Chroniqué par Nicolas Gilles
Après le génial Splendor, Marc André revient avec son quatrième jeu édité, Majesty.Le nouveau jeu de Marc André
Marc André est surtout connu pour Splendor, un petit bijou de simplicité dans ses mécaniques et de profondeur de jeu.
Dans la boîte, à peu près de la même taille que celle de Splendor ou Carcassonne, on trouve deux formats de cartes : des grandes pour les quartiers et des petites pour les personnages. On trouve également quelques meeples blancs, et enfin pas mal de pièces, qui reprennent le format des pions de Splendor (de type jetons de poker), mais en plus petits.
Mon seul regret, c’est l’absence de pièces de 5, c’est d’ailleurs assez bizarre, et cela force à très régulièrement faire de la monnaie, ce qui n’est tip top.
Le tout est magnifiquement illustré par Anne Heidsieck, qui avait déjà fait ses armes sur le très bon Meeple Wars.
Le thermoformage, toujours aussi chiadé.
Côté matériel et illustration, on n’est donc pas déçus. Voyons voir maintenant le système de de jeu.
Construisez un royaume majestueux
Dans Majesty, chaque joueur incarne un monarque qui va devoir construire son royaume et le faire prospérer. Concrètement, cela revient à “embaucher” du monde, chacun ayant ses compétences propres.
Chaque joueur a, devant lui, huit cartes, qui correspondent à ses quartiers. Au milieu de la table, six cartes correspondant à différentes personnes sont disponibles pour les joueurs.
A son tour, chaque joueur commence par choisir l’une de ces six cartes, et en paye le coût. Celle de gauche est gratuite, et pour pouvoir prendre une carte plus à droite, vous devrez poser l’un de vos meeples sur chacune des cartes à sa gauche que vous ne prenez pas.
Si des meeples se trouvent sur la carte que vous prenez, vous les gardez, cela vous refait du stock. Reste que vous ne pouvez pas en posséder plus de cinq.
Vue d'ensemble de l'aire de jeu d'une partie de Majesty.
Une fois votre carte en main, vous la posez sous le bâtiment auquel elle appartient : paysans, brasseur, cuisiner, soldat, défenseur, etc.
Une fois la carte posée, on récupère de l’argent qu’elle a généré : en fonction du nombre de cartes personnages que l’on a déjà en jeu principalement.
Pour gagner dans Majesty, c’est simple : il faut être le plus riche en fin de partie ! Enfin, quand je dis simple, pas totalement puisqu’en fin de partie, plusieurs facteurs vous ajoutent beaucoup d’argent : le nombre de types différents de personnages embauchés, et un système de majorité qui vous oblige à observer ce que font vos adversaires. Celui qui a le plus de personnes dans un type de bâtiment empoche une belle somme.
Autant dire qu’il va vous falloir prendre en compte plusieurs paramètres si vous désirez finir le plus riche.
Assez peu d’interactions entre joueurs
Le seul moyen d'interagir entre les joueurs - outre le fait de piquer leur piquer la carte personnage qu’ils convoitaient sous leur nez - c’est de jouer des attaquants.
Les pions rappellent ceux de Splendor, en plus petits et (beaucoup) plus nombreux.
On regarde alors le nombre de carte attaquant que l’on a, puis le nombre de cartes défenseur des autres joueurs. Si on a plus d’attaquants, le joueur attaqué va devoir placer un de ses personnages à l’infirmerie. Il ne pourra donc plus s’en servir, et cette carte lui coûtera de l’argent en fin de partie.
Heureusement, il est possible de soigner ses personnages, grâce aux personnages de type sorcière.
La principale interaction intervient à partir du milieu de la partie : on observe ses adversaires histoire de faire le point sur les majorités. Allez-vous sécuriser une majorité ou tenter d’en briguer d’autres ? C’est là tout le sel du jeu.
Reste que les interactions sont indirectes, puisque l'on joue le jeu de majorités. En ce sens, il est plus intéressant de jouer à 3 ou 4 plutôt qu'à 2.
Il manque quelque chose... mais quoi ?
Le principe de jeu de Majesty est élégant, et très simple à comprendre. Les parties ne durent pas trop longtemps, avec les 30 minutes habituelles que demandent ce genre de jeux.
La rivière de cartes, dans laquelle vous allez pouvoir grossir vos troupes.
Les fins de parties sont tendues, on calcule en détail combien de points on va pouvoir grappiller et on optimise au maximum son dernier tour (une erreur peut alors vous coûter très cher). Dans tous les cas, les écarts entre les joueurs sont souvent limités, preuve d’un jeu bien équilibré - on n’en attendait pas moin de son auteur, Marc André.
Mais le soucis, c’est que même si je m’amuse bien durant les parties, je ne ressens pas le frisson / la frustration / le plaisir / la satisfaction (rayez les mentions inutiles) que je ressens dans les excellentes jeux.
Et le soucis, c’est que je n’arrive pas à vous expliquer pourquoi exactement. La faute au hasard de la pioche ? Pas vraiment puisque l’on a le choix et que les meeples limitent énormément ce hasard. Le fait d’avoir trois grands systèmes de comptages de points en fin de partie, qui viennent complexifier le calcul des points ? Peut-être.
Votre aire de jeu à la fin de la partie.
Votre but ? Etre le plus riche !
Une couronne pour un royaume : Majesty, un jeu pour 2-4 joueurs de Marc André, illustré par Anne Heidsieck, édité par Hans im Glück pour des parties d'environ 20-40min.
Age conseillé : 7+.