Chroniqué par Nicolas Gilles
Un nouveau volet de Resident Evil, ça se fait toujours beaucoup attendre ! Et si le quatrième opus, avec son changement de direction en terme de gameplay, avait divisé les joueurs, ce cinquième épisode a vraiment divisé les foules, et ce pour plusieurs raisons.On retrouve Chris Redfield, le héros du premier épisode. D'ailleurs, le scénario se base énormément sur cet épisode Playstation pour créer sa trame principale. Je ne voudrais surtout pas vous gâcher l'effet de surprise, je n'ajouterai donc rien. Sachez juste qu'il sera question d'Albert Wesker et de Jill Valentine...
Resident Evil 5, un jeu raciste ?
L'action se déroule en Afrique. Voilà, le mot est tombé : Afrique. Du coup, les zombies - non, infectés, on doit dire infectés maintenant - sont noirs, pour la plupart.
Il n'en fallait pas plus pour créer le premier point qui soulève une polémique énorme dans la communauté des joueurs lors de la sortie du jeu : Resident Evil 5 serait-il raciste ?
Certes non ! Mais pour certains, flinguer des noirs, c'est du racisme. Pourtant un zombie est un zombie non ?
Le très décrié Resident Evil 5...
Voyant le tôlé général lors des premières images du jeu, les gens de chez Capcom ont tenté de rectifier le tir. On trouve donc également beaucoup d'infectés de différents pays. Cela nuit quelque peu à l'ambiance. Par exemple, qu'est-ce qu'un guerrier au look typiquement Taliban vient foutre là dedans ? Sans doute pour s'attirer la sympathie des américains...
Il faut avouer qu'avec la qualité technique du jeu, le réalisme est de mise. Il est donc clair que le jeu n'est pas à mettre entre toutes les mains, et surtout entre celle des plus jeunes.
Ce media continue donc son petit bonhomme de chemin sur le sentier de la maturité pour proposer de réels jeux pour adultes, c'est à dire durs graphiquement sans forcément tenter de faire passer un message quel qu'il soit, à l'image des films d'horreur.
Pour rester sur la paranoïa de certains vis à vis de l'hypothétique racisme véhiculé par le jeu, certains prétexteront que le jeu souffre du syndrome de l'approximation, qui le fait afficher au joueur des décors un peu trop typiques de l'Afrique, faisant apparaitre le peuple noir non infecté comme violent et aliéné. Il est clair que sur ce point, les développeurs de chez Capcom ont été assez maladroits, soulignant la différence de vision du Japon vis à vis de cette région du monde face à la culpabilité du colonialisme européen, certes révolu, mais encore douloureux dans la mémoire collective.
Pourtant, cette vision ultra simpliste des choses et des peuples est déjà présente dans les épisodes précédents.
Qui a trouvé à redire aux hispaniques dont le comportement semble directement sortis de chez les teubés du film Délivrance ? Personne.
Il est clair que l'Afrique est un continent en crise, mais il ne faudrait pas non plus voir le mal partout. C'est cette vision du racisme qui crée un racisme encore plus dangereux, puisque soit-disant bien-pensant.
Mais... et le jeu ?
Je clos ici ce coup de gueule face à la polémique soulevée par le background du jeu pour m'attarder sur le jeu lui-même (enfin ! affirmeront certains, et ils auront raison).
Arrive alors le personnage de Sheeva, la coéquipière black de Chris, qui va constituer le coeur de la nouveauté de ce Resident Evil 5 : l'entraide. Le jeu peut sans problème se jouer seul, mais il prend toute sa saveur lorsqu'il est joué avec un ami, via une connexion directe entre consoles ou via le Live.
En solo, l'IA est plutôt au dessus de la moyenne, bien que souffrant encore de pas mal d'incohérences.
Côté gameplay, on retrouve de quoi lever une seconde polémique. Cette fois beaucoup moins grave et surtout plus légitime.
En effet, le gameplay est point pour point calqué sur celui du quatrième épisode, sorti quatre ans auparavant. Du coup, si à l'époque les joueurs trouvaient le jeu assez raide, ce sentiment s'est clairement amplifié avec les années.
D'autant que Resident Evil 5 a clairement mis de côté son aspect flippant, le laissant à Silent Hill et autres Forbidden Siren pour se tourner vers une action de tous les instants. Quand on sait que le jeu côtoie des Gears of War, on est en droit de pester comme un putois lorsque ce gros lourdeau bodybuildé de Chris (oui, il a doublé de volume par rapport aux précédents épisodes) n'est pas capable de se déplacer lorsqu'il vise ou qu'il recharge !
Heureusement, on s'y fait. Le déroulement du jeu est assez rythmé, et les six missions - décomposées en trois niveaux chacune - va vous tenir sur une bonne dizaine d'heures.
Exit également les énigmes, encore une fois c'est l'action qui prévaut. Les combats contre les boss sont assez intéressants : il faut trouver leur point faible et l'utiliser. Du coup, il n'est pratiquement jamais nécessaire de bourriner sans réfléchir, sous peine de ne jamais venir à bout du gros vilain. Un peu de finesse dans ce monde de brutes.
Côté réalisation, c'est vraiment du tout bon. C'est très fin, bien animé, et pour une fois les personnages sont très bien modélisés. L'ambiance sonore sait se faire oppressante, et les environnements traversés sont assez variés pour éviter tout sentiment de monotonie.