Chroniqué par Nicolas Gilles
A la découverte d'une perle méconnue de la Game Boy.Une perle méconnue
Il a des jeux qui n'ont pas connu de traduction, et qui sont restés cantonnés au Japon. Parfois, on a droit à une traduction officielle sur le tard, puisque les éditeurs recyclent leur catalogue d'anciens jeux en les rééditant, parfois avec une localisation toute neuve.
Mais c'est rare. Très rare.

Kaeru no tame ni Kane wa Naru sort sur la console virtuelle de la Switch en mai 2024... mais seulement au Japon. En japonais. Retour à la case départ.
Enfin, heureusement, la communauté fait un sacré beau boulot, avec une traduction amateur sortie en 2011. A priori une version française tout aussi peu officielle est sortie en 2014, mais la version que j'ai faite était en anglais. Et c'est un sacré beau boulot : on n'a vraiment pas l'impression d'une traduction amateur ni d'un hack du jeu.
Enfin, on peut en profiter !

Dream team
Car Kaeru no tame ni Kane wa Naru (un truc que l'on peut traduire grenre "Pour la grenouille sonne le glas") est un jeu développé par Nintendo lui-même, et son fameux studio R&D1, à qui on doit des trucs genre Donkey Kong, Super Mario Bros ou Metroid. Oui, ça suinte un peu la classe de partout.
Aux commandes de ce jeu Game Boy, on a Yoshio Sakamoto au scénario, le character desiner de Metroid, ainsi que Masahiko Mashimo le responsable des viuels de Super Mario Land aux graphismes.
Une équipe de rêve pour un jeu parfaitement maîtrisé, et assez original pour donner vraiment envie de s'y mettre.

Un Zelda qui n'est pas là où on l'attend
Il y a du Zelda dans Kaeru no tame ni Kane wa Naru, mais seulement. Il y a aussi du Metroid, avec ce château central que l'on va explorer peu à peu.
Mais il y a pas mal d'autres choses pour nous déstabiliser. Le jeu en joue, et son humour omniprésent vient renforcer le tout. L'ensemble a un côté imprévisible absolument original et rafraichissant.
Le jeu met en scène deux princes : le Prince Richard et le Prince Sablé (le personnage que vous incarnez). Ils sont potes, mais passent leur temps à se tirer la bourre quand même. Un jour, un émissaire apporte une nouvelle incroyable : le méchant Delarin vient d'envahir le Royaume Mille-Feuille et a capturé la princesse Tiramisu !

Ni une ni deux, Richard saute dans un bateau pour aller sauver la princesse, laissant son pote (vous) en plan. Vous allez donc tâcher de suivre ses traces et tenter de contribuer également à sauver la princesse.
Des grenouilles et des serpents
On évolue en vue du dessus comme dans un Zelda. On découvre ce nouveau royaume en arrivant dans un village. On parle aux habitants, dans un univers qui est tout de même assez classique.
Ensuite, on va se balader un peu à côté, et arrivent alors les premiers combats : et là, c'est étonnant... on ne maîtrise absolument RIEN ! Un nuage de fumée montre que la baston est engagée entre notre personnage et son adversaire : ils échangent des coups au tour par tour...

Finalement, les combats demandent surtout d'avoir bien exploré les alentours afin d'avoir assez de force, de rapidité, d'armure et de cœurs pour pouvoir vaincre !
Kaeru no tame ni Kane wa Naru n'est donc absolument pas un RPG, ni même un jeu d'action aventure... enfin si, un peu de tout cela, mais il y a surtout une dose de réflexion. Et c'est tout cela qui le rend si atypique !
De plus, on se retrouve rapidement transformé en grenouille ! Nos aptitudes changent alors : on peut sauter bien plus haut, mais côté baston, on devient franchement nul. On comprend alors que cette nouvelle forme nous permet de passer certains passages. Et ce n'est pas fini... mais je vous laisse découvrir ça vous-même.

Tout tourne autour du château où il faut sauver la princesse. On va y aller et revenir tout au long du jeu. On passe alors en vue de côté, un peu comme on trouvera dans Link's Awakening. Et là, on sent bien l'influence de Metroid : on débloque peu à peu sa progression, on réfléchit, mais pas seulement.
Car le jeu propose des phases de plateforme parfois épineuses. Non pas que le jeu soit difficile, il est même plutôt facile dans son ensemble, mais dans le donjon, tomber dans de la lave nous envoie à l'hôpital, dans le village d'à côté ! Old school et pas nécessaire.
C'est à mes yeux le seul défaut du jeu. Car pour le reste, c'est rafraichissant et maîtrisé de bout en bout.

La durée de vie est bonne, autour d'une quinzaine d'heures, ce qui est particulièrement bon pour un titre Game Boy. Mais c'est tellement bon que c'est trop court.
Clin d'oeil
Link's Awakening fera un petit clin d'œil à Kaeru no tame ni Kane wa Naru puisque l'on y croise le Prince Richard qui recherche des feuilles d'or et vit avec... des grenouilles, forcément !

