objectifs (donjons, villes, etc.) en y apposant des cellules d'énergies. Ces cellules de différentes couleurs sont lootées par les monstres ou obtenues après avoir rempli des missions données. La liberté de mouvement est donc limitée par l'avancement de l'histoire et le farm de rigueur pour ouvrir de nouveaux chemins à explorer.
Dors et déjà Résonance of Fate est un jeu atypique mais c'est bien son système de combat novateur et sans concessions qui le fait sortir du lot.
En effet ces combats sont durs, très durs ou plutôt impitoyables ; chaque victoire se mérite et nécessite de maitriser les rouages d'un système complexe et difficile d'accès.

Impossible d'expliquer un système de combat si riche sans une manette à la main, mais pour simplifier ils faut retenir quatre points précis.
Les échauffourées sont en semi temps réel dans une aire fermée : tant que le joueur ne bouge pas, l'ennemi reste immobile. Dès qu'il se met en action l'ennemi fait donc de même, se déplace pour se mettre à l'abri, attaque, etc. Nos héros agissent chacun leur tour et possèdent une jauge de points d'action commune se vidant ou se remplissant en fonction de la réussite de leurs actions.
Si cette jauge est vidée ou brisée par un ennemi, nos trois héros se retrouvent alors en "situation critique" où leur efficacité, leur mobilité et leurs actions sont amoindries. Souvent, cela sonne le glas des chances de réussite de l'équipe. Vashyron, Zephyr et Reabell utilisant des armes à feu, il faut donc jongler avec les niveaux de charge de ces armes pour optimiser l'efficacité du tour : les charges apportent des bonus de combat en fonction de l'expérience de son porteur comme le bris de jauge, les dégâts multipliés, etc.).

Le tout en gardant à l'esprit que plus ces charges sont longues, plus elles risques d'être interrompues par l'ennemi. Pour finir, chaque adversaire possède ses propres forces et faiblesses et nécessite une approche unique (un ennemi blindé sur les cotés devra être attaqué de face ou par derrière par exemple).
Ainsi, pour avoir des chances de remporter un combat, il faut donc prendre en compte le placement de nos héros sur l'air de combat, l'ordre dans lequel ils vont attaquer en fonction de leur équipement, jauger la façon d'affaiblir les défenses ennemies en utilisant les différentes armes et leurs dégâts propres. Certaines provoquent des blessures qui vident la défense adverse alors que d'autres influencent directement les points de vies. Ces secondes sont inefficaces si l'ennemi possède encore des points d'armures et vice versa. Il faut enfin veiller à remplir constamment sa jauge de points d'action pour ne pas se retrouver acculé en mode "critique".

En bref, chaque combat est épique et très tactique, mais peut se terminer par une défaite à cause d'un tour mal joué, ce qui ne manquera pas d'en énerver plus d'un...
Véritablement novateur et frais, ce système est malheureusement frustrant, et même si l'on peut consulter le didacticiel à tout moment, le jeu nécessite un véritable investissement. Seuls les joueurs les plus pugnaces ou les fins stratèges ne seront pas dégoutés par une telle difficulté.
Difficile de pas fulminer lorsque l'on perd un combat contre un adversaire de base, lors d'une rencontre aléatoire, à cause d'un moment d'inattention ou d'un tour raté ! Certains boss vont même faire bondir la vente de perruques et d'antidépresseurs chez une grande majorité de joueurs...
Sans compter que cette difficulté sera à peine amoindrie par de longues heures de leveling à l'arène du jeu, beaucoup de points de vie ne signifiant pas plus de défense et de résistance.

Dommage donc que Resonance of Fate soit si élitiste car le reste est à la hauteur de ce que l'on peut attendre d'un bon jeu de rôles. Le scénario est riche, mélangeant avec succès de la science fiction fataliste, du militantisme écolo, un univers baroque et des héros déjantés dans la plus pure tradition japonaise. Au passage, les vannes que les héros balancent pendant les combats ou encore certaines cut-scènes sont savoureuses, tantôt débiles tantôt décalées, mais toujours bourrées d'humour.
Coté technique pas grand chose à dire, le jeu est bien fini avec des graphismes fins mais un peu sombres et une animation sans faille.

Coté durée de vie, l'exploration des moindres recoins de Bazel, la personnalisation des armes, la possibilité de customiser son équipe avec les dizaines de tenues disponibles et les nombreuses quêtes secondaires demandera d'innombrables heures de jeux. Un bon point face à une concurrence donnant souvent dans le famélique.
L'environnement sonore et la musique dynamique parachèvent cette réussite avec bonheur. A noter aussi une excellente VOSTF et la possibilité de choisir les voix japonaises ou anglaises, ce qui ne manquera pas de combler les puristes.

La seule chose jurant avec le reste serait peut-être le manque de clarté sur le système de gain de niveau que le joueur ne pourra maitriser qu'a force de tâtonnements. Nos héros ne monteront en niveau qu'en utilisant une des trois catégories d'armes disponibles (mitraillette, pistolets et armes de jet). Il faudra donc régulièrement permuter ces armes entres les trois personnages pour monter en puissance.
Excellent !

Resonance of Fate

Alors au final que penser de ce Resonance of Fate ? Tout dépend en fait à quelle catégorie de joueur vous appartenez. Les vieux routards du RPG à l'ancienne, habitués à se faire corriger et à recommencer de nombreuses fois un combat avant de le réussir trouveront là un jeu novateur, revêche et exigeant mais oh combien jouissif.
Tous les autres pourront sans regret passer leur chemin et éviter ainsi de se pendre avec leur manette, de bruler leur console ou de s'infliger des perfusions de Final Fantasy XIII pour s'en remettre...
Ils passeront cependant à coté de ce qui est à mes yeux l'un des meilleurs Action RPG de cette génération de consoles. Alors mille fois merci à Sega et Tri Ace d'oser encore faire des jeux de joueurs avec un grand J !

La note : 5/6 (Excellent !)