Chroniqué par Nicolas Gilles
Conker's Bad Fur Day est l'un des jeux les plus emblématiques de la Nintendo 64... Pourtant, il n'appartient absolument pas à la ligne de éditoriale de Nintendo.Rareware, Rare pour les intimes, avant son rachat par Microsoft, a fait les beaux jours de la Nintendo 64. C'est bien simple, sans ces développeurs de génie, la console de Nintendo n'aurait pas eu grand chose de vraiment intéressant à proposer aux joueurs. Imaginez, Goldeneye, Perfect Dark, Diddy Kong Racing, Donkey Kong 64... Tout ça c'est Rare !
L'histoire du développement de Conker's Bad Fur Day est assez atypique. Il faut savoir que Rare a toujours été très avare en informations sur ses jeux en développement. Du coup, seules quelques images étaient parues dans les magazines de l'époque, montrant un gentil petit écureuil dans un jeu de plate-forme en 3D qui rappelle énormément Mr. Nutz sur Super Nintendo et Megadrive (qui vient pourtant d'équipes totalement différentes).
Lors de sa présentation lors de l'E3 de 1997 (sous le nom de Conker's Quest), il sera comparé à Banjo-Kazooie également en développement. L'année suivante, le jeu change de nom et se nomme Twelve Tales - Conker 64. Une sortie est annoncée dans l'année.
Conker's Bad Fur Day, totalement incontournable sur Nintendo 64.
C'est ensuite un silence radio complet. En 1999 une annonce affirme que le développement n'est pourtant pas abandonné. En 2000, on voit enfin arriver des infos. Le jeu prend son patronyme définitif de Conker's Bad Fur Day et Rare nous fait savoir que le jeu a été totalement retouché.
Ce qui devait être un gentil petit jeu de plates-formes totalement dans l'esprit (gnan gnan ?) de Nintendo deviendra le jeu le plus trash de la console ! Avec ses références scatologique et ses dialogues pas piqués des hannetons, le jeu fait sensation lors de l'E3 de 2000.
Imaginez, Conker se prend une cuite dans son pub favori. Sur le chemin du retour, il se perd... Et c'est toute l'histoire du jeu : à vous de permettre au petit écureuil alcoolique de retrouver son chemin. Au passage, vous devrez sauver le monde, mais ce n'est qu'un détail, non ?
Dans le premier niveau, vous venez de vous réveillez et êtes vraiment mal en point... "One of those days..." comme le dit Conker. Il faut donc rapidement trouver le premier item : un cacheton d'Alcaceltzer ! Et c'est reparti comme en 40 !
Et tout au long du jeu, c'est comme ça : de l'humour trash et des situations totalement incongrues, comme ce rat qui bouche le chemin et à qui il va falloir donner beaucoup de gruyère pour qu'il explose sous la force de ses flatulences résultantes...
Conker n'a pas que l'humour pour lui. Le jeu est également superbement réalisé, avec des décors fins, les effets de flous de la Nintendo 64 sont ici limités au maximum, et on ne constate pas le sale effet de brouillard propre à la machine.
Le level design est à l'image des situations : très original et merveilleusement bien pensé. Du coup, on progresse dans le jeu autant pour le plaisir du jeu en lui-même que pour voir ce que les gens de chez Rare ont bien pu inventer pour nous faire rire.
Toutefois, n'espérez pas terminer le jeu en quelques heures. Assez long, il vous donnera bien du fil à retordre tant la difficulté est parfois élevée. D'autre part, certaines situations sont tellement barrées qu'il vous sera parfois bien difficile de trouver la solution qui vous permettra de continuer votre progression.
La cartouche contient l'une des plus grosses quantités de mémoire que la Nintendo 64 ait connu. Du coup, son prix s'en ressent, et là où les jeux coûtent environ 450 francs, Conker sera vendu pour la somme de 600 francs.
Le jeu est sorti en relativement faibles quantités. Nintendo ne croit pas au succès du jeu. Malgré un gros buzz dans la presse spécialisée, le jeu ne rencontrera pas un gros succès commercial. Avouons également que THQ, l'éditeur français, n'a pas vraiment mis le jeu en avant. Il faut croire que s'il était sorti sur Playstation, il aurait très certainement eu plus de succès, la console de Sony se destinant à un public plus mature.