Chroniqué par Nicolas Gilles
Sortir un Zelda digne de l'épisode Super Nintendo sur la petite Game Boy tient juste de la prouesse. Et putain comment ça déchire !Un sacré défi
Zelda est tout d'abord sorti sur NES, en 1986. Il sera suivi d'une suite assez discutable en 1988, dans le sens où l'on y perd le côte aventure et épopée qui fait tout le sel de la série.
C'est Zelda III - A Link to the Past qui va révolutionner la recette en la portant à sa quintessence. C'est juste magistral, génial, épique... Tout ce que l'on veut d'un jeu de légende quoi.
Deux ans plus tard, notre bonhomme habillé en vert sort sur la Game Boy. Et plutôt que de sortir une adaptation ou une déclinaison du feeling des épisodes NES - ce qui serait plus réaliste vu les très faibles capacités de la portable - Nintendo nous met une énorme claque dans la gueule en nous proposant un jeu qui respire presque autant que la version Super Nintendo.
Un ressenti incroyable
Maintenant, Link's Awakening fait partie des classiques du jeu vidéo, mais il faut se remettre dans le contexte de l'époque. Comment arriver à un tel rendu avec 160 x 144 pixels et quatre putains de niveaux de gris ?
Il suffit de voir la scène d'introduction - mythique - où Link fait naufrage avec son bateau pour s'en convaincre : c'est un coup de maître.
Le rendu graphique rappelle beaucoup plus la Super Nintendo que la NES. Même chose pour les mécaniques, on retrouve la souplesse du gameplay de la version 16 bits.
Idem pour les musiques, qui reprennent les grands classiques, mais proposent également des compositions exclusives. Et là encore, c'est carton plein.
Un spin off de la série Zelda ?
Le scénario est assez étonnant. Nintendo a pris de grosses distances avec les poncifs scénaristiques de la série puisqu'ici, il n'y a tout simplement pas de princesse Zelda !
Cela est très certainement dû au développement très atypique du jeu. Au départ, ce n'est pas un jeu commercial, mais un jeu développé par Kazuaki Morita et Takashi Tezuka après leurs heures de travail, pour tester les capacités de la Game Boy. L'idée de départ était d'adapter purement et simplement Zelda III, ce qui explique la proximité graphique entre les deux épisodes.
Link, après un naufrage en bateau, se réveille sur une île qu'il ne connait pas : Cocolint. D'où le nom du jeu, hein, forcément.
Et c'est l'occasion d'une sorte de récréation chez Nintendo, puisque les clins d'œil au monde de la marque sont très nombreux. Par exemple, vous vous réveillez chez quelqu'un qui ressemble sacrément à un certain Mario !
Votre but ? Récupérer les huit instruments qui vous permettront de réveiller le Poisson Rêve, le seul qui pourra vous permettre de rentrer chez vous, à Hyrule.
Loin d'être une pâle copie
Le développement a peut-être commencé comme un passe-temps basé sur Zelda III, mais le résultat affiche son identité propre, très clairement.
Il y a autant de donjons que dans Zelda III, c'est-à-dire huit, et chacun vous donnera un objet qui vous donnera de nouveaux pouvoirs. Je n'ai pas trop envie de vous spoiler, le plaisir d'un Zelda, c'est justement de découvrir ces objets.
Au niveau de la maniabilité, il faut régulièrement switcher entre les objets, puisque l'on n'a que deux boutons d'action. Cela peut paraitre un peu lourdingue, mais dans la pratique, cela fonctionne bien.
Sachez juste que les objets en question ne sont pas forcément les mêmes que ceux de la version Super Nintendo. On trouve notamment la plume, qui permet de sauter. Oui, même en vue du dessus cela passe bien.
Et justement, l'un des particularités de Link's Awakening, c'est d'avoir des passages en vue de côté. Un hommage à Super Mario Bros ? À Zelda II ? Je ne sais pas trop, mais cela apporte de belles petites phases qui fonctionnent très bien.
Il faut une bonne quinzaine d'heures pour en voir le bout. La difficulté est très raisonnable. En revanche, c'est au niveau des énigmes, savoir où chercher, que faire, que cela peut parfois un peu piquer et donner du fil à retordre.