Chroniqué par Nicolas Gilles
Les lapins sont mignons, les lapins sont gentils, les lapins sont nos amis. Mais bon, quand ils se foutent sur la gueule pour contrôler un maximum de territoires, ils ont beau être adorables, ils vous demanderont un peu de réflexion et une petite dose de coups de putes. Ouais, ils sont comme ça les lapins.Magic Pinpin
Quand on regarde la boite, on est tout de suite enchanté par l’artwork de couverture. Illustré par Paul Mafayon (également à l’oeuvre sur Loony Quest et Arena For The Gods), le jeu ne manque ni de gueule ni d’humour, cela donne immédiatement une envie irrésistible d’ouvrir la boite et de commencer une partie.
Mais ensuite, on regarde le nom de l’auteur sur la boite. “Mais putain c’est un jeu de Richard Garfield !” s'exclame-t-on bien fort ! Oui, le mec a qui on doit les milliers d’heures passées sur Magic The Gathering (Magic l’Assemblée chez nous) et, plus récemment, d’autres jeux de société plutôt sympathiques comme King of Tokyo et Android Netrunner.
Dans la boîte, on trouve un plateau de taille plutôt réduite, pleine de cartes aux illustrations toutes très réussies, des villes en plastique tout aussi chouettes (mais assez fragiles), quelques éléments en carton et, surtout, des tonnes de petits lapins en plastique. Plein. Partout. Il faut dire aussi que ça se reproduit plutôt vite ce genre de bestiole.
Un jeu de draft avec des lapins
Et justement, vous allez devoir en foutre partout sur le plateau, des lapins de votre couleur.
Le plateau de jeu, avec plein de lapins !
Vous incarnez un Seigneur Lapin au royaume du Roi Lapinot. Votre but est de faire prospérer votre territoire en y construisant des villes et en y assignant des ressources afin de marquer le plus de points à la fin de la partie. Vous récolterez alors la Carotte d’Or, rien que ça. Et pour cela, il va falloir conquérir du terrain… mais pas n’importe comment, bien loin de là.
Bunny Kingdom est un jeu de draft. Au début du tour, on distribue un certain nombre de cartes à chaque joueur (ce nombre varie en fonction du nombre de joueurs).
Ensuite, chaque joueur va choisir simultanément deux cartes qu’il va poser devant lui, face cachée. De là, chacun son tour, on les révèle et en applique le résultat :
Poser un lapin sur son territoire : chaque case du territoire est clairement identifiée, à la manière d’un Touché Coulé.
Construire une ville ou ressource : on garde alors l’élément devant soi, on le jouera en fin de manche, ce qui permet d’ajuster sa stratégie par la suite.
On se met une carte parchemin de côté. Et dans ce cas, on la garde cachée aux autres joueurs. Ces cartes seront utilisées en fin de partie pour marquer des points supplémentaires en réalisant certains objectifs (avoir un certain nombre de terrain d’un même type par exemple).
Une fois que toutes les cartes sont révélées, on passe ses cartes restantes au joueurs à sa gauche, un peu comme dans un 7 Wonders. Du draft quoi.
Une fois que tout le monde a éclusé toutes ses cartes, la manche se termine. On peut alors placer ses villes ou ses ressources sur son plateau, sur les territoires où on a déjà des lapins.
Les cartes qui permettent de maximiser vos points.
On fait ensuite un décompte intermédiaire des points. Le jeu se déroule ainsi en quatre manches de ce type avant un décompte final.
Il ne suffit pas de placer le plus de lapins sur le terrain pour gagner
Le truc dans Bunny Kingdom, c’est que d’avoir plein de terrains ne sert finalement pas à grand chose.
Pour marquer des points, vous allez multiplier le nombre de tours de vos villes avec le nombre de ressources différentes sur ce territoire. Bien entendu, un territoire n’est constitué que de cases contiguës où vous avez des lapins...
Du coup, avoir plein de terrains avec plein de villes mais peu de ressources ne vous apportera finalement pas beaucoup de ressources. Le jeu est donc beaucoup plus fin qu’il n’y paraît !
D’autant que pour poser certains types de ressources ou les plus gros types de villes (celles avec trois tours), vous devez respecter certaines contraintes. Par exemple, une production de champignon ne peut se faire que sur un terrain de type forêt. Une mine ne pourra être posée que sur une montagne, etc.
C'est trop mignon les pinpins !!!
Du draft avec une dose de Touché Coulé ?
Non, certainement pas, même si, durant les premiers tours, on pourrait le penser (à tort).
Les premières parties sont ainsi assez étonnantes. On a un peu l’impression de jouer au hasard, en posant des lapins sur le plateau en se disant “bon, j’espère que je pourrai en placer à côté par la suite”.
Mais le truc, c’est que plus la partie avance, plus on est pris entre le fait de bloquer ses adversaires en jouant des cartes utiles pour eux et de continuer de développer son propre territoire. Dans Bunny Kingdom, le dilemme classique du “je pourris l’autre ou je joue pour moi” est particulièrement présent.
Une version deux joueurs très maline
A deux joueurs, Bunny Kingdom est tout aussi bon. Une fois de plus, c’est encore plus stratégique.
En début de partie, vous récupérez votre lot de 10 cartes, mais vous en recevez également un lot de 10 de plus, que vous posez devant vous en tant que pioche. A chacun de vos tours, vous piochez une carte dans ce deck devant vous et l’ajoutez à votre main. Cela veut dire qu’à chaque tour, vous aurez une carte que votre adversaire n’aura pas vu au tour précédent !
Ensuite, plutôt que de jouer deux cartes, vous en jouez une, et défaussez secrètement une autre. Le jeu est donc beaucoup plus basé sur les blocages… Des blocages que votre adversaires ne verra pas tout le temps !
Le reste du jeu se déroule exactement de la même façon. Comme quoi on peut faire un bon jeu de draft à deux joueurs.
Bunny Kingdom, un jeu pour 2-4 joueurs de Richard Garfield, illustré par Paul Mafayon, édité par Iello pour des parties d'environ 40min.
Age conseillé : 12+.