Chroniqué par Nicolas Gilles
Dire que je n'aime pas la série de Fable est un euphémisme. Son côté totalement manichéen m'a toujours frustré, voir mis hors de moi.En effet, dans Fable, tous les choix sont soit noirs, soit blancs. Soit on est un bisounours, soit on est la pire des charognes. Ce postulat ne me convenant pas, je n'ai jamais pu avancer sans pester contre ces choix beaucoup trop grossiers.
Pourtant, en essayant Fable III, j'ai eu l'agréable surprise de voir des choix dont le manichéisme se faisait plus ténu, créant de vraies réflexions chez le joueur.
Du coup, j'ai pu apprécier la réalisation très correcte du titre, et surtout son humour particulièrement bien foutu et typiquement anglais. Tous les sujets sont abordés, et même l'heroic fantasy et les jeux sur table lors d'une quête particulièrement drôle et bien faite dont je vous laisse le plaisir de la découverte.
Fable III sur Xbox 360.
Tout le jeu repose sur la même trame scénaristique : faire tomber le tyran en place (accessoirement votre frère). Et pour ce faire, rien de mieux que de s'allier avec le peuple ! En tant que héros, vous êtes clairement le mieux placé pour vous acquitter de la tâche.
Le jeu va donc vous confier de nombreuses quêtes principales tandis que vous pourrez flâner ça et là pour en réaliser des plus secondaires. On se retrouve face à un jeu d'action / aventure classique mais efficace.
Le plaisir est bel et bien présent, mais c'est à la fin de Fable III que tout s'est écroulé ; et ce qui lui donne cette relative mauvaise note. A la fin du jeu, vous allez être mis face à vos choix passés et aux promesses que vous avez tenues. L'idée est excellente sur le papier, puisque le fait de vous mettre face à vos responsabilités est quelque chose de rare dans les jeux vidéo. Le soucis, c'est que c'est traité n'importe comment, rendant le résultat parfaitement catastrophique.
Pour ceux qui veulent éviter le spoil, vous pouvez directement passer à la conclusion.
L'édition collector de Fable III.
En gros, il va falloir gérer le trésor du royaume tout en tâchant de gérer votre réputation auprès du peuple. Si le trésor est vide, vous allez devoir faire face à des millions de morts lors de l'attaque finale contre le Mal Absolu (une bataille totalement naze et sans aucune envergure soit dit en passant). S'il est plein, c'est que vous avez oppressé le peuple... qui vous détestera alors, même si vous le sauvez. Bravo, superbes choix scénaristiques dignes d'un gamin de douze ans.
Aller, un petit exemple pour la route : rénover l'orphelinat ou en faire une usine où les enfants pourront travailler. Heu... j'ai du rater quelque chose là, et le juste milieu il est où ? Quand je vois ce genre de choix, je n'ai qu'une envie : éteindre ma console.
Pire que ça, quand on réfléchis un petit peu au message qu'ont voulu véhiculer les auteurs, on est à la limite du pamphlet pro-autoritarisme ; eh oui, puisqu'il faut visiblement oppresser le peuple pour ramasser un max d'argent et éviter la fin du monde. Pourtant, en construisant des écoles, on ne crée par de l'intelligence qui va servir lors des combats ? Il faut croire que cette idée - comme tant d'autres - n'a pas effleuré l'égo démesuré de Peter Molyneux. Décidément, je ne me ferai jamais à cette série beaucoup trop schématique pour moi.