Chroniqué par Nicolas Gilles
Ico... Shadow of the Colossus... si ces deux titres n'ont certainement jamais atteint les oreilles du grand public, ils ont au contraire une consonance hors du commun pour le joueur éclairé.Hors du commun, c’est le mot. Tout simplement parce qu'avec ces deux jeux, on a enfin pris conscience que le jeu vidéo pouvait être une oeuvre artistique, quelque chose qui se regarde et qui fait plaisir à l'oeil. Pas en terme technique, mais en terme de direction artistique. Quitte à tirer des plans sur la comète, autant y aller à grands coups d'étiquettes : voilà des "jeux d'auteur", comme on a des "films d'auteurs". Les mauvaises langues pourront avancer que "c'est chiant, mais c'est beau à en chialer"... Il n'auront pas totalement tord, surtout en ce qui concerne Shadow of the Colossus. D'autres, à raison, avanceront que d'autres mythes comme Another World auraient tout aussi bien mérité d'inaugurer ce pompeux terme de "jeu d'auteur".
Cette sortie, qui n'est pourtant pas la première (God of War, Prince of Persia et consorts sont déjà passés par là), permet également de se réjouir d'une certaine maturité du jeu vidéo. Car outre le fait que ces deux jeux divisent forcément ceux qui les essaient (j'ai beau les adorer, je comprend que l'on ne puisse pas les blairer), il faut avouer que c'est une bonne chose que ces rééditions, que l'on pourrait lointainement comparer aux rééditions de grands classiques du cinéma devenus difficiles à visionner (tant physiquement qu'intellectuellement).

Ico & Shadow of the Colossus sur Playstation 3.
Et voilà, deux paragraphes de triturage de cerveau. C'est sincère, mais cela pourra certainement gonfler les détracteurs des jeux. Assez similaires, Ico met généralement tout le monde d'accord, ce qui n'est pas vraiment le cas de Shadow of the Colossus. Car pour résumer, ces deux jeux ne sont pas parfaits : le gameplay est parfois simpliste, voir répétitif. Ce qui les différencie de leur pairs, c'est vraiment l'ambiance hors du commun, qui reste dans la tête des semaines voir des années après y avoir joué et qui porte ces jeux au statut de culte.
Au niveau du portage, on se retrouve avec des graphismes un peu plus fins, forcément, même si les textures restent très simples. Un bon passage pour les télés HD en quelque sorte. C'est surtout Shadow of the Colossus qui gagne avec ce portage puisqu'il ne souffre plus (ou beaucoup moins) des ralentissements intempestifs qui venaient plomber le plaisir de jeu. Autrement, aucune nouveauté, les jeux sont exactement tels qu'ils étaient à l'origine.

Le gameplay est perfectible dans Shadown of the Colossus... Mais purée, quelle ambiance !