Chroniqué par Nicolas Gilles
Depuis le temps qu'on l'attendait... Avec les problèmes d'argent d'Atari et sa réorientation hors des jeux typés blockbusters, on a même craint à son annulation. Mais non, il est là entre nos mains, pour notre plus grande déception.Eh oui, déception. Le mot est posé. Pourtant, dès le début, on est très agréablement surpris : la réalisation est splendide, et le côté cinématographique pleinement assumé fait plaisir à voir.
Le ton est clair : ici, pas de place à l'ambiance sombre et oppressante, bercée par la littérature cauchemardesque d'un Lovecraft que l'on trouvait dans le manoir de Derceto du premier épisode.
Exit également le côté résolument survival-horror que l'on trouvait dans l'épisode précédent : The New Nightmare.
Ici, c'est de l'action pure et dure, avec quelques originalités de gameplay bienvenues. L'ambiance est donc orientée Die Hard, il n'y a qu'à voir la course de la fin du niveau 2 pour s'en convaincre.
Alone In The Dark 5 : quand le scripté rencontre la réalité, ça ne fait pas forcément bon ménage.
Le déroulement est ultra scripté. Très linéaire, il n'y a dans chaque situation qu'une seule et unique solution, parfois un peu tirée par les cheveux. Rétrograde ? Peut-être, mais ce n'est pas cela le problème. Des jeux comme Another World ou Oddworld sont également linéarisés à l'extrême, ce qui ne les empêche pas d'être des pépites de plaisir de jeu.
Car voilà ce qui manque à ce Alone In The Dark : le plaisir. Une fois la manette en main, on passe plus de temps à pester après une maniabilité bien trop rigide et une réalisation pleine de bugs (j'ai même été bloqué lors d'un passage... Une porte ne s'ouvrait tout simplement pas!).
C'est là que les développeurs ont eu la bonne idée de pousser le principe du cinéma jusqu'au bout : vous galérez sur une séquence ? Qu'à cela ne tienne, allez dans le menu et passez à la suivante ! Oui, vous avez bien lu. Certains trouveront cela hérétique, mais d'autres apprécieront.
Néanmoins, ce petit ajout ne fait que frustrer un peu plus le joueur, puisque c'est un constat d'échec vis-à-vis du jeu.
D'autres originalités sont présentes, comme les poches de son manteau pour ranger les objets (on comprend enfin pourquoi on peut être amené à manquer de place), ou encore le maniement des armes au stick droit, plus réaliste.
C'est peut-être là aussi que Alone In The Dark se plante en beauté. En voulant faire un jeu ultra réaliste et paradoxalement totalement fermé dans son gameplay, les développeurs sont tombés dans une ornière d'où il est difficile de remonter.