Chroniqué par Nicolas Gilles
Dernier jeu de Pandemic Studios qui avait déjà fermé ses portes à la sortie du jeu, The Saboteur accroche de par son ambiance atypique.Une ambiance atypique, la seconde guerre mondiale, alors que la plupart des FPS de guerre ont usé le sujet jusqu'à la corde ? Parfaitement ! Car ici vous n'incarnez pas un soldat, mais un résistant. Vous n'êtes donc pas sur un champ de bataille, mais principalement dans les rues de Paris.
En terme de gameplay, l'originalité part directement en fumée, puisque l'influence principale du titre de Pandemic Studios est GTA, avec une petite pincée d'Asassin's Creed puisque l'on peut grimper après les immeubles (avec toutefois moins de facilité).
The Saboteur sur Xbox 360.
Là où The Saboteur est très réussi, c'est au niveau de l'ambiance : le côté vieille France est très bien rendu, malgré le fait que l'on incarne un irlandais (eh oui, ça fait mieux vendre il faut croire). Le côté cabaret a été clairement mis en avant dans la campagne publicitaire du jeu, avec même un code permettant d'avoir les seins nus... Dans la pratique, on ne s'y rend qu'assez peu.
Le gros de l'action se passe dans les rues, avec une touche graphique particulièrement bien vue : lorsque vous évoluez dans des endroits où l'espoir est au plus bas, tout s'affiche en noir et blanc, en dehors du rouge du sang et des drapeaux nazis. Cette touche graphique est bien plus facile à appréhender que celle d'un Madworld par exemple, ce qui rend le tout très jouable.
Au sujet de la censure opérée, on s'aperçoit une fois de plus, non sans amertume, que le jeu vidéo n'a une fois de plus pas encore atteint la maturité du cinéma... La Liste de Schindler affichait de simples croix en lieu et place des crois gammées ? Non, et je ne vois pas vraiment pourquoi The Saboteur ne pourrait pas le faire, d'autant que le terme "nazi" revient dans toutes les phrases.
Enfin, cela gène surtout sur le principe, car une fois la manette en main, on l'oublie vite.
Un jeu plein de défauts, sorti certainement trop vite, mais finalement accrocheur.
Là où The Saboteur va diviser l'opinion, c'est justement au niveau de son gameplay, très inégal et visiblement très peu abouti. Les développeurs n'ont pas su s'affranchir des modèles sur lesquels ils se sont basés. Le studio ayant fermé avant la sortie du jeu, on peut également imaginer qu'ils n'ont pas eu le temps de peaufiner le bébé comme ils l'auraient voulu.
Il n'en reste pas moins que piquer des caisses, ça le fait dans GTA, mais quand on est résistant et que l'on vole une voiture blindée de bordel qui part visiblement pour l'Exode, là ça devient clairement inadmissible.
De même, faites tout péter chez les allemands, échappez à l'alarme et faites immédiatement demi-tour, et les soldats ne vous importuneront même pas.
Autant d'incohérences qu'il va falloir accepter pour pouvoir continuer. De même, si vous pouvez régulièrement mettre un uniforme nazi pour faire un peu d'infiltration, on se prend le plus souvent à partir dans un bain de sang d'une bourrinerie effrayante. In fine, on se retrouve avec un personnage principal de Sean qui semble immortel. Le joueur a donc ce sentiment de puissance qui tranche radicalement avec le côté réaliste du titre... Jamais un résistant seul aurait pu bousiller tout un régiment allemand sous l'Arc de Triomphe pour buter le gradé.
Enfin, dernier point qui peut gêner le joueur, c'est la carte. En quelques kilomètres après Paris, vous vous retrouvez en Alsace ou en Bourgogne. Personnellement, cela ne m'a pas gêné, car c'est clairement une imagerie d'Epinal qui est mise en place ici, et non une reconstitution historique.
The Saboteur est donc le cul entre deux chaises : d'un côté le jeu bénéficie d'une ambiance vraiment bien rendue, mais de l'autre le gameplay est tout ce qu'il y a de plus décérébré : aucune idée ne vient faire réfléchir le joueur, il suffit de rentrer dans le tas et d'aller là où on nous dit d'aller.
Dans tous les cas, si on se fait à ses défauts, la dizaine d'heures passées sur la quête principale passe vraiment bien.