Nier

Chroniqué par warlok_return

Square Enix c'est un peu les Walt Disney du RPG : des bons jeux niais et édulcorés où la surprise n'a pas sa place.Toutefois, quand un écran titre vous accueille avec un chapelet d'injures, tout de suite on se dit que l'on est face à une production pas banale...

Et c'est clairement le cas. Les premiers pas sont assez rebutants tant la réalisation n'est pas digne des consoles actuelles. Les décors, même s'ils ne manquent pas de charme, sont assez vides et épurés et ne flattent pas vraiment la rétine du joueur...

Coté scénario, l'histoire prend place 1300 ans après notre ère dans un monde archaïque, dénué de toute trace de technologie moderne. L'humanité tente de survivre face à deux fléaux : les ombres, belliqueuses et maléfiques, et la peste runique, une maladie mortelle et mystérieuse.
On se retrouve ainsi aux commandes du héros, Nier, tiraillé entre la maladie de sa fille et un monde à l'agonie, qui devra jongler entre la recherche d'un remède à la peste et aider les villageois à soulager leurs peines...


La mort et la tragédie sont le fil conducteur de cette aventure. Nier croisera trois alliés tout aussi bousculés par la vie lors de ses pérégrinations. Kainé, une jeune femme pestiférée court vêtue au langage de charretier ; Emile, un garçonnet aveugle au regard pétrifiant ; et Weiss un grimoire magique bavard déchu de ses pouvoirs...
Notre héros n'est pas vraiment charismatique avec ses réactions neutres et son manque de panache, mais ces trois compagnons d'infortune sont quant à eux hauts en couleurs et très aboutis, tranchants radicalement avec les stéréotypes habituels.

Côté gameplay, Nier est un mélange bâtard assez surprenant entre différents genres : action RPG dans l'absolu (combats très dynamiques avec attaque, garde et magie), il lorgne souvent du coté du hackn' slash avec ces vagues de mobs à défaire à la chaine, mais aussi du coté du shoot em up avec des combats tactiques contre des boss crachant des myriades de boulettes d'énergie.
Ces même boss sont par ailleurs originaux et très réussis. Ils demandent une réelle approche réfléchie afin d'être détruits, tandis que le joueurs devra habilement slalomer entre ces pattern de boulettes pour survivre.

La montée en puissance du héros se fait de manière classique avec des gains de niveaux. Cependant aucune spécialisation n'est possible sur la feuille de personnage. Hormis les armes, les habituelles potions de soin et de défense, il n'y a pas d'équipement (armure, etc.) à gérer. La subtilité de ce système vient de l'armement avec 3 catégories d'armes au maniement et à la puissance bien distinctes (épée, armes d'hast, arme à deux mains). On peut y associer des sphères d'améliorations en les liant aux techniques, aux armes et aux pouvoirs. Nier devra les arracher des griffes des boss et autres adversaires avant de pouvoir les utiliser.

Le jeu est divisé en de vastes zones où le joueur devra sans cesse faire des allez retours au grès des objectifs en cours, avec comme ligne de mire le classique triptyque village / donjon / boss. Une monture sera d'ailleurs vite disponible pour traverser ces grandes étendues rapidement et presque sans risques.
Ultra dirigiste aux premiers abords, le jeu laisse toutefois une grande liberté d'exploration : recherche de quêtes secondaires, farm d'objets, slash de mobs pour récupérer de l'expérience, et même jardinage et pêche.

Au final, Nier est un jeu très cohérent avec un bestiaire réussi, des dialogues cocasses, une aventure haletante et résolument adulte, des boss retors, une bandes son enchanteresse et une myriade de clins d'œil et autres hommages à des jeux célèbres (Resident Evil, Zelda, Diablo, etc.) ; tout cela malgré quelques faiblesses graphiques et la relative petitesse de son monde.

Cependant, à trop se disperser en mélangeant les genres et en faisant un pied de nez aux poncifs du RPG traditionnel, le jeu en devient déconcertant et ne plaira pas à tout le monde. En tout cas certainement pas au fan de RPG lisses peuplés de jeunes premiers épéistes, de prêtresses magiciennes et de mascottes kawai.